Dim. 16h15, Rotonde Surcouf

La fiction comme nourriture à l’action

21 mai 2023.
 

La littérature n’est pas à côté du monde. Elle le contient dans sa réalité sociale, politique, historique, rompant les segmentations, mêlant les strates. A-t-elle ainsi un potentiel politique ? Face à un monde détraqué, une sidération paralysante, puisons dans la littérature. Elle nous donne la possibilité de croire à notre pouvoir d’action sur les choses, de croire au sens des mots et en leur mise en acte et de refuser l’assignation. Nous avons besoin de héros, d’antihéros, qui créent l’étincelle en nous pour agir sur le réel.

Une rencontre animée par Julien Bisson du 1 des libraires, avec trois auteurs et autrices habité·es par l’éthique de l’engagement. Le héros de Laurent Gaudé dans Chien 51 se rebelle face à un monde privé de mémoire. Où puise-t-il les ressources de transmettre ce qui doit être oublié ? L’œuvre de Justine Augier (Croire) porte la conviction que la littérature a ce pouvoir unique de transmettre des idées et de nous ramener au monde. Le romancier Hubert Haddad poursuit avec sa revue Apulée son engagement pour la liberté absolue de l’écrivain, pour la passion de transmettre et contre l’enfermement.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit
Essais

Croire

Actes Sud - 2023

Justine Augier, qui pratique et incarne une forme de pudeur et d’éthique littéraires assez uniques, voit son projet d’écrire sur la littérature comme lieu de l’engagement entrer en collision avec la maladie et bientôt la mort de sa mère. Alors que la nature même de l’urgence mute, l’intime et l’universel se tressent dans un texte bouleversant de justesse et de clairvoyance. Et qui rappelle le potentiel devenir résistant de chaque lecteur.

À l’intersection du littéraire et du politique un livre bref et fulgurant qui trouve sa place entre Hannah Arendt et Joan Didion. Pas moins.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé

Actes Sud - 2024

Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles s’apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s’autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n’annonce encore l’horreur imminente.

Laurent Gaudé signe, avec “Terrasses”, un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l’humanité qui éclot au cœur d’une nuit déchirée par l’impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.