Né en 1970 à Mostaganem, il fait des études de littérature puis à partir de 1994, rédige des chroniques pour le Quotidien d’Oran, le premier journal francophone algérien. Il joue un rôle important dans le combat contre le pouvoir en place dans les années 2000. Ses écrits littéraires ouvrent les portes de mondes imaginaires sombres et loufoques. En 2002, La Fable du Nain explore le thème de l’aliénation et de la folie : un narrateur, après un séjour mystérieux dans "une grotte" qui s’apparente à un centre hospitalier, se bat contre une personnalité diabolique, le "Nain", qui tente de s’emparer de lui. Dans Ô Pharaon, publié en 2005, il invente l’histoire d’un maire imaginaire qui a amassé une fortune considérable grâce à de multiples combines. L’écrivain a été lauréat du prix Mohammed Dib en 2008 pour L’Arabe et le vaste pays de ô.
Dans Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), il rend hommage à Albert Camus en répondant à l’une de ses œuvres majeures, L’Étranger, et fait de la figure de l’Arabe son personnage principal, figure à laquelle seule une fiction peut donner un nom, un visage, une histoire et lui rendre sa légitime complexité. Un moyen d’équilibrer le procès de Meursault, et donc d’interroger l’Histoire, en interrogeant les héritages, les mythes, la foi comme constituants de l’identité d’un peuple ou d’un individu, et de défendre la liberté d’imaginer et de questionner.
Cible de critiques virulentes et de menaces pendant la polémique sur la nuit de Cologne, Kamel Daoud se retire du journalisme en 2016 pour mieux se consacrer à la littérature. Ses positions sur l’Islam dérangent et son jugées blasphématoires en Algérie comme en Occident. On l’accuse d’alimenter l’islamophobie ambiante et d’adopter un point de vue emprunt de "paternalisme colonial » concernant la sexualité musulmane qu’il qualifie de "pathologique". (Le Monde)
Son style cinglant et original se met au service d’une réflection sur l’actualité et l’Histoire et des conclusions qui en ont été tirées. Cette rhéthorique de la remise en question est au centre de Mes Indépendances, un recueil de chroniques publiées dans la presse algérienne et internationale entre 2010 et 2016.
Bibliographie
- Le peintre dévorant la femme (Stock, 2018)
- Zabor ou Les Psaumes (Actes Sud, 2017)
- Mes Indépendances (Actes Sud, 2017)
- Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014)
- Le Minotaure 504 (Sabine Wespieser, mai 2011)
- L’Arabe et le vaste pays de ô (Barzakh, Alger 2008)
- Ô Pharaon (Dar El Gharb, 2005)
- La Fable du Nain (Dar El Gharb, 2002)
- Raïna raïkoum (recueil de chroniques publiées dans le Quotidien d’Oran, Dar El Gharb, 2002)