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Observatrice minutieuse du monde contemporain, Sylvie Deshors saisit avec justesse la complexité du réel. Dans ses romans, les jeunes lecteurs sont immédiatement plongés dans des ambiances de roman noir où les meurtres et les disparitions mystérieuses sont monnaie courante. Elle ne se limite cependant pas au polar et développe aussi des histoires plus personnelles et intimes, en employant des voix à la première personne qui révèlent les affres de l’adolescence et la poésie parfois rude de l’enfance.
Si aujourd’hui Sylvie Deshors vit et écrit à Lyon, sa ville de naissance, elle a exercé au cours de sa vie de nombreux métiers : costumière, ouvrière, ébéniste et bibliothécaire. Cette curiosité insatiable trouve un écho dans ses romans, où elle développe chaque fois de nouveaux décors et thématiques qu’elle analyse avec finesse, abordant aussi bien la vie d’une petite fille dans les steppes de Mongolie que la dictature argentine, ou encore l’extrême-droite renaissante à Berlin.
En 2007, elle obtient le prix du polar Jeunesse au Festival de Cognac pour son roman Anges de Berlin. Cette première œuvre policière est très vite suivie par d’autres, avec notamment la trilogie autour du personnage récurrent d’Agathe, héroïne franco-chinoise bien connue des lycéens et collégiens participant aux Journées Scolaires 2015 d’Etonnants Voyageurs. L’auteur crée dans ses polars un univers sombre, pimenté par des personnages téméraires, des descriptions vivantes des lieux et une ambiance musicale très présente (musique latine, électro, rock urbain…).
L’attrait de Sylvie Deshors pour le romain noir ne l’empêche pas de s’intéresser à d’autres genres et d’écrire pour différentes tranches d’âges. Elle se penche en particulier sur les problématiques liées à l’adolescence, abordant la sexualité, le harcèlement dans Coup de talon, la fugue dans Fugueuses. Plus généralement, c’est le rapport à soi et à l’autre que cette auteur questionne, à travers le point de vue de personnages profondément sensibles et en lutte face à leur réalité.
Sylvie Deshors consacre par ailleurs plusieurs de ses œuvres à l’enfance : c’est le cas de son dernier roman L’école du tonnerre, publié en 2014 par l’éditeur Rue du Monde. En y adoptant le regard de Thibo, enfant sourd, elle narre son combat contre les difficultés qu’il rencontre à cause de son handicap, en particulier face à sa maîtresse d’école Madame Chevalier. Ce n’est pas la première fois qu’elle aborde pour les plus jeunes des thématiques difficiles avec des mots doux : dans son roman de 2004 Des jours blancs, la petite Lalou apprend ainsi à vivre avec une mère bipolaire qui assombrit ou colore le quotidien selon son humeur.
Bibliographie
- L’école du tonnerre (Rue du Monde, 2014)
- Coup de talon (Talents Hauts, 2013)
- Fugueuses (Rouergue, 2013)
- Douce nuit, Minus ! (Rouergue, 2012)
- Maudite rentrée (Thierry Magnier, 2012)
- Sensha, fille de Mongolie (Rue du Monde, 2012)
- Des couleurs dans la nuit (Thierry Magnier, 2012)
- L’inconnue des Andes (Rouergue, 2011)
- La soupe aux amandes (Thierry Magnier, 2010)
- Fuite en mineur (Rouergue, 2010)
- Mon amour Kalachnikov (Rouergue, 2008)
- Petit samouraï (Rouergue, 2008)
- Anges de Berlin (Rouergue, 2007)
- Poisson d’argent (Rue du Monde, 2006)
- Des jours blancs (Rouergue, 2004)
- Le transfo (Thierry Magnier, 2003)