JANCAR Drago

Slovénie

15 mars 2017.
 
© Heloïse Jouanard, Libella, 2016

Écrivain de théâtre, essayiste et romancier slovène, Drago Jancar naît en 1948 à Maribor en Yougoslavie. Fils d’un résistant déporté pendant la Seconde Guerre mondiale, il hérite de la volonté de son père, et continue son combat pour la liberté dans la Yougoslavie de Tito. Figure nationale de la dissidence, il est condamné en 1974 à un an de prison pour « propagande au service de l’ennemi ». Libéré au bout de trois mois, il est néanmoins envoyé en service militaire en Serbie. Très souvent censuré, longtemps il ne peut assouvir sa passion de l’écriture pleinement, malgré deux romans, 35 degrés en 1974 et Galiote en 1978. Il choisit ainsi de déménager à Ljubljana, où il travaille dans des studios cinématographiques.

C’est la libéralisation progressive de l’ex-Yougoslavie, à la mort de Tito en 1980, qui lui offre l’espace de liberté nécessaire à l’épanouissement de son œuvre. Il voyage aux États-Unis, en Allemagne, signe plusieurs romans et pièce de théâtre, dont son plus grand succès, La Grande valse brillante. Parallèlement, il s’engage en tant qu’éditeur, et comme militant pour la liberté des écrivains.

Il sert encore aujourd’hui la cause de la liberté. Très impliqué dans des associations comme le Pen Club de Slovénie, il n’hésite pas à entrer dans Sarajevo pendant la guerre de Bosnie, afin de venir en aide aux populations. Les guerres de l’ex-Yougoslavie deviennent alors pour lui un grand terrain de réflexion sur les thèmes de l’identité. Les nouvelles rassemblées par L’Esprit des péninsules, et en particulier la nouvelle Éthiopiques, récompensée par le Prix européen de Littérature de 2011, permettent de découvrir cet auteur et un pan important de la littérature d’un petit pays, où la langue se voit reconnaître le statut de garant de l’identité nationale.

Cette nuit, je l’ai vue (Prix du meilleur livre étranger 2014), nous conte la disparition de l’énigmatique Veronika Zarnik et de son mari, Leo. Cinq personnages prennent tour à tour la parole pour tenter de lever le voile sur ce mystère. Le cadre de la Seconde Guerre mondiale, cher à l’auteur, renforce cette tension qui ne cesse de croître au fil du récit. Pièce par pièce, voix par voix, le puzzle se construit.

L’auteur se joint de nouveau à nous cette année pour nous présenter Six mois dans la vie de Ciril son dernier livre paru chez Phébus en 2016. À travers les égarements d’un violoniste attachant et faussement naïf, Drago Jancar dresse le portrait acéré de la société slovène et de son évolution.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Six mois dans la vie de Ciril

Phébus - 2016

Un matin, Ciril joue la Marche Turque de Mozart dans le métro de Vienne et croise l’étonnant Štefan Dobernik – Slovène comme lui. En quelques secondes, la vie du jeune violoniste bascule. Le lendemain, il rentre à Ljubljana dans la voiture de Štefan et devient son plus proche conseiller au sein de l’énigmatique D & P Investments. Là, il retrouve ses rêves et ses amours d’étudiants, passés au moulin du temps. Son épopée dérisoire ne dure que six mois, mais ceux-ci veulent tout dire...

Après Cette nuit, je l’ai vue (Prix du meilleur livre étranger 2014), le nouveau roman de Drago Jančar, mené tambour battant, est celui des petites magouilles et des grandes désillusions.


Revue de presse :