Oleti bande de Fous !

Poèmes de Paul Wamo

27 juin 2012.
 

Dans les jours qui suivirent le festival, le poète et slameur calédonien Paul Wamo nous livrait deux poèmes débordant d’enthousiasme, et d’amour ses nouveaux frères d’âmes, les rêveurs à gages.

Étonnants Voyageurs !

Ma nuit ne me suffit plus
ma nuit ne me suffit plus

Paul Wamo © Clara Giboin / Étonnants Voyageurs

Aux vagues malouines qui me firent pleurer de claires vérités
A tout mes frères et mes sœurs d’encre de souffle et de corps
A toute ma tribu de fous cymbales et tambours

je vous ai retrouvé ...ENFIN

je vous ai retrouvé là où je devais être
je vous ai retrouvé comme un souffle qui renaissait au monde sur le sable

Bande de Fous !
Vous m’avez touché comme une grâce revenue de l’amnésie
Vous m’avez rassasié

Mes frères et mes sœurs, vous mes ainés, mes bâtisseurs

Je vous ai reconnu et vous m’avez retrouvé
Depuis l’oubli de mes nuits loin de vous
Je vous ai retrouvé
armés de rires et de songes enflammés

Étonnants voyageurs !
C’est ainsi que vous vous êtes présentés et que vous m’avez accueillis

étonnants voyageurs
je vous kiffe
je vous kiffe

Vous m’avez touché bande de Fous !
Et ma nuit ne me suffit plus

Je cœur et je poumone
et mon ventre se remplit de renaissances inattendues , d’exclamations à la vie :

« JE T’AIME ETRE JE TAIME VIE JE TAIME EAU AIR SOL SOUFFLE !!!! »

Et ma nuit ne me suffit plus je vous le jure
ma nuit ne me suffit plus

Il me faut des Makenzi
des verbes lekbaiques
des lettres H
des sirènes d’haiti et des mondes à venir

Et la nuit ne suffit plus à retenir mes larmes
oui je suis pleurnicheur

et guerrier fous amoureux de l’eau de l’air du sol et du souffle qui est

étonnants voyageurs
je vous kiffe
et vous le jure, je transmettrais jusqu’à ma dernière heure
notre souffle œuf soleil

a toute vie que je croiserais je dirais« NOUS SOMMES RÊVEILLES !!!!!!! »

et je vous le dis, je vous l’écris, je vous le ri
maintenant je n’ai plus peur
depuis le train de nos retrouvailles

Oleti bande de Fous !

Je vous kiffe comme un coup de foudre-feu d’artifice, qui m’a réveillé jusqu’aux sanglots !

Et ma nuit ne me suffit plus je vous le jure ma nuit ne me suffit plus

il me faut des lunes entières et des pages à déblanchir

Moi le titubant
Moi noir de ma propre nuit
Moi arc en ciel désordonné

Je vous remercie

Au maître de cérémonie, architecte Lebris
oleti
Au prince James
oleti
Au roi Arthur et sa lumineuse et son troubadour
oleti
A la fée lucie
oleti
A Jacques la note vrai
oleti
Aux 129 ème H
oleti
Au dieu Césaire
Oleti
Au prêtre Josué
oleti
Au café au lait au sucre
oleti
A mon frère sorcier Mckenzi
oleti
A Mona Lisa
oleti
Au magicien Delmaire
oleti
A ouvriers de l’ombre et du son
oleti

Aux vagues malouines
oleti

A tous ceux que j’ai pu oublier et qui ont peuplé l’inconnu à inventer
oleti

MERCI INFINIMENT

Et la mer
la mer

je vous le jure
la mer m’a parlé

la mer malouine

j’ai cru que son nom était Atlantique
et moi je pensais à mes vagues mélanines

puis un matin elle me bouleversa d’un chant vas et viens
la mer festival

entre mille sanglots j’ai pu lire sa véritable identité
_ainsi que ma propre humanité

CLAIR :

Nous nous appellons Monde
Moi elle Nous Vous NOUS

La mer malouine
elle était la même que celle qui m’a vu naître

Et depuis je vous le jure
je ne suis plus ma cage
ni mon geôlier

Paul WAMO Taneisi


Cadre :

Festival Étonnants voyageurs, Saint-Malo, le 28 mai 2012, séance documentaire cinéma, film "Jazz Racines" de Jacques Schwarz-Bart, au Grand Auditorium, suivi d’un débat, il est 14h x, j’arrive en retard, le film a commencé, la salle était foule
le hasard dans ma langue n’existe pas
je me suis réveillé ce jour là, ce jour là, mon rire s’est transformé en chant, enfin libéré ...

A l’intérieur du Cadre : Vaudou Racines

C’est dans une salle de cinéma que ça s’est passé, c’est dans une salle obscure que je me suis pris cette gifle en plein ventre...
Ils s’appelaient Erol Josué, Jacques Schwarz Bart, Makenzi Orcel, Artur H, Nicolas Repac et Julien Delmaire
C’est de "racines" qu’il s’agissait et d’écriture aussi, d’écrire et de liberté, de cette légèreté qui pousse à l’Ouverture de sa racine à l’Univers, qui pousse à l’enracinement de sa nominature " JE SUIS MAINTENANT ET ICI !"

Lekba avait frappé !

Et moi petit kanak d’océan Pacifique, assis bien au fond , bien au bout de l’Auditorium, à 22 000 km de mon champ d’ignames, des miens et de Léna ma bien-aimée, j’avais l’impression que le prêtre-caraïbes ne chantait que pour moi, qu’il ne parlait que pour moi et ma terre promise, j’avais l’impression que les mots qui sortaient de la bouche des orateurs, répondaient à toutes mes questions. Et le frère Mckenzi et ses dormir à l’envers, frère Mckenzi et son pays imprisonable, son pays d’encre et de plumes

« Il est de ces moments ou l’on se dit " oui la vie est belle ! le souffle est bon"
comme les multiples matins au levée de Léna
comme ce jazz racine qui me berçait pleinement »

C’est dans une salle de cinéma, une salle obscure, à 20 000 lieues de ma terre mère, assis bien au fond, bien au bout du Grand Auditorium,
qu’à nouveau je revenais au monde : je suis étonnant voyageur, artiste missionnaire,inventeur d’utopie,
JE SUIS
MAINTENANT ET ICI ! moi libre, racine-monde
MOI !

C’était là que ça devait être
Lekba pieds nus poussa les portes !

Puis j’ai pleuré de gratitude
assis bien au fond de la salle foule
et dans le flot des danses-lune, le mot est apparu puis le sens puis le souffle et puis le monde me répondit : "qui est tu ? " :

je suis membre foule, peupliéade inexilé , je viens vers vous avec l’igname sur la paume et le talon de ma course et depuis maintenant je suis étonnant voyageur, artiste missionnaire, inventeur d’utopie, JE SUIS MAINTENANT ET ICI ! libre, racine-monde
MOI !

Je me suis réveillé ce jour là, ce jour là, c’est ce jour là qui devait être..

Paul WAMO Taneisi


À découvrir :

Touché par la rencontre La force magique des mots, Paul Wamo ne peut se retenir de déclamer quelques vers en l’honneur des participants (chapitre 10).