Lorsqu’on l’interroge sur son travail d’écrivain, Koffi Kwahulé répond : « Je suis un jazzman ». Une réponse surprenante ; une réponse, à l’image de sa démarche narrative : rythmée, rythmique, ouverte à toutes les improvisations, guettant la musique au détour du verbe.
En vingt ans, Koffi Kwahulé, à la fois romancier, essayiste, comédien et metteur en scène, s’est imposé comme une figure incontournable des lettres africaines modernes. Né en Côte d’Ivoire en 1956, mais vivant à Paris, Koffi Kwahulé est connu dans le monde entier pour son œuvre théâtrale, riche d’une vingtaine de pièces. Formé à l’Institut National des Arts d’Abidjan, il entre en 1979 à l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de Paris, et poursuit parallèlement des études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle où il obtient un doctorat d’Études théâtrales. Ses pièces, dont les plus connues ont pour titre Bintou, Cette vieille magie noire, Fama, Big Shoot, Jaz ou Misterioso – 119, ont été traduites en de nombreuses langues et jouées en Europe, en Afrique, et aux Etats-Unis. À travers les thèmes de la violence et de la quête d’identité, l’écriture sensuelle et saccadée de Koffi Kwahulé explose les frontières du langage et absorbe les dynamiques abruptes de l’oralité.
Son premier roman, Babyface, paru en 2006 chez Gallimard et lauréat du Prix Ahmadou-Kourouma, raconte l’amour en temps de guerre, sur fond de jazz et d’improvisation. En 2010, dans Monsieur Ki, Koffi Kwahulé poursuit cette narration musicale, rompant la linéarité du récit par des jeux de miroir, portant un peu plus haut son chant qui mêle la fièvre de la folie à celle du jazz, les mystères de la sorcellerie à ceux de la tragédie. L’auteur reçoit en 2013 le Prix Édouard-Glissant, destiné à honorer une œuvre artistique marquante de notre temps.
Avec son nouveau roman, Nouvel an chinois, il dépeint la dérive d’une poignée d’habitants du quartier Saint-Ambroise à Paris où les personnages de cette nouvelle dramaturgie urbaine imprégnée de jazz sont portés par un grand balancement entre désir et répulsion. « Nouvel an chinois est un roman choral où l’extrémisme et la misère affective ont le même visage bouffon » (article Le Blues de Nosferatu, Anaïs Heluin).
Bibliographie :
Romans :
- Nouvel an chinois (Editions Zulma, 2015)
- Monsieur Ki. Rhapsodie parisienne à sourire pour caresser le temps (Gallimard, Paris, 2010)
- Babyface (Gallimard, Paris, 2006)
Nouvelles :
- Western (dans Le Paresseux n° 35, 2003)
- Veillée d’armes (L’Esprit des Péninsules, Paris, 2002)
- La Jeune fille au gousset (dans Africultures n° 10, 1998)
Théâtre :
- Nema (Editions Théâtrales, 2011)
- Les Recluses (Editions Théâtrales, 2010)
- La Mélancolie des barbares (Editions Lansman, 2009)
- Brasserie (Editions Théâtrales, Paris, 2006)
- Misterioso-119 ; Blue-S-cat (Editions Théâtrales, Paris, 2005)
- Le Masque boiteux ou Histoires de soldats (Editions Théâtrales, Paris, 2001)
- Big Shoot (Editions Théâtrales, Paris, 2000)
- Village fou ou Les Déconnards (Fayard, Paris, 2000)
- P’tite-Souillure (Editions Théâtrales, Paris, 2000)
- La Dame du café d’en face (Editions Théâtrales, Paris, 1998)
- Jaz (Editions Théâtrales, Paris, 1998)
- Fama (Lansman, Belgique, 1998)
- Il nous faut l’Amérique ! (Éditions Acoria, Paris, 1997)
- ... et son petit ami l’appelait Samiagamal (Actes-Sud Papiers, Paris, 1997)
- Bintou (Lansman, Belgique, 1997)
- Cette vieille magie noire (Lansman, Belgique, 1993)