GLOAGUEN Alexis

France

17 avril 2024.

Philosophe et voyageur, il explore les rives du monde, habité par son art et par la beauté authentique et brute des paysages naturels. Poète des confins, Alexis Gloaguen a égrené ses vers à travers les paysages des « bouts du monde » où il a vécu : la Bretagne, la Nouvelle-Calédonie, l’Écosse ou encore Saint-Pierre-et-Miquelon. C’est justement dans les paysages du grand nord canadien qu’il nous emmène dans ses Écrits de nature (Maurice Nadeau, 2017), une trilogie poétique magnifiquement illustrée par Jean-Pierre Delapré. Après Surgies (Diabase, 2022) un roman contemplatif dans lequel le poète mêle ses pérégrinations et rencontres à des réflexions perçant le voile des apparences, Alexis Gloaguen revient cette année avec Coeur de cobalt (Diabase, 2024), un bel essai sur l’art et la peinture qui atteste du formidable pouvoir évocateur des mots.

 

Poète, romancier et grand voyageur, Alexis Gloaguen est né à Plovan (Finistère). Il passe une grande partie de son enfance en Nouvelle-Calédonie (dans les îles Loyauté) où lui vient le goût de la nature primitive.

Un temps bouleversé par l’acier et le verre des grattes ciels citadins, qui nourrirent son recueil Les Veuves de Verre, il décide en 2011 de partir en résidence dans la chambre de veille du sémaphore du Créac’h, sur l’île d’Ouessant. Un séjour pour retrouver le calme, après de longues pérégrinations, dont il tire un livre, La Chambre de Veille, une méditation profonde et virtuose sur l’océan.

Poète des confins, Alexis Gloaguen a égrené ses vers à travers les paysages des « bouts du monde » où il a vécu. Né en 1950 à Plovan, dans le Finistère, il passe une grande partie de son enfance en Nouvelle Calédonie, sur les îles Loyautés. De là lui vient sans doute son « amour total de la nature dans son foisonnement. » Il rentre ensuite en Bretagne où il étudie la philosophie, qu’il enseigne ensuite de 1978 à 1992. Sa fascination pour la faune et la flore sauvage le conduit à explorer toujours plus l’univers de la botanique, des recherches qui inspireront en retour sa prose. « La recherche et le travail du détail impliquent une démarche de connaissance. À ce titre, poésie et science se rejoignent. » déclare-t-il. En 1980, il s’offre une année sabbatique, et s’exile en Écosse pour écrire Le Pays voilé, le récit de son parcours le long des estuaires et dans les montagnes où il bivouaque.

Il publie plusieurs recueils de poèmes, des études biographiques et artistiques. Sa poésie se nourrit de ses nombreuses lectures, mais aussi d’influences musicales, dans un souci sans cesse réitéré du détail et de la précision. « Aussi s’agit-il, en fin de compte, de susciter le rêve, chez l’autre et en soi comme premier récepteur, en travaillant poétiquement les mots, en les laissant dire l’impossible et le pourtant vrai. » Toujours sur le départ, il se rend à Saint-Pierre-et-Miquelon, en 1992 : « cet archipel réalisait ma fascination pour le Nord, dans l’austérité de ses horizons, dans la beauté sidérante des hivers et des ciels, dans la ténacité et la générosité de ses habitants. » Après plusieurs années à St-Pierre, il revient en Bretagne, fatigué, mais viscéralement engagé dans l’écriture et la poésie : « la poésie est ce que le monde moderne, par ses excès d’ennui et d’uniformité, risque d’enfanter de plus en plus comme un contrepoison. »

En 2014, il publie une compilation de récits de voyage dans Digues de ciel, textes écrits au présent et dans la rue, donnant à voir la vie ordinaire et sa part de merveille. C’est aussi une réflexion "en situation" sur ce qui, dans ces paysages urbains, suscite l’écriture et sur la place de la poésie dans le monde moderne.

Écrits de nature, Tome I (Maurice Nadau, 2017) regroupe plusieurs recueils de textes qu’Alexis Gloaguen a rédigé pendant ses voyages en France et au Royaume Uni (Pays de Galles, Cornouailles). Ses descriptions poétiques de la faune et de la flore sont accompagnées de magnifiques illustrations en noir et blanc et de photographies signées Jean-Pierre Delapré. Le tome II paraît cette année, pour notre plus grand bonheur.

En 2018, il publie, en compagnie de l’illustrateur Nono, une œuvre rayonnante, La Vallée des Iris. Nous partons ainsi sur les traces des deux compères, partis à la rencontre des habitants d’Haut-Atlas et d’une montagne vivante...

Alexis Gloaguen vit aujourd’hui en Centre-Bretagne.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Coeur de cobalt - Écrire sur l’art

Diabase - 2024

Les rencontres avec des artistes vivants et leurs univers m’apportèrent beaucoup. Elles me sortirent de la solitude de l’écrivain, d’un monde entièrement construit et truellé en intérieur de coquille, autant que des tentations de l’égo. Je pus écouter les points de vue d’autres créateurs.

Écrire sur l’art, c’est […] avancer du regard dans un espace : s’y reconnaître et l’habiter. Comme sur un sol, on peut s’arrêter dans un tableau ou accélérer, modifier l’angle de vue et la mesure, sélectionner ce qui nous touche, dans une démarche affective et sans chercher à être complet. L’œuvre fût-elle abstraite, cela ne change rien.

C’est faire le pari que, par un pouvoir évocateur, les mots restituent la vision. Il faut aussi que, ainsi que les œuvres elles-mêmes, ils évoquent plus que la peinture : l’amour, la mort, les échéances de la vie.

Alexis Gloaguen