Le voyage - parfois introspectif - est un motif récurrent dans son œuvre. Née en 1970 à Orléans, Fabienne Kanor suit des études de littérature comparée et de communication avant de se lancer dans le journalisme, travaillant notamment pour France 3, Radio Nova, RFI ou encore La Cinquième. Désireuse de rencontrer l’Afrique, elle part pour le Sénégal et s’installe à Saint-Louis pendant deux ans. C’est à son retour, en 2004, qu’elle se met à écrire. Elle s’intéresse dans ses romans au récit personnel et à la quête d’identité, dans des contextes historiques et sociaux précis (féminisme, esclavage, immigration).
Parallèlement à son activité littéraire, elle entame une carrière de réalisatrice dès 2004 avec La Noiraude, un film qu’elle produit avec sa sœur Véronique Kanor. Cette fiction raconte les tracas et remises en question d’une Antillaise à Paris. Elle réalise par la suite divers documentaires et moyen-métrages.
Le personnage de Faire l’aventure, Biram, jeune Sénégalais de 17 ans « qui n’avait encore rien vu », regarde l’horizon depuis Dakar et rêve de Faire l’aventure. À nouveau l’auteur s’intéresse à l’humain derrière les chiffres, ceux de l’immigration cette fois. Elle replace la dignité humaine dans ce débat en contant les rêves d’ailleurs de ces jeunes qui quittent leur pays pour découvrir d’autres mondes. Le roman, entre récit d’initiation et histoire d’amour, fait ainsi voyager ses personnages de Dakar à Rome en passant par les Canaries.
Dans Je ne suis pas un homme qui pleure, Fabienne Kanor met beaucoup d’elle. « J’imaginais une histoire légère comme un milieu d’été avec une femme qui parle beaucoup et des hommes qui passent trop vite. C’est après l’avoir écrite, que j’ai réalisé ce que j’en avais fait : un livre sur une romancière qui interroge sa place, ses origines et sur l’écriture qui rafle tout. »
Son dernier roman, Louisiane, porte son regard sur la ville la plus afroamériciane des États Unis, où les arbres se rappellent avoir été « carnivores dès qu’on leur donnait des corps à manger ». On y retrouve Nathan, le narrateur, un Français d’origine camerounaise qui débarque à la Nouvelle Orléans peu après l’ouragan Katrina, sur les traces d’un grand-oncle autrefois disparu. À travers cette Louisiane sous tension raciale et abîmée par l’esclavage, l’autrice livre un texte puissant, porté par une prose sensuelle et lumineuses, sur les origines, l’amour, la mort et le pardon.
Bibliographie :
Essais
- Imaginaire et politique de la créolisation. Glissant et nous (L’Aube, 2023)
- La Poétique de la cale. Variations sur le bateau négrier (Rivages, 2022)
Romans
- Lousiane (Rivages, 2020)
- Je ne suis pas un homme qui pleure (Jean-Claude Lattès, 2016)
- Faire l’aventure (Jean-Claude Lattès, 2014)
- Anticorps (Gallimard, 2010)
- Les Chiens ne font pas des chats (Gallimard, 2008)
- Humus (Gallimard, 2006)
- D’eaux douces (Gallimard, 2004 - prix Fetkann 2004)
Littérature de jeunesse
- Le Jour où la mer a disparu, illustrations d’Alex Godard (Albin Michel, 2007)
Théâtre
- Homo Humus Est (2005)
Documentaires
- Un caillou et des hommes, documentaire (Fabienne Kanor et Véronique Kanor, 2014)
- Cahier d’un retour, documentaire (Fabienne Kanor et Véronique Kanor, 2013)
- C’est qui l’homme ?, court-métrage (Fabienne Kanor et Véronique Kanor, 2008)
- Ti Emile Pò kò mò, court-métrage (Fabienne Kanor et Jean-Michel Cassérus, 2008)
- La Noiraude, court-métrage (Fabienne Kanor et Véronique Kanor, 2004)