Anna Moï est une enfant de la guerre. Son histoire commence à Saïgon (aujourd’hui Ho Chi Minh ville) en 1955 ; elle se prénomme encore Thiên-Nga, qui signifie « Cygne céleste ». Après l’indépendance du Vietnam, en 1954, ses parents avaient émigré vers le Sud. Thiên-Nga, dès la maternelle, est scolarisée en français.
Arrivée en France, elle rencontre Agnès B puis Philippe Guibourgé avant de se lancer dans la mode en ouvrant une boutique dans le quartier des Halles. Après avoir longtemps vécu à Paris, à Tokyo et à Bangkok, elle retourne vivre au Vietnam en 1992. Un journal francophone local lui commande quelques récits qui, bientôt, deviennent une rubrique régulière. Rassemblées en 2001 en un recueil, ces chroniques constituent L’Echo des rizières, le premier livre d’Anna Moï, directement écrit en français.
Après deux romans inspirés par des épisodes sombres de l’histoire du Vietnam, Anna Moï renoue en 2006, dans Violon - un écrit situé dans le Cotentin - avec la veine (en apparence) légère de ses premiers récits. Parallèlement elle publie un essai sur la langue, Espéranto, désespéranto.
Quel que soit le sujet de ses livres, Anna Moï écrit dans un bungalow sur pilotis au cœur d’une bananeraie, à Saïgon ; elle partage sa vie entre ce lieu et Paris.Faite Chevalier des Arts et des Lettres en 2006, signataire du Manifeste pour une littérature-monde, Anna Moï publie en septembre 2008 L’année du cochon de feu, aux éditions du Rocher.
Après une dizaine d’années de silence - temps que l’auteure a mis à profit pour le développement de ses activités de styliste et sa boutique à Saigon, elle revient ces derniers mois avec deux titres inédits, Le pays sans nom, récit d’une déambulation en compagnie de Marguerite Duras avec qui elle partage le même lieu de naissance, et Le venin du papillon, roman d’apprentissage, ainsi qu’une réédition, Nostalgie De La Rizière.
En 2020, Annai Moï présente Douze Palais de Mémoire. Un père et sa fille de six ans, Khanh et Tiên, fuient leur pays sur un bateau de pêche, dans l’espoir de rejoindre les États-Unis. Les voix du père et de la fillette alternent, mêlant souvenirs de la vie au pays et récit de la traversée, pour reconstituer l’histoire, petite et grande, qui les a menés là. Un roman-mémoire poignant, emprunt de poésie.
Bibliographie :
- Douze palais de mémoire (Gallimard, 2020)
- Le venin du papillon (Editions Gallimard, 2017)
- Le Pays Sans Nom (Éditions de l’Aube, 2017)
- Nostalgie De La Rizière (Éditions de l’Aube, 2017)
- L’année du cochon de feu (Editions du Rocher, 2008)
- Violon (Flammarion, 2006)
- Espéranto, désespéranto : La francophonie sans les Français (Gallimard, 2006)
- Rapaces (Gallimard, 2005)
- Riz noir (Gallimard, 2004)
- Parfum de pagode (L’Aube, 2003)
- L’écho des rizières (L’Aube, 2001)