DE KERANGAL Maylis

France

26 février 2013.
 

Biographie

Naissance d’un pont, Prix Médicis 2010, propose une visite de chantier hors du commun : en décrivant un vaste réseau qui brasse rêves, lutte de classe et lutte de pouvoir autour de la construction d’un pont, Maylis de Kerangal dessine en réalité l’état du monde. Un roman étonnant à la forte tonalité musicale où les personnages, constatant l’impossibilité de fuir en avant, n’ont plus que le présent comme salut.

Fille et petite-fille de capitaines au long cours, les horizons de Maylis de Kerangal sont ouverts. Il y a d’abord le travail dans l’édition. Après des études d’histoire, de philosophie, et d’ethnologie, elle participe au début des années 90 à une revue maritime avant d’être embauchée par Gallimard. Elle y travaille pour les guides touristiques puis la jeunesse et devient en 2004 éditrice pour les Éditions du Baron Perché.

Elle consacre aussi une partie de son temps à écrire durant ces années et en 2000, elle publie Je marche sous un ciel de traîne, son premier roman. Un jeune homme, dont l’existence tourne à vide, échoue dans un village du sud ouest au passé tourmenté.

Ariane, le personnage de son roman suivant La Vie voyageuse, est aussi enfermée dans la routine de son existence célibataire mais parvient à s’en extraire pour se mettre sur la piste d’une liaison clandestine.
Suivent un recueil, Ni fleurs ni couronnes, en 2006, dont l’une des nouvelles a été adaptée au cinéma (Eaux troubles, court métrage de Charlotte Erlih, Why Not productions, 2008) et un roman, Corniche Kennedy, unanimement salué par la presse et le grand public qui se retrouve dans la sélection de nombreux prix en 2008 (Médicis, Femina, Wepler, France Culture/Télérama, prix Murat). Dans ce roman âpre qui se passe à Marseille, elle traite de l’adolescence et de ces vertiges.

Changement de cap ensuite, direction la Californie, lieu de la Naissance d’un pont qui remporte à l’unanimité et au premier tour le prix Médicis 2010. Toujours très productive, elle livre en 2012 deux œuvres. Pierre Feuille Ciseaux renoue avec des chantiers, ceux des Archives Nationales en Île de France, mais aussi ceux des cités et de mystérieuses friches végétales. Tangente vers l’est, court récit, revient quant à elle sur le voyage marquant de Maylis de Kerangal à bord du Transsibérien, où elle invente l’histoire d’Aliocha et de Hélène, pris tous deux dans une fuite en avant vers l’Est.

En 2014, paraît Réparer les vivants, le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour. Couronné par le Grand prix RTL-Lire et Roman des étudiants France Culture Télérama 2014.


Bibliographie :

Romans, nouvelles

Divers


Présentation de Tangente vers l’est

Tangente vers l’est est une « novella » (ou court roman) où le décor et l’atmosphère du Transsibérien offrent un écrin aux deux héros de Maylis de Kerangal : Aliocha, le conscrit en partance pour sa caserne militaire, tenté par la désertion, et Hélène, l’expatriée française ayant suivi son amant russe à Krasnoïarsk et désormais fuyant son exil sibérien. Pendant quelques jours, au gré d’un roulis engourdissant, ils vont partager en secret le même compartiment, supporter les malentendus de cette promiscuité forcée et déjouer la traque au déserteur qui fait rage d’un bout à l’autre du train. Les voilà condamnés à suivre un chemin parallèle, chacun selon sa logique propre et incommunicable, à fuir vers l’Est et son terminus océanique, Vladivostok. Une histoire fragile et fulgurante dans une langue sensuelle et fougueuse, laissant à nu des êtres pris dans la rhapsodie d’un voyage qui s’invente à contre-courant.

Ce texte a été conçu dans le cadre du voyage d’écrivains dans le Transsibérien organisé par Cultures France pendant deux semaines en juin 2010, sur la partie orientale du trajet Novossibirsk-Vladivostok. Sa première version, sous forme de fiction radiophonique, a été profondément remaniée.


Présentation de Pierre Feuille Ciseaux

Pierrefitte-sur-Seine, banlieue parisienne. Alors que s’achève la construction du nouveau bâtiment des Archives nationales, des adolescents errent entre le chantier, leur cité, de mystérieuses friches végétales et les zones maraîchères qui les entourent, vestiges agricoles d’un autre temps.
Pierre, feuille, ciseaux mais aussi puits, dynamite, sac, cigarette, papier... De mot en mot, au gré d’analogies, d’embryons de fictions et d’énigmes de la toponymie, apparaît un territoire composite que l’on fouille en archéologue de la mémoire. On y croise des vieilles dames qui veulent apprendre à danser, des enfants qui conservent leurs objets favoris dans des boîtes à chaussures, on y trouve des centaines de téléphones portables et des milliers de textos, des bracelets enfouis au fond des commodes, des cahiers de couture et d’amples mouvements pour rejouer son existence aux yeux du monde.
Fidèle à son écriture puissante et aux thèmes qui la mobilisent, Maylis de Kerangal s’appuie sur les photographies de Benoît Grimbert pour construire un récit en forme de jeu de piste.


Présentation de Naissance d’un pont

spip_logo

« À l’aube du second jour, quand soudain les buildings de Coca montent, perpendiculaires à la surface du fleuve, c’est un autre homme qui sort des bois, c’est un homme hors de lui, c’est un meurtrier en puissance. Le soleil se lève, il ricoche contre les façades de verre et d’acier, irise les nappes d’hydrocarbures moirées arc-en-ciel qui auréolent les eaux, et les plaques de métal taillées en triangle qui festonnent le bordé de la pirogue, rutilant dans la lumière, dessinent une mâchoire ouverte. »

Ce livre part d’une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d’un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d’une dizaine d’hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, « à l’américaine », qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.

Revue de presse :