L’autre espèce

29 avril 2022.
 

Avec un mélange d’appréhension et de curiosité, Lise marcha vers la troublante épave. Quand elle se rapprocha un peu plus, elle découvrit que c’était vraiment un corps mais il n’était pas humain, il avait bien deux jambes, deux bras, et 10 doigts mais son visage n’avait rien d’humain, ses yeux changeaient sans cesse de couleur, le contour de ses yeux avait des ailes incrustées sous la peau, sa bouche en revanche semblait normale quoi qu’un peu trop rouge pour un humain. Lise pris peur et recula de quelques pas en arrière, est-ce que cette « personne » était morte ? Que devait-elle faire ? Puis comme fascinée par cette nouvelle espèce elle se rapprocha à nouveau prudemment mais d’un coup la troublante épave se mit à bouger et à cracher du sang, beaucoup de sang. Il dit : « Maria manka ne ». Lise avait eu la bonne idée de prendre grec et latin au collège mais ce n’était pas ces langues anciennes pourtant elle en était presque sûr cela signifiait : « Maria, tu nous as manqué. ». Le seul problème, c’est qu’elle ne s’appelait pas Maria, mais ce prénom était celui de sa mère. Lise eu alors comme un flash, elle se revit à l’âge de cinq sur le lit de sa mère, cette dernière lui racontant une histoire, une histoire merveilleuse d’une autre espèce semblable mais qui ne voulait pas avancer sur la même voie technologique que nous. Ces êtres aux allures féeriques se retirèrent alors dans les forêts pour ne plus avoir de contact avec les humains et profiter de la nature de laquelle ils tenaient leur énergie. C’est avec cette énergie qu’ils avaient construit des barrières isolant leur habitat et les rendant invisible aux yeux des humains. La petite Lise était si émerveillée par cette histoire incroyable qu’elle demandait tous les soirs à sa mère de lui conter les récits de ce peuple magnifique, jusqu’à sa mort. Elle avait presque tout oublié de sa mère, elle avait chassé chaque souvenir car ils étaient trop douloureux. Lise sortit de ces pensées lorsque l’homme se remit à bouger, elle constata qu’il était très gravement blessé à la tête, il semblerait qu’une pierre l’ai violemment frappée sûrement durant la tempête… Lise voulut s’approcher pour tenter de le soigner mais il ferma les yeux et de sa bouche s’évapora une fumée à l’odeur de noisette qui s’enfuit vers le ciel. La seconde suivante, son corps se décomposa en petites boules lumineuses blanches et roses, ces sphères brillantes firent le tour de Lise et lui ébouriffèrent les cheveux. Après cela les boules semblaient vouloir mener Lise vers la forêt. Lise curieuse décida de les suivre.

Lorsqu’elle pénétra dans la forêt, Lise découvrit la chose la plus incroyable qu’elle n’ait jamais vu, la forêt était rempli de papillons de toutes les couleurs, les feuilles des arbres avaient des couleurs pastelles et comme si cela ne suffisait pas à son émerveillement il y avait de magnifiques petits cœurs qui volaient autour des fleurs. Cet endroit était le contraire du paysage dévasté par la tempête qu’il y avait quelques mètres derrière elle. Plus loin elle aperçut une sorte de ville au milieu des arbres. La ville était éclairée par des ampoules dans les feuillages, les bâtiments chargée d’histoire étaient en bois avec de belles moulures. Lise était comme fascinée par tout cela, mais le rêve fut de courte durée car des gardes armés venaient de se positionner en cercle tout autour d’elle. Elle n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait, qu’elle était déjà en prison.

La cellule est assez petite, comme le reste de la ville les murs étaient en bois, il y avait juste un petit lit qui n’avait même pas de matelas pour dormir. Lise essayait de comprendre ce que les gardes disaient mais ils n’articulaient pas assez et ils étaient trop loin. Elle tenta alors de trouver les mots dans cette langue inconnue mais si elle parvenait à la comprendre impossible de la parler. Lise essaya donc d’expliquer dans sa langue qu’elle était innocente et qu’elle ignorait tout de ce pays, mais personne ne semblait la comprendre. Au bout de ce qui lui sembla des heures, les gardes qui surveillaient sa cellule s’agenouillèrent et une femme coiffée d’une couronne fit son entrée. Son visage étaient comme ceux des gardes et de la personne qu’elle avait vu sur la plage quelques heures auparavant, mais plus raffiné que les leurs. Ses yeux aussi changeaient sans cesse de couleurs mais les ailes près de ses yeux étaient bien plus grandes, sa bouche était fine et d’un rouge vif assorti à sa longue robe, cette dernière était magnifique, le tissu rouge était parsemé de fleurs roses et bleues qui devait symboliser la nature. Lise comprit de suite que cette personne était importante dans cette ville. La jeune femme se dirigea vers la porte de la cellule de Lise puis se mit à l’observer sans un mot, Lise était impressionnée et resta également silencieuse. Après un long moment, le femme baissa les yeux et déclara ce que Lise comprit comme « Non, ce n’est pas Maria ». La femme allait partir lorsque Lise remarqua son collier, ce collier elle le connaissait, il ressemblait beaucoup à celui de sa mère. Sortit de nulle part, Lise pointa le collier du doigt et prononça le mot « Mamn » qui signifiait maman. La femme eu l’air choquée puis après l’avoir à nouveau observer s’exprima en un français approximatif et avec un accent charmant « Toi fille de Maria ? ». Lise fit oui de la tête, la femme eu l’air si heureuse, elle tenta de lui expliquer qu’il n’existait que deux colliers de ce type pour les deux filles du roi.

Après un long discourt, Lise comprit que sa mère avait une sœur et que cette tante, qui se tenait devant elle, était la reine du royaume féerique d’Ephédria. Sa tante, Morley, était ravie d’apprendre que sa bien-aimé sœur avait eu une fille et lui fit visiter la ville et le château où avait vécu sa mère petite. Elle montra à Lise la chambre où elle allait dormir, c’était l’ancienne chambre de sa mère, la reine lui expliqua que rien n’avait bougé depuis son départ. Les murs ainsi que le sol de cette chambre spacieuse était en bois de chêne, le lit était imposant (et cette fois-ci il y avait un matelas), du lierre et des lampes recouvraient les murs ce qui donnait à la pièce un aspect très cocooning. Lise s’avança à droite du lit et découvrit une belle bibliothèque avec pleins de livres anciens. Morley finit par prendre congé pour aller dormir.

Lise admira un long moment la chambre de sa mère puis se laissa finalement tomber sur le lit qui rebondit sous son poids. Elle plaça l’oreiller sous sa tête, mais elle ne le trouva pas confortable, elle mit donc la main dessous et découvrit une sorte de carnet, elle le saisi et le regarda à la lumière. Elle souleva la première page avec beaucoup de précaution comme s’il allait se briser sous ses doigts et comme elle l’espérait elle découvrit joliment calligraphié le nom de sa mère. Ce carnet était son journal intime, Lise eu du mal au début à lire car l’écriture de sa mère était des fois difficile à déchiffrer. Maria racontait sa vie au château, les galas, les rencontres avec les princes des autres pays cachés car son père voulait absolument qu’elle se marie mais surtout Lise découvrit le plus important, la rencontre avec son père, un humain, Michael Belano. La barrière qui protégeait son peuple empêchait aussi tout contact avec l’extérieur, mais le passage était ouvert un jour par an et en cette belle journée à l’age de15 ans Maria rencontra un jeune homme venu admirer la mer mais qui s’était égaré. Cette rencontre fortuite fut merveilleuse. Durant 3 années Michael et Maria se retrouvait une fois par an, près d’un lac scintillant, et le reste du temps ils se languissaient l’un de l’autre. Lise se mit à pleurer lorsqu’elle lut le passage ou sa mère décrivait la demande en mariage de Michael, puis se mit en colère lorsqu’elle comprit au fil des pages que le père de Maria n’accepterait jamais cette union. Lise se sentit particulièrement insultée lorsqu’elle lu que le père de Maria pensait que les humains sentaient le pétrole, l’essence et les égouts alors que les membres de leur royaume sentait la noisette. Lise finit par s’endormir, elle rêva de sa mère qui avait du fuir son peuple par amour et se cacher parmi les humains en dissimulant ces traits. Pour la première fois elle était heureuse de repenser à sa mère, ce peuple bien qu’opposé aux humains étaient un peuple paisible. Lise se réveilla avec l’envie d’en apprendre plus sur le peuple d’Ephédria car après tout elle était à moitié Ephédrienne et qui ne rêve pas de faire partie d’une famille royale !

Un an plus tard, Lise avait beaucoup changé, elle s’était recentrée sur l’essentiel, réconciliée avec son passée et sa mère. Son séjour avec le peuple de Ephédria lui avait ouvert les yeux, un monde meilleur était possible pour les humains comme pour les Ephédriens, ils avaient tant à gagner à partager leur culture, leurs croyances et leurs découvertes. Lise avait pour projet de devenir une sorte de passerelle entre ses deux peuples, elle pensait être en mesure de ré-enchanter ces mondes qui depuis bien trop longtemps étaient en froid. Lise franchit la barrière et retourna à l’endroit ou elle avait rencontrait celui qui l’avait conduit dans forêt, elle le savait à présent il s’appelait Orens, c’était un père de famille qui aimé chaque année, le jour de l’ouverture de la barrière, venir admirer la mer mais l’an dernier il s’était tristement fait surprendre par la tempête. Elle ne le remerciera jamais assez d’avoir changé sa vie. Lise pris une des fleur qu’elle avait dans les cheveux et la déposa là ou il s’était changé en lumière...