« Je est un autre »
29 octobre 2010.
L’invention de soi, dans l’expérience vécue de l’immigration : rapport au pays d’origine, entre-deux et identités multiples. Mais l’invention de soi, aussi, sur place, à l’heure d’une culture-monde de plus en plus pressante.
Les commémorations n’ont d’intérêt que si la mémoire nécessaire se double d’une projection vers l’avenir : ne sommes-nous pas en plein dans ce qu’esquissait notre manifeste « pour une littérature-monde » ? Léonora Miano, dans un texte récent, « Habiter la frontière », dessinait les contours de ce qu’elle nomme les « identités frontalières (…) ancrées, non pas dans un lieu de rupture, mais, au contraire, dans un espace d’accolement
permanent. La frontière, telle que je la définis et l’habite, est l’endroit où les mondes se touchent, inlassablement. C’est le lieu de l’oscillation constante : d’un espace à l’autre, d’une sensibilité à l’autre,
d’une vision du monde à l’autre. »
Avec : Léonora Miano, Alain Mabanckou, Emmanuel Dongala, Libar Fofana, Pascal BLANCHARD, Véronique Tadjo
Palais de la Culture : Samedi 27 novembre 15h30
DERNIER OUVRAGE
Essais
Aimer, selon Véronique Tadjo
Museo - 2021
Quel sens faut-il donner à l’Amour ? Est-il le même partout et peut-il traverser les frontières ? Dans un monde en pleine transformation, Eloka et Aimée se rencontrent à travers les continents et décident de lier leurs destins. Dans une succession de tableaux de leur quotidien, parfois sublimes, souvent bouleversants, mais jamais innocents, se dessine le visage d’une Afrique contemporaine pétrie de souffrance et d’espoir. L’exigence d’un amour qui se veut absolu dans son désir de tout étreindre, les pousse à s’engager de plus en plus profondément dans leur nouvelle réalité. C’est à un parcours initiatique, un récit lyrique à la frontière du surréalisme que les lecteurs sont conviés. Voyage empreint de poésie et menant à la renaissance de ces êtres grâce aux ressources inépuisables, cycliques et régénératrices, des rapports humains et de la nature.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Rouge Impératrice
Grasset - 2019
Le lieu : Katiopa, un continent africain prospère et autarcique, presque entièrement unifié, comme de futurs Etats-Unis d’Afrique, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge.
L’époque : un peu plus d’un siècle après le nôtre.
Tout commence par une histoire d’amour entre Boya, qui enseigne à l’université, et Illunga, le chef de l’Etat.
Une histoire interdite, contre-nature, et qui menace de devenir une affaire d’Etat.
Car Boya s’est rapprochée, par ses recherches, des Fulasi, descendants d’immigrés français qui avaient quitté leur pays au cours du XXIème siècle, s’estimant envahis par les migrants. Afin de préserver leur identité européenne, certains s’étaient dirigés vers le pré carré subsaharien où l’on parlait leur langue, où ils étaient encore révérés et où ils pouvaient vivre entre eux. Mais leur descendance ne jouit plus de son pouvoir d’antan : appauvrie et dépassée, elle s’est repliée sur son identité.
Le chef de l’Etat, comme son Ministre de l’intérieur et de la défense, sont partisans d’expulser ces populations inassimilables, auxquelles Boya préconise de tendre la main.
La rouge impératrice, ayant ravi le cœur de celui qui fut un des acteurs les plus éminents de la libération, va-t-elle en plus désarmer sa main ?
Pour les « durs » du régime, il faut à tout prix séparer ce couple…
Revue de presse
- « Rouge impératrice est le livre dans lequel Miano s’est rassemblée pour autopsier le malaise de notre temps. Avec cette voix narrative âpre et sensuelle, ce mélange d’ironie et de gravité qui fait sa marque. » Le Monde
- « Fidèle à ses idées, elle ne fait jamais table rase du passé, au contraire, elle le dilue dans ses romans afin d’éclairer des pans de nos comportements contemporains. » LivreHebdo
DERNIER OUVRAGE
Journal
Rumeurs d’Amérique
Plon - 2020
Le portrait d’une autre Amérique.
Ici, je me suis fondu dans la masse, j’ai tâté le pouls de ceux qui ont ma couleur, et de ceux qui sont différents de moi, avec lesquels je compose au quotidien.
Certains lieux, de Californie et du Michigan, me soufflent leur histoire car je les connais intimement.
D’autres me résistent, et il me faut quelquefois excaver longtemps pour voir enfin apparaître leur vrai visage. Mais ce périple n’a de sens que s’il est personnel, subjectif, entre la petite histoire et la grande, entre l’immense et le minuscule. Et peut-être même que, sans le savoir, j’entreprends ici ce que je pourrais qualifier d’autobiographie américaine, entre les rebondissements de l’insolite, la digression de l’anecdote et les mirages de l’imaginaire.
DERNIER OUVRAGE
Romans
La sonate à Bridgetower
Actes Sud - 2017
N’en déplaise à l’ingrate postérité, la célèbre Sonate à Kreutzer n’a pas été composée pour le violoniste Rodolphe Kreutzer, qui d’ailleurs ne l’a jamais interprétée, mais pour un jeune musicien tombé dans l’oubli. Comment celui-ci est devenu l’ami auquel Beethoven a dédié l’un de ses morceaux les plus virtuoses, voilà l’histoire qui est ici racontée.
Au début de l’année 1789 débarquent à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, et son père, un Noir de la Barbade qui se fait passer pour un prince d’Abyssinie. Arrivant d’Autriche, où George a suivi l’enseignement de Haydn, ils sont venus chercher l’or et la gloire que devrait leur assurer le talent du garçon…
De Paris à Londres, puis Vienne, ce récit d’apprentissage aussi vivant qu’érudit confronte aux bouleversements politiques et sociaux – notamment la mise en cause de l’esclavage aux colonies et l’évolution de la condition des Noirs en Europe – les transformations majeures que vit le monde des idées, de la musique et des sciences, pour éclairer les paradoxes et les accomplissements du Siècle des lumières.
Revue de presse
- "Il y a du grandiose et du sensible dans La sonate à Bridgetower, comme dans cette composition de Beethoven qui sert de sous-titre au roman." (Christine Salomon, La Montagne)
- "Avec La Sonate à Bridgetower, Dongala met en musique le tableau d’une époque fondatrice pour l’Europe, n’en omettant aucune des couleurs. Des idées des Lumières aux guerres napoléoniennes, de l’esclavagisme à la fin de la traite, il ausculte des sociétés mouvantes, capables du meilleur comme du pire." (Nicolas Michel, France Afrique)
- "Engagé sans être dialectique, collant au plus près de l’époque, de ses protagonistes et surtout des esprits, Dongala offre un texte lyrique, intense, une sorte de contre-histoire mulâtre de l’Europe. C’est ici son grand retour au roman depuis Photo de groupe au bord du fleuve (élu meilleur roman français 2010 de Lire). On applaudira longtemps." (Hubert Artus, Lire)
DERNIER OUVRAGE
Beaux livres
Colonisation et propagande. Le pouvoir de l’image
Cherche Midi - 2022
Pendant plus d’un siècle, de la IIIe République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980, les Nouvelles-Hébrides), la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions universelles et coloniales, manuels scolaires et protège-cahiers, couvertures de livres et de magazines, presse illustrée et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio… tous les supports ont participé à cette apologie de la « plus grande France ». Au cœur de l’État, une Agence des colonies a été le fer de lance de cette propagande, et beaucoup ont oublié son action. Génération après génération l’idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l’entre-deux-guerres et se prolonger jusqu’aux dernières heures de l’Algérie française et même au-delà. Au cœur de cette dynamique, l’image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste et raciste sur ceux que l’on appelait les « indigènes ».
Ce livre analyse, décode et replace dans son contexte cette incroyable production, permettant, en croisant les sources les plus diverses et des archives exceptionnelles, de comprendre les mécanismes de l’adhésion du plus grand nombre à l’Empire. Par un remarquable décryptage des images, accompagné de citations pour chaque époque, ce travail nous montre comment a été construit l’univers symbolique structurant l’imaginaire sur la colonisation. Celui-ci est indissociable de l’identité nationale et a des répercussions sur les grands enjeux politiques, économiques et idéologiques pendant près d’un siècle. Ce livre, écrit à cinq voix, permet de comprendre comment le discours sur la « mission civilisatrice » s’est imposé et comment se sont bâties les grandes mythologies de la « République coloniale », dont certaines représentations perdurent. Cette approche inédite sur notre culture visuelle, politique et historique participe au travail de déconstruction en cours sur l’héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent.
Avec Sandrine Lemaire, Nicolas Bancel, Alain Mabanckou et Dominic Thomas.