Sam. 18h, salle Maupertuis

Écrire la guerre : le temps du récit, le temps de la fiction

21 mai 2023.
 

«  Les seuls à croire encore au monde sont les artistes. Ils ne peuvent se permettre d’être étranger au monde   », disait Hannah Arendt. Et inexorablement, face au néant des violences de la guerre, ils racontent, donnent forme, créent, ouvrent les portes du possible. Pour envisager la reconstruction, et par les traces de l’écriture répondre au nihilisme. Quand le récit laisse-t-il place à la fiction ? Comment créer face au pire ?

Une rencontre animée par Yann Nicol, avec Samar Yazbek, Faruk Šehić, Neil Hegarty. Interprètes : Hélène Bury et Morgane Saysana.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La surface de l’eau

Joëlle Losfeld - 2022

Alors qu’il vit ses derniers instants à Derry, Patrick Jackson se remémore une histoire de famille, marquée par le secret, le silence, et qui semble défier toutes les lois de la morale religieuse. Il se souvient de la mort d’une enfant de huit ans, dont le corps a été retrouvé sur le littoral du lough Swilly, au milieu d’un terre-plein appelé Inch Levels.
À l’hôpital, il reçoit la visite de sa sœur Margaret, une jeune femme perturbée mais aimante, de son beau-frère Robert, qu’il méprise, ainsi que de sa mère, la rude et austère Sarah. Tous pourraient évoquer certains événements qui, aujourd’hui, semblent expliquer l’échec de leurs rapports familiaux ; mais chez eux, le non-dit est devenu une routine.
Un roman obsédant qui nous plonge au cœur des paysages hostiles, mais toujours sublimes, de la côte nord-irlandaise.

Traduit de l’anglais (Irlande) par Mona de Pracontal

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Le livre de l’Una

Agullo - 2023

Le livre de l’Una est le récit d’un homme, ancien combattant dans l’armée de Bosnie-Herzégovine durant la guerre de 1992-1995, qui replonge à l’occasion d’une séance d’hypnose dans son histoire et tâche d’en recoller les morceaux éclatés.
Dans sa transe, le narrateur se fait archiviste et chroniqueur du passé. Il y a le pays disparu, la guerre récente et ses horreurs, les tueries, les amis enterrés ; le présent et la vie de vétéran, traumatisé et déphasé au regard du monde et de ses contemporains ; hanté par un démon intérieur, un double maléfique. Mais il y a aussi une déclaration d’amour à sa ville, Bosanska Krupa, et à sa rivière, l’Una. Toute son enfance s’est déroulée là, dans la maison de sa grand-mère, au bord de l’eau, parmi les enfants et les poissons. Un monde aquatique et onirique qu’il évoque avec une grande poésie. Des paysages qui ne sont pas encore le champ de ruines qui surgira sans s’annoncer. C’est là qu’était la vie, et c’est par ces retrouvailles que passent sans doute le salut et la reconstruction.
Le livre de l’Una est un roman poignant, lyrique et pudique, qui parle de la reconquête de la vie sur la mort et la destruction.

Traduit du bosnien par Olivier Lannuzel


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La demeure du vent

Stock - 2023

Ali, un soldat de l’armée syrienne de 19 ans, gît à quelques pas d’un arbre. Il a une vision, celle d’un enterrement. S’agit-il du sien ? Tandis qu’il reprend ses esprits, Ali se souvient : c’étaient les funérailles de son frère. Il y a un an peut-être.

Ali comprend alors qu’il a dû être blessé par une bombe et tente de localiser la douleur, d’identifier la blessure. Son désir le plus cher est de s’envoler jusqu’à l’une des branches de l’arbre. Les arbres ont toujours été son refuge, sa maison. Ils n’ont pas de secret pour lui. Là-haut, il serait également à l’abri des animaux sauvages après le coucher du soleil.

Tout en essayant péniblement de s’en rapprocher, Ali se remémore différents épisodes de sa vie, de sa naissance auréolée de mystère à la gardienne presque centenaire du sanctuaire de son village qui l’initie à leur foi ancestrale, jusqu’à son arrivée au poste de contrôle de l’armée où il est enrôlé de force.

Enfant silencieux et contemplatif, inadapté à l’école, Ali est d’une rare force et agilité. Sa sensibilité ainsi que son amour et sa profonde compréhension de la nature lui confèrent une aura presque mystique. Son chemin semblait tout tracé, menant ultimement au sanctuaire et aux arbres qui l’ont vu naître. Mais la guerre en a décidé autrement…

Dans La demeure du vent, Samar Yazbek explore avec force et poésie la puissance de la nature, et la vanité des hommes. Elle révèle la richesse de la foi alaouite et sa relation aux éléments. Au cœur du roman, un appel universel au retour à la terre au sens le plus primitif.

Un grand texte sur la beauté et l’âpreté de la vie.

Traduit de l’arabe (Syrie) par Khaled Osman et Ola Mehanna