Romancière et auteure jeunesse, Carole Martinez est une extraordinaire raconteuse d’histoire.
Ancienne comédienne, elle est professeure de français à Issy-les-Moulineaux lorsqu’en 2005 elle prend un congé parental et se décide « [d’]écrire quelque chose qui soit entre le conte et le roman ». Pour cela, elle va puiser dans les légendes espagnoles que lui racontait sa grand-mère, sorcière andalouse déguisée en concierge boulevard du Montparnasse, « et qui a le pouvoir de voir les morts ».
Nourri de merveilleux, son premier roman atterrit, encore inachevé, chez Gallimard, coup de cœur de Jean-Marie Laclavetine : « Ne changez rien, écrivez la fin ! » En 2007, le lancement est timide et ce sont finalement les lecteurs, à travers le Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs notamment - décerné par un jury de jeunes lecteurs -, qui vont porter ce splendide roman à bout de bras, et lui apporter la reconnaissance qu’il mérite. La suite ressemble à un conte de fées cette fois-ci : neuf prix littéraires, dont le Prix Renaudot des lycéens, le Prix Ulysse de la première œuvre...
Goncourt des lycéens en 2011, Du domaine des murmures, le deuxième livre de la conteuse met à nouveau en scène un destin de femme exceptionnel, dans le décor d’un domaine médiéval « tissé de murmures, de filets de voix entrelacées ». Le lecteur entre dans une expérience à la lisière ténue du rêve et du réel, du mystique et du charnel, où les mots transcendent la réalité car ils sont la seule chose qui demeure, dans le domaine des murmures.
Carole Martinez signe en 2015 La Terre qui penche le troisième volet d’une trilogie romanesque inaugurée avec Du domaine des murmures. Une nouvelle voix de femme s’élève et sublime cet univers romanesque médiéval, entre onirisme, magie et légende, où le merveilleux prend forme dans des destins féminins prisonniers du temps.
Scénariste BD, elle publie la série Bouche d’ombre chez Casterman (illustrations de Maud Begon) dont les deux premiers tomes sortent en 2014, le troisième en 2017 et le dernier en 2019. La tétralogie aborde les thèmes de l’occultisme, à travers l’histoire de Lou une jeune lycéenne qui, grâce à l’hypnose, voyage dans le temps et revit l’histoire de ses ancêtres.
Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ? La question se trouve au cœur du roman Les Roses fauves, où une écrivaine s’intéresse à une ancienne coutume andalouse : les femmes, lorsqu’elles sentent la mort venir, écrivent leurs secrets sur des bouts de papier qu’elles cousent ensuite dans des coussins en forme de cœur. Ces cœurs ne doivent jamais être ouverts, et sont transmis à sa fille aînée, de génération en génération... Lola, la protagoniste, en a une armoire pleine, et se demande quels étaient les désirs et regrets de ses aïeules.
Bibliographie
- Les Roses fauves (Gallimard, 2020)
- Bouche d’ombre, Tome 4 : Louise 1516 (Casterman, 2019)
- Le Géant Chagrin (Casterman, 2019)
- La Belle et la bête (Gallimard Jeunesse, 2017)
- Bouche d’ombre, Tome 3 : Lucienne 1853 (Casterman, 2017)
- La Terre qui penche (Gallimard, 2015)
- Bouche d’ombre, Tome 2 : Lucie 1900 (Casterman, 2014)
- Bouche d’ombre, Tome 1 : Lou 1985 (Casterman, 2014)
- Du domaine des murmures (Gallimard, 2011) Prix Goncourt des lycéens 2011
- Le Cœur cousu (Gallimard, 2007) Prix Ouest-France Etonnants Voyageurs 2007
- Le Cri du livre (Pocket, 2006)