Joyeux tohu-bohu

5 septembre 2003.

Auteurs, illustrateurs, conteurs, musiciens, libraires, éditeurs… Cette année encore, ce sera tout le monde sur le pont pour - à flanc du navire amiral - faire appareiller le festival du livre jeunesse.

 

Bien plus qu’une annexe, à nos yeux : un élément essentiel d’Étonnants Voyageurs. Le goût de lire vient tôt et il ne faut pas manquer une occasion d’en inoculer le virus. Inutile d’y revenir : c’est notre credo depuis les origines.
En quatorze ans, toutefois, bien des choses ont changé en matière d’édition jeunesse. Notamment le regard de la profession et des médias sur ce secteur en plein essor économique et créatif. Des écrivains "sérieux" retournent affûter leur plume sur les exigeants établis de la jeunesse. Des stylistes quittent un temps la compagnie de Beckett pour celle d’Ungerer ou de Solotareff. Marcel Aymé, l’auteur des Contes du Chat Perché, estimait jadis qu’il n’y avait pas de littérature pour enfant, juste des livres assez bons pour être lus par des enfants. Aujourd’hui, force est de constater que c’est presque exclusivement du côté d’Harry Potter, des Orphelins Baudelaire et autres Golem que se perpétue une branche de la littérature adulte, héritière post-moderne, sarcastique et fort peu édulcorée de Dickens, Conrad ou Lovecraft. La grande expérimentation artistique se détache des diktats conceptuels pour venir s’ébattre en liberté dans les fabuleux albums dont les éditeurs nous inondent sans compter. Mais ce qui le plus changé, peut-être, c’est la nature et l’attitude du public concerné ! Finie l’époque du livre barbant choisi par Grand-Maman : le jeune lecteur se veut acteur et prés-cripteur. Il sait ce qu’il veut. Il créé ses icônes, les adules, les répudie avec une impavidité, une malice si imprévisible que les experts en marketing en perdent le peu de latin qui leur reste. Et c’est tant mieux !
Ce sont cette vitalité, cette ébullition, cette irréductibilité que nous allons nous efforcer de mettre à portée de main de nos jeunes visiteurs. Sur les stands des libraires, plus fournis que jamais. Et dans deux lieux à la fois joints et distincts, le Magic Mirror, parrainé par la Caisse d’Épargne de Bretagne et l’espace "Graines d’Aventuriers" E. Leclerc. Autour d’invités palpitants, d’ambiance pétaradantes, d’ateliers passionnés, dans un tohu-bohu de mots, d’images, de musique. Pour célébrer l’éternel avènement du livre comme espace d’intelligence, de magie et de liberté.