Dim. 16h30, Salle Sainte-Anne

Improvisations

23 mai 2022.
 

Comment écrire les gouttes de pluie, peindre sous le vent, composer parmi les cris ? Comment surprendre la vérité d’un visage sur une pellicule, un instant, pour raconter la longue histoire de l’humanité qui chante et qui boite ? Sinon, par les films sur l’écran, les mots sur la page, les couleurs sur la toile et les sons des notes qui résonnent dans l’univers. Improviser, telle une éclaircie après la pluie. Créer, comme le cycle des saisons qui revient et nous apprend la vie. Improviser et composer une œuvre, entre la seconde et le siècle.
Avec Gilles Mouellic, Jean-Luc Tamby, Matthieu Dorval, Alexis Gloaguen et Yvon Le Men

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Mystérieuses bleuités. À l’écoute d’Édouard Glissant et de Miles Davis

Éditions de l’Institut du Tout-Monde - 2022

Contempler parallèlement son style d’écriture avec le style de jazz de Miles Davis, c’est une tâche que me proposa Édouard Glissant lui-même, au cours d’un entretien qu’il m’accorda en juillet 2005. J’étais venu le rencontrer dans le Pays Basque où il se produisait avec Bernard Lubat, alors que je commençais un travail de doctorat sur les relations de son œuvre avec la musique.

Se livrer à une écoute musicale de l’écriture d’Édouard Glissant et à une lecture poétique de la musique de Miles Davis, implique que l’on consente à la démesure de la métaphore, mais aussi à la démesure de ces créateurs titanesques, dont l’œuvre est si difficile à cerner et à circonscrire dans des genres ou des procédés. Une telle écoute exige paradoxalement une attention constante à la précision de l’écriture, à la rigueur des choix formels qui dictèrent l’évolution des musiques.

À travers onze chapitres traitant notamment de l’improvisation et de l’écriture, du lien entre le sens et le son, du lyrisme et du rythme, ce livre tente de s’approcher d’une « grammaire de la création » commune aux deux artistes, sans ignorer que de tels univers sont par essence à l’abri de toute réduction mécaniste, protégés par cette « mystérieuse bleuité » dont parle Édouard Glissant et que Sylvie Séma nous laisse entrevoir dans son œuvre picturale.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Journal

J’irai là où tout a commencé

Éditions Dialogues - 2021

Matthieu Dorval est un artiste qui vit sur les rives de la baie de Douarnenez à la pointe de la Bretagne, là où les vagues explosent et les tempêtes mugissent. Un beau matin de fin d’été, il a pris son sac de pérégrin et s’en est allé loin, bien loin. À pied par les sentiers. Il a pris ses pinceaux et pour la première fois la plume. Il s’agissait bien de recouvrance et de délivrance. 

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Coeur de cobalt - Écrire sur l’art

Diabase - 2024

Les rencontres avec des artistes vivants et leurs univers m’apportèrent beaucoup. Elles me sortirent de la solitude de l’écrivain, d’un monde entièrement construit et truellé en intérieur de coquille, autant que des tentations de l’égo. Je pus écouter les points de vue d’autres créateurs.

Écrire sur l’art, c’est […] avancer du regard dans un espace : s’y reconnaître et l’habiter. Comme sur un sol, on peut s’arrêter dans un tableau ou accélérer, modifier l’angle de vue et la mesure, sélectionner ce qui nous touche, dans une démarche affective et sans chercher à être complet. L’œuvre fût-elle abstraite, cela ne change rien.

C’est faire le pari que, par un pouvoir évocateur, les mots restituent la vision. Il faut aussi que, ainsi que les œuvres elles-mêmes, ils évoquent plus que la peinture : l’amour, la mort, les échéances de la vie.

Alexis Gloaguen

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Les continents sont des radeaux perdus : Tome 4, Un passeport pour la vie

Bruno Doucey - 2024

Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.

« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds

m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd

dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays

ils font de l’inconnu
un étranger. »