Le Caire, mère et fils

(Mustapha Hasnaoui, Arte France / Ina, France, 2000, 57’)

10 mai 2006.
 

Fatma Allam, autrefois riche propriétaire, tente de maintenir son rang et son exploitation agricole. Son fils Amr, en rupture avec son milieu et son pays, vient lui rendre visite. Pour la première fois, il affronte sa mère...

Madame Fatma vient chercher son fils à l’aéroport du Caire. "Chaque fois que je reviens ici, je me rends compte que la ville a changé. Est-ce que tu le remarques aussi ?", demande Amr. "Quand est-ce que tu vas te marier ?", répond sa mère. D’emblée, le ton est donné : tandis que la petite dame à l’allure européenne égrène ses souvenirs (l’immense propriété de ses parents, la réforme agraire, l’humiliation des compensations...) et dénonce la perte des valeurs, le fils revient sur son passé (le rejet de son milieu social, la rupture avec son pays, l’exil aux États-Unis, le déclic provoqué par la guerre du Golfe, un premier retour...). Les images de madame Fatma dans sa villa, gérant son exploitation ou recevant ses amies, alternent avec des archives de la révolution agraire, des témoignages de paysans égyptiens, des images d’Amr déambulant dans les rues populaires du Caire, des conversations intimes entre la mère et le fils... Entre eux, le dialogue semble impossible. Elle lui reproche d’être parti sans donner de nouvelles, de n’être pas revenu pour la mort de son père, de se désintéresser de l’exploitation agricole, de fréquenter des gens simples. Il s’interroge sur son parcours, les rapports ambivalents qu’il entretient avec son pays et le monde arabe, le retour en force du conservatisme religieux (approuvé par sa mère) et les transformations architecturales du Caire. Tout oppose le mathématicien qui a travaillé pour AT&T et Alcatel à la vieille aristocrate nostalgique du XIXe siècle. Pourtant, un lien indéfectible semble les unir. Surtout, à travers leur confrontation se dessine le portrait sensible d’une Égypte à la fois urbaine et rurale, immuable et changeante.