Dim. 10h, Salle Sainte-Anne

Poésie persane et poésie pachtoune, d’hier et d’aujourd’hui

23 mai 2022.
 

Aujourd’hui, dans la situation dramatique à tous égards que connaît ce pays, quelle est la place de la poésie ?
Pitié pour le cœur qui n’a reçu le moindre signe de Toi !
Mort, le corps sans le message de l’âme.
Stérile, la parole d’amour étrangère à la souffrance.
Seul écoute le cœur et seul parle le verbe.

Ces vers de Djalâl-od-Dîn Rûmî grand poète mystique né à Balkh, dans le nord de l’Afghanistan, parlent au cœur de tous les Afghans. La poésie a toujours tenu une place particulière dans la culture et la vie de tous les jours. Le livre des Rois de Ferdowsi, Le Jardin des roses de Saadi, le Divân de Hafez, les quatrains d’Omar Khayâm, La Conférence des oiseaux d’Attaret et bien d’autres œuvres marquantes de la poésie persane étaient associées à tous les moments de la vie. Dire aux amis des vers de ses poètes préférés était un plaisir sans cesse renouvelé, particulièrement à Herat, la ville natale du grand poète soufi Ansari. Ustad Sarahang, le plus grand chanteur classique de son temps, chantait les poèmes de Bedel. Cet amour des Afghans pour la poésie traduisait une certaine façon de sentir le monde qui était l’esprit même d’un peuple.
Riche d’une tradition orale séculaire, la poésie pachtoune s’est développée au XXè siècle, grâce notamment au plus grand poète afghan contemporain, Sayed Bahodine Majrouh, dont l’œuvre maîtresse, Le Voyageur de Minuit est disponible dans une excellente traduction. C’est lui également qui nous a fait connaître les "landays", courts poèmes oraux généralement écrits par des femmes, véritables cris de rébellion contre l’oppression, qui chantent la guerre, l’exil, la souffrance, l’amour.
Avec Najib Manalaï, Leili Anvar, Atiq Rahimi et Michael Barry.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Le cri des femmes afghanes

Bruno Doucey - 2022

Anthologie établie et traduite par Leili Anvar

Préface par Atiq Rahimi

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Le mot de l’éditeur :

Il existe « un cri du silence » comme il existe des silhouettes sans visage et des visages sans voix. En Afghanistan, depuis longtemps déjà, l’oiseau noir de la peur paraît s’être juché sur l’épaule des femmes. Du monde libre qui est le nôtre, nous les imaginons invisibles et muettes sous la burqa, condamnées à la misogynie aveugle, recluses dans le poing d’une domination archaïque. Pourtant en Afghanistan, comme ici, des femmes lisent et écrivent. Des vers. Des chants. De la poésie. Des mots qui ouvrent en elles, et autour d’elles, un espace de liberté où ce qui est interdit, tabou, bafoué, vient sourdre comme une source à la surface de la terre. Les langues se délient. Les corps parlent. L’âme trouve une voix. Et l’eau de leurs poèmes irrigue le monde d’une espérance que l’on n’attendait plus. Oui, le courage des femmes dévoile ici son vrai visage.

Extrait :

« La nuit, les étoiles
Brûlent de douleur avec nous
La nuit, les nuages
Pleurent de chagrin avec nous
La nuit, les feuilles
Tremblent de peur avec nous
La nuit, les vents
Soufflent de rage avec nous
Et nous, dans les ténèbres de ces nuits
Débordant de cris sans voix
Avec la torche de nos prières
C’est l’aube que nous attendons… »

– Parvin Pejvâk

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Si seulement la nuit

P.O.L. - 2022

Confinés séparément, le père et la fille ont entretenu un échange épistolaire en 2020 pour s’encourager, raconter à l’autre son quotidien et se donner des nouvelles rassurantes. Mais très vite leur correspondance, émouvante et inquiète, s’assombrit, vire à l’écriture tourmentée de soi, et s’engage dans le récit d’une famille bouleversée par la politique, l’exil et l’art.

Le père, écrivain et cinéaste d’origine afghane, est incapable d’écrire un mot de fiction, de reprendre l’écriture de son roman. Il se croit alors enfermé dans un monde virtuel. Sa fille, née en France de parents exilés, étudiante en art dramatique, s’interroge sur son identité réelle. Ce sont ses mots et ses interrogations, à elle, qui ramène son père à la réalité du monde actuel, et à la réminiscence de son passé douloureux, volatile. Le passé ressurgit entre eux comme un fantôme encombrant, et que le père et la fille ont bien du mal à partager.

Alors que les nouvelles de l’Afghanistan sont chaque jour de plus en plus angoissantes, le père parvient à raconter ce qu’il n’avait jamais dit à sa fille : la fuite de Kaboul, l’invraisemblable périple jusqu’au Pakistan, la famille, les amis abandonnés ou disparus.
Ainsi deux générations, en s’écrivant, racontent le monde, la vie et les sentiments d’une famille exilée. Le père vit dans la nostalgie et l’inquiétude des événements, la fille s’interroge sur son identité et veut croire en l’avenir. Une transmission est-elle encore possible ? Et derrière les mots échangés, qui se révèle ? et qui se cache toujours ?

 

DERNIER OUVRAGE

 

Le Cri afghan

L’Asiathèque - 2021

Les racines du drame afghan

Dans cet ouvrage éclairant et bouleversant, Michael Barry répercute le cri de détresse de millions d’Afghans, alors que leur pays martyr vient de retomber sous le joug des Tâlebân.
Acteur humanitaire engagé, grand connaisseur de l’art islamique et des civilisations d’Asie centrale, Michael Barry a vécu de près bien des tragédies de l’Afghanistan. Il raconte l’histoire de ce pays qui fut un centre politique et culturel de grande importance, reprend pas à pas les étapes qui ont mené à la situation actuelle et analyse les différentes tendances des mouvements islamistes, l’illusion qu’a constituée l’instauration d’un État communiste et laïque, l’invasion soviétique, la montée d’al-Qâ‘ida et de Dâ‘esh, les erreurs des États-Unis, le rôle complexe du Pakistan.
Pour Michael Barry, le manque de considération envers les femmes est un problème majeur ; ce n’est qu’en prenant en compte leur place légitime dans la société que le pays pourra vivre dans la paix et la dignité. Il nous rappelle avec force que la condition de la femme, où que ce soit dans le monde, nous concerne tous.