Membre de l’Académie Goncourt, Patrick Rambaud ne manque jamais de nous régaler de son humour sarcastique en nous parlant de sujets aussi sérieux que le monde politique français. Né en 1946 à Paris, il intègre la faculté de Nanterre vingt ans plus tard, mais ne fréquentera finalement que très peu ses amphithéâtres, préférant passer ses journées et ses nuits à la cinémathèque. Au sortir de son service militaire dans l’armée de l’air, il débute comme rewriter dans une maison d’édition, continue comme critique de cinéma sur France Inter, puis se spécialise dans la presse écrite et devient pigiste chez Positif.
En 1970, il fonde le mensuel satirique Actuel avec Jean-François Bizot et Michel-Antoine Burnier, et y reste quatorze ans pendant lesquels il use les touches de sa machine à écrire pour composer des parodies de nombreuses personnalités littéraires et universitaires, un genre qui devient progressivement sa spécialité. Patrick Rambaud réussit cependant à se débarrasser de cette étiquette en publiant des romans historiques chez Grasset, qui obtiendront le prix Alexandre Dumas et le prix Lamartine. La Bataille, récit de la défaite napoléonienne d’Essling, sera récompensé par le prix Goncourt et le prix de l’Académie française en 1997. Il rédige ensuite Le Journalisme sans peine, relevant les clichés et les lieux communs des écrits journalistiques.
2008 marque son retour dans la critique satirique et politique avec la première des six Chroniques du Règne de Nicolas Ier qui narre de façon grotesque le quotidien de la « cour » de Nicolas Sarkozy, souverain à mi-chemin entre Napoléon Ier et Louis XVI. En 2013, il publie le dernier tome de cette série, Tombeau de Nicolas Ier, avènement de François IV, l’occasion pour Patrick Rambaud d’en finir définitivement avec Nicolas Sarkozy. En 2015, son roman Le Maître est une leçon de sagesse pour nos temps modernes, un livre dans lequel il invente une vie au premier penseur chinois à avoir signé un texte de son nom, Tchouang-Tseu. Mais Patrick Rambaud revient vite à ses chroniques politiques et il publie en 2016 François le Petit, nouvelle farce satirique politique, dont la victime n’est autre que le successeur à l’Élysée de « Nicolas Ier ». Le livre, qui emprunte son titre au Napoléon le Petit de Victor Hugo, dresse un portrait amer mais hilarant de la politique actuelle et du renversement de ses valeurs historiques et idéologiques. Peu avant la fin du mandat de François Hollande, Patrick Rambaud signe un nouveau pastiche délectable, Chronique d’une fin de règne, qui revient sur les récents événements du quinquennat de « François le Petit » : des attentats de janvier 2015 à la désignation du « Duc de Sablé » comme candidat de droite à la présidentielle.
Il a également écrit des sketches et un spectacle représenté au théâtre national de Chaillot en collaboration avec Bernard Haller : Fregoli, mis en scène par Jérôme Savary. Il a également travaillé à deux scénarios de Jean-Pierre Mocky, Les Saisons du plaisir et Une nuit à l’Assemblée. Également « Ghost writer » depuis des années, ce prolifique auteur estime avoir écrit plus de cent mille pages en 27 ans !
Avec Quand Dieu apprenait le dessin, il revient à ses premières amours historiques et signe un roman haut en couleur sur Venise au IXème siècle. En 828, la cité des doges cherche à récupérer le corps de Saint Marc pour accroitre sa puissance face à Rome : deux tribuns sont envoyés à Alexandrie pour ramener sa momie. Une expédition « branquignole et fondatrice », pleine de dialogues et de personnages haut-en-couleurs. Réimpression d’un roman sorti chez Balland en 1990 (Le dernier voyage de San Marco), Quand Dieu apprenait le dessin est le roman d’une époque méconnue, racontée avec brio et ironie.
Dans Les aventures de Mai, réédition de ses chroniques parues dans Le Monde en 1998, il partage sa vision de Mai 68 et invite le lecteur à se balader dans Paris, croiser les étudiants de la Sorbonne, De Gaulle, Pompidou, Sartre et tant d’autres dans des dialogues savoureux. Encore un moment d’Histoire passé à la moulinette du ton inimitable de Patrick Rambaud.
Emmanuel Le Magnifique vient s’ajouter au rituel sacré réservé aux présidents les plus chanceux : passer sous la plume acérée de notre écrivain en herbe. Le feuilleton présidentiel se poursuit avec le portrait d’un prince creux et "lisse". L’auteur revient sur la campagne électorale d’Emmanuel Macron, son accession au "trône" et mène une réflexion approfondie sur le rôle du numérique dans cette prise de pouvoir. Les sbires du monarque et ses opposants politiques en prennent aussi pour leur grade. Alimenté par un véritable travail d’enquête journalistique, cet ouvrage ô combien satirique fait basculer la Ve République dans l’Ancien Régime et dresse un tableau savoureux de la monarchie présidentielle macroniste.
Bibliographie
- Emmanuel Le Magnifique (Grasset, 2019)
- Les aventures de Mai (Grasset, 2018)
- Quand Dieu apprenait le dessin (Grasset, 2018)
- Chronique d’une fin de règne (Grasset, 2017)
- François le Petit (Grasset, 2016)
- Le Maître (Grasset, 2015)
- Tombeau de Nicolas Ier, avènement de François IV (Grasset, 2013)
- Les chroniques du règne de Nicolas Ier (Glénat, 2012)
- Quatrième chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset, 2012)
- Quatrième chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset, 2011)
- Troisième chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset, 2010)
- Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset, 2009)
- Chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset, 2008)
- Le chat botté (Grasset, 2006)
- L’idiot du village : Fantaisie romanesque (Grasset, 2005)
- Le sacre de Napoléon (Michel Lafon, 2004)
- L’Absent (Grasset, 2003 - 3e opus de la trilogie napoléonienne)
- Comme des rats (Grasset, 2002)
- Bernard Pivot reçoit (Grasset, 2001)
- Il neigeait (Grasset, 2000 - 2e opus de la trilogie napoléonienne)
- Les aventures de mai (Grasset, 1998)
- Le journalisme sans peine (Plon, 1997)
- La Bataille (Grasset, 1997 - 1er opus de la trilogie napoléonienne, prix Goncourt et grand prix du roman de l’Académie française)
- La dictature médicale (Robert Laffont, 1996 - avec Bernard Kouchner)
- Ubu président (Robert Laffont, 1990)
- Les mirobolantes aventures de Fregoli (François Bourin, 1994)
- 1848 (Grasset, 1994)
- Le visage parle (Balland, 1988)
- Comment se tuer sans en avoir l’air (Table ronde, 1986)
- La mort d’un ministre (Grasset, 1985)
- Fric-Frac (Grasset, 1984)
- Les complots de la liberté - 1832 (Grasset, 1976)
- Le gros secret : mémoires du labrador de François Mitterrand (Calmann-Lévy, 1996 - sous le pseudonyme Baltique)
- Mururoa mon amour (Lattès, 1996 - sous le pseudonyme de Marguerite Duraille)
- Virginie Q (Balland, 1988 - sous le pseudonyme de Marguerite Duraille)