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ROSA Hartmut

Allemagne

Pourquoi la démocratie a besoin de la religion (La Découverte, 2023)

@ Jürgen Scheere

Figure emblématique de la nouvelle sociologie allemande, le philosophe et professeur Hartmut Rosa est mondialement connu pour son diagnostic de “l’accélération” de nos sociétés et sa défense d’une attitude de “résonance” pour conjurer les préjudices du capitalisme. Dans la veine des penseurs de la théorie critique, tels que Adorno et Habermas, il formule une puissante critique de la modernité, tout en cherchant à réenchanter le monde. Reprenant les fils de ses précédents ouvrages, il s’intéresse dans Pourquoi la démocratie a besoin de la religion (La découverte, 2023) au potentiel de la religion comme remède aux maux de notre temps. Dans un contexte d’essoufflement de la démocratie, le sociologue propose d’envisager la pratique religieuse comme une nouvelle manière d’être au monde, une disposition d’écoute des autres et de soi-même hors de toute contingence matérielle.


Bibliographie

  • No fear of the dark – une sociologie du Heavy Metal (La Découverte, Paris 2024)
  • Pourquoi la démocratie a besoin de la religion (La Découverte, 2023)
  • Accélérons la résonance ! (Le pommier, 2022)
  • Pédagogie de la résonance : entretiens avec Wolfgang Endres (Le pommier, 2022)
  • Philosophie magazine : Face à la guerre (Philo éditions, 2022)
  • Rendre le monde indisponible (La Découverte, 2020)
  • Philosophie magazine : Remède à l’accélération : Impressions d’un voyage en Chine et autres textes sur la résonance (Philo éditions, 2020)
  • Résonance - Une sociologie de la relation au monde (La Découverte, 2018)
  • Aliénation et accélération - Vers une théorie critique de la modernité tardive (La Découverte, 2012)
  • Accélération - Une critique sociale du temps (La Découverte, 2011)
Pourquoi la démocratie a besoin de la religion

Pourquoi la démocratie a besoin de la religion

La Découverte - 2023

Partout en Europe, et indépendamment des scandales qui les traversent, les Églises chrétiennes font face à des difficultés majeures et voient de plus en plus de fidèles déserter leurs rangs. On pourrait sans doute s’en réjouir. Après tout, la religion peut être perçue comme une force obscurantiste et réactionnaire, voire archaïque, un obstacle dressé face aux choix rationnels et aux élans émancipateurs de la modernité. 
Le célèbre sociologue Hartmut Rosa, lui, suggère une tout autre analyse et s’inquiète des effets de cette crise : que se passe-t-il quand la religion dans son ensemble n’a plus d’écho dans les sociétés démocratiques ? Que perd la société quand la religion n’y joue plus aucun rôle ? Quel est l’avenir d’une démocratie sans religion ? Est-il vraiment sage de renoncer au riche trésor du religieux ? 
Avec son acuité habituelle, Hartmut Rosa nous montre que cette situation de crise aiguë coïncide avec le triomphe d’un rapport instrumental au monde né à l’aube de la modernité capitaliste. Ainsi, ce que nous perdrions avec l’effacement de la religion, ce ne sont pas seulement une série d’histoires, de croyances ou de rituels, mais avant tout une capacité à entrer en résonance avec le monde, à le laisser venir à nous et à lui permettre de guérir des traumas que nous lui avons infligés.

Traduit de l’allemand par Isis Von Plato


  • « Le sociologue formule ici les linéaments d’une sociologie de la religion, qui veut mettre en lumière la disposition anthropologique fondamentale qu’elle développe, une attitude faite d’écoute et d’attention. Face à une accélération sociale toujours plus vive et agressive pour les individus comme pour les sociétés, Hartmut Rosa estime que la religion développe une forme d’antidote, une manière d’être au monde permettant de délaisser les modalités de contrôle et de domination, qu’il résume par une formule biblique venant de la prière de Salomon : avoir « un coeur qui écoute ». » La Croix
  • « Réagir à l’appel, à une musique, en faire quelque chose, se sentir vivant à cet endroit-là, c’est aussi, affirme-t-il, « ce que disent Bruno Latour, Corine Pelluchon, Andreas Weber et beaucoup d’autres ». Sauf que lui veut voir précisément dans la pensée religieuse « la mise en présence de relations de résonance ». L’intéresse, dans la pratique, un certain type de relation au monde. Si la société perd cela, nous dit Hartmut Rosa, « elle sera définitivement perdue ». Cet appel mérite au moins qu’on s’y arrête… » Télérama
  • « Les novices y trouveront une synthèse de la pensée de Hartmut Rosa. Le résumé de cette architecture brillante, du diagnostic de « l’accélération » à la nécessité d’une « résonance » pour conjurer ses maux, occupe la grande partie de ce texte. Les initiés, eux, devront patienter jusqu’à la fin pour le voir entrer dans le vif du sujet : la religion comme « promesse de résonance verticale ». » Le Monde

Rendre le monde indisponible

Rendre le monde indisponible

La Découverte - 2020

Dominer le monde, exploiter ses ressources, en planifier le cours... Le projet culturel de notre modernité semble parvenu à son point d’aboutissement : la science, la technique, l’économie, l’organisation sociale et politique ont rendu les êtres et les choses disponibles de manière permanente et illimitée.
Mais alors que toutes les expériences et les richesses potentielles de l’existence gisent à notre portée, elles se dérobent soudain à nous. Le monde se referme mystérieusement ; il devient illisible et muet. Le désastre écologique montre que la conquête de notre environnement façonne un milieu hostile. Le surgissement de crises erratiques révèle l’inanité d’une volonté de contrôle débouchant sur un chaos généralisé. Et, à mesure que les promesses d’épanouissement se muent en injonctions de réussite et nos désirs en cycles infinis de frustrations, la maîtrise de nos propres vies nous échappe.
S’il en est ainsi, suggère Hartmut Rosa, c’est que le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. Telle est la contradiction fondamentale dans laquelle nous nous débattons. Pour la résoudre, cet essai ne nous engage pas à nous réfugier dans une posture contemplative, mais à réinventer notre relation au monde.

Traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Mannoni


  • « Le sociologue allemand Harmut Rosa analyse avec sagacité la contradiction au cœur du projet de la modernité : vouloir dominer le monde et, du même coup, le rendre muet. [...] Le sociologue, sans céder à aucune nostalgie prémoderne, met des mots sur un sentiment intime et collectif d’aliénation. Si sa description du moment présent est sombre, son souci est bien de permettre à la modernité de prendre un autre chemin. » La Croix
  • « Un sublime pied de nez à cette modernité qui essore le monde, pour le rendre toujours davantage calculable, disponible, maîtrisable. » Télérama
  • « Lire, s’entretenir, penser avec Rosa, c’est avoir le sentiment de s’ouvrir aux aspirations existentielles contradictoires qui nous habitent et qui sont le ressort vivant de nos sociétés. Une voix nous parle qui met des mots et des concepts sur la manière dont nous perdons le temps, les autres, le monde. » Philosophie Magazine
  • « Rendre le monde indisponible au lieu de vouloir le transformer, voilà la tâche qui s’impose désormais. Court et accessible, cet essai prolonge ses deux ouvrages fondateurs, bien plus volumineux, Accélération. Une critique sociale du temps et Résonance. Une sociologie de la relation au monde (La Découverte, 2010 et 2018). Avant de faire un pas de plus, Rosa reprend, de manière synthétique et nette, les éléments de son parcours. Ce qui fait aussi de ce livre la plus exacte introduction à sa pensée. » Le Monde

Résonance - Une sociologie de la relation au monde

Résonance - Une sociologie de la relation au monde

La Découverte - 2018

Si l’accélération constitue le problème central de notre temps, la résonance peut être la solution. Telle est la thèse du présent ouvrage, lequel assoit les bases d’une sociologie de la " vie bonne " – en rompant avec l’idée que seules les ressources matérielles, symboliques ou psychiques suffisent à accéder au bonheur.
La qualité d’une vie humaine dépend du rapport au monde, pour peu qu’il permette une résonance. Celle-ci accroît notre puissance d’agir et, en retour, notre aptitude à nous laisser " prendre ", toucher et transformer par le monde. Soit l’exact inverse d’une relation instrumentale, réifiante et " muette ", à quoi nous soumet la société moderne. Car si nous les recherchons, nous éprouvons de plus en plus rarement des relations de résonance, en raison de la logique de croissance et d’accélération de la modernité, qui bouleverse en profondeur notre rapport au monde sur le plan individuel et collectif.
De l’expérience corporelle la plus basique (respiration, alimentation, sensations...) aux rapports affectifs et aux conceptions cognitives les plus élaborées, la relation au monde prend des formes très diverses : la relation avec autrui dans les sphères de l’amitié, de l’amour ou de la politique ; la relation avec une idée ou un absolu dans les sphères de la nature, de la religion, de l’art et de l’histoire ; la relation avec la matière, les artefacts, dans les sphères du travail, de l’éducation ou du sport.
Tout en analysant les tendances à la crise – écologique, démocratique, psychologique – des sociétés contemporaines, cette théorie de la résonance renouvelle de manière magistrale le cadre d’une théorie critique de la société.

Traduit de l’allemand par Sacha Zilberfarb


  • « Nous vivons dans une désynchronisation frénétique, coupés de nous-mêmes, terrassés par un angoissant " vide relationnel intérieur ". Comment y remédier ? Comment rétablir une relation positive avec le monde pour entrer à nouveau en résonance avec lui ? Telle est la question que pose le sociologue dans son nouvel essai-somme, Résonance. Une sociologie de la relation au monde, et un recueil de textes, Remède à l’accélération. Avec courage, et un certain romantisme, convaincu qu’il faut prendre en compte les frustrations et les désirs de chacun pour changer la société. » Télérama
  • « Dans " Résonance ", le philosophe théorise une nouvelle relation au monde comme remède à l’agitation perpétuelle et à la perte de sens qui caractérisent notre modernité. » Le Monde
  • « Inauguré par Accélération. Une critique sociale du temps, le livre qui a propulsé Rosa sur la scène intellectuelle mondiale, ce projet est d’envergure et risque bien de bouleverser des pans entiers de la sociologie et de la philosophie politique contemporaines, de renouveler la "théorie critique de la société" (toute ressemblance avec la " Théorie critique " de l’École de Francfort n’est pas fortuite) et, probablement aussi, les manières de penser communes. » Libération
  • « Dans Résonance, publié aux éditions de la Découverte, le sociologue, philosophe et professeur à l’université Friedrich-Schiller de Iéna (Allemagne) développe une théorie de la relation au monde qui renouvelle le cadre de la critique d’une société qui " engendre d’incroyables injustices " et " créé de l’aliénation" . » L’Humanité