Sam. 16h45, Auditorium

Vers de nouveaux rapports au vivant

16 mai 2023.
 

À l’heure où la nature traverse une crise sans précédent, il y a urgence à réinventer les modalités de nos rapports au vivant. En s’appuyant sur leurs expériences de terrain et les imaginaires de populations diverses, trois écrivain·es nous proposent de revisiter nos schémas de pensée – pour préserver une planète en partage.

Suivi à 17h45 du film All That Breathes de Shaunak Sen, dans lequel deux frères mettent tout en œuvre pour sauver des milans noirs, majestueux rapaces migrateurs, victimes de la folie des hommes.

Avec Gabrielle Filteau-Chiba, Nastassja Martin, animé par Antoine Kauffer de la revue Billebaude.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Bivouac

Stock - 2023

Raphaëlle et Anouk ont passé l’hiver dans leur yourte en Gaspésie, hors du temps et du monde. À l’approche du printemps, Raphaëlle convainc sa compagne de rejoindre la communauté de la Ferme Orléane pour explorer la possibilité d’une agriculture et d’un vivre-ensemble révolutionnaires... ainsi que la promesse de suffisamment de conserves pour traverser les saisons froides, au chaud dans leur tanière.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

À l’est des rêves. Réponses even aux crises systémiques

La Découverte - 2022

Après avoir travaillé en Alaska avec le peuple Gwich’in, Nastassja Martin a franchi le détroit de Béring pour entamer une recherche comparative au Kamtchatka. Pendant l’époque soviétique, les Even, peuple nomade d’éleveurs de rennes, ont été sédentarisés dans des fermes collectives. Après la chute du régime, beaucoup ont continué d’être les bergers des rennes qui ne leur appartenaient plus, les troupeaux étant aux mains d’entreprises privées. Depuis l’ouverture de la région en 1991, les anciens kolkhozes du Kamtchatka se transforment en plateformes touristiques.

En 1989, juste avant la chute de l’Union soviétique, une famille even aurait décidé de repartir en forêt, recréer un mode de vie autonome fondé sur la chasse, la pêche et la cueillette. Était-ce une légende ? Comment un petit collectif violenté, spolié, asservi par les colons avant d’être oublié de la grande histoire s’est-il saisi de la crise systémique pour regagner son autonomie ?
Comment a-t-il fait pour renouer les fils ténus du dialogue quotidien qui le liait aux animaux et éléments, sans le secours des chamanes éliminés par le processus colonial ? Quelles manières de vivre les Even d’Icha ont-ils réinventées, pour continuer d’exister dans un monde rapidement transformé sous les coups de boutoir de l’extractivisme et du changement climatique ?

Dans ce livre, où les rêves performatifs et les histoires mythiques répondent aux politiques d’assimilation comme au dérèglement des écosystèmes, l’autrice fait dialoguer histoire coloniale et cosmologies autochtones en restituant leurs puissances aux voix multiples qui confèrent au monde sa vitalité.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La communauté terrestre

La Découverte - 2023

« La démocratie et le vivant constituent aujourd’hui les deux points d’entrée principaux pour ceux et celles qui désirent construire un monde habitable par tous et respirable pour tous. il est possible – du moins, je le pense – de réinventer la démocratie à partir de l’idée du vivant en tant qu’indétermination constitutive, capacité de métamorphose, de prolifération, d’ouverture radicale sur la multiplicité. »

Après Critique de la raison nègre (2013), Politiques de l’inimitié (2016) et Brutalisme (2020), Achille Mbembe, figure incontournable de la pensée postcoloniale et acteur majeur du paysage intellectuel mondial, poursuit ses réflexions approfondies sur notre monde contemporain en remettant au centre les pensées africaines, réservoir de la compréhension du monde.

Parler de la Terre, c’est en réalité avoir à l’esprit une chaîne symbiotique, l’étendue du vivant et ses innombrables manifestations. Les humains, les espèces animales, végétales et minérales, les microbes, bactéries et virus, ainsi que les dispositifs technologiques et autres appareillages artificiels en font inséparablement partie.
Tel est aussi le cas, du moins dans les pensées animistes africaines, de toutes les forces invisibles, des génies, des esprits et des masques. Prenant fermement appui sur l’insondable richesse de ces pensées, Achille Mbembe propose dans cet essai une puissante réflexion sur la Terre, ses devenirs, et surtout la sorte de communauté qu’elle forme avec la cohorte des espèces animées et inanimées qui l’habitent, y ont trouvé refuge ou y séjournent. Il montre comment notre relation fondamentale à la Terre ne peut être que celle de l’habitant et du passant. C’est en tant qu’habitant et passant qu’elle nous accueille et nous abrite, qu’elle entretient les traces de notre passage, celles qui parlent en notre nom et en mémoire de qui nous aurons été avec d’autres, au milieu d’eux. C’est à ce titre qu’elle est la toute dernière des utopies, la pierre d’angle d’une nouvelle conscience planétaire.