Avec un mélange d’appréhension et de curiosité, Lise marcha vers cette troublante épave. Pendant qu’elle explorait les environs, elle eut une migraine ainsi que des vertiges, les bruits autour d’elle résonnaient dans ses oreilles. Elle continua d’avancer et se posa deux minutes sur un tronc d’arbre qui était échoué non loin d’elle. Elle ne sentait plus ses membres, elle essaya de bouger et de crier mais n’y arriva pas. Elle vit une ombre près de la mystérieuse épave et d’un seul coup plus rien.
Elle se réveilla, confuse. Un chien, qui était endormi à son chevet, ouvrit les yeux et se redressa. Il partit de la pièce où était Lise. Même pas une minute plus tard, un jeune homme plutôt musclé, aux yeux marron et aux cheveux châtains, assez grand, lui ramena un chocolat chaud et s’assit au bout du lit. Lise, qui ne se souvenait plus de rien, se recroquevilla et ferma les yeux. Le jeune homme s’approcha d’elle. Elle put ainsi sentir la douce odeur de l’inconnu. Elle ouvrit enfin les yeux et l’étranger se leva.
Lise arriva enfin à parler.
« Qui êtes-vous ? » l’interrogea-t-elle.
« Je m’appelle Maëlan » lui répondit le jeune étranger.
« Je m’appelle- » commença Lise.
Maëlan la coupa.
« Lise, tu t’appelles Lise, c‘est exact ? » interrogea Maëlan, sûr de sa réponse.
« Oui, comment le savez-vous ? » demanda-t-elle.
« Tu parles dans ton sommeil, et tu peux me tutoyer. Nous avons assez discuté, viens avec moi » lui dit Maëlan.
Il l’emmena dans une écurie : il y avait des dizaines de chevaux mais un seul l’interpella. Un étalon nommé Mystic, il était gris et blanc on aurait dit un Connemara.
« Il est beau n’est-ce pas ? C’était celui de ma sœur » dit Maëlan.
Il sortit l’étalon, le sella et le donna à Lise.
« Va où le vent te portera, traverse des champs, des rivières et plein d’autres endroits. Mystic sait où aller, laisse-le te guider, fais-lui confiance et ramène-moi la première brindille dorée que tu trouveras dès que Mystic s’arrêtera. Bonne chance ! » Lise resta bouche bée devant les événements qui venaient de se produire.
Elle chevaucha son nouveau compagnon de voyage et celui-ci partit au grand galop. Au moment où Mystic s’élança, Lise se demanda pourquoi Maëlan avait besoin de cette brindille. Elle se demanda également pourquoi elle écoutait les souhaits du jeune homme. Était-ce par amour ? Ou avait-elle besoin de vivre une aventure ? Elle n’en n’avait aucune idée même si Maëlan l’attirait beaucoup.
Cela devait faire deux mois que Lise n’avait pas revu Maëlan. Mystic et la jeune fille avaient galopé longtemps, durant les nuits ; ils se reposaient surtout la journée. Elle n’avait pas encore trouvé le si précieux bout de bois de Maëlan. Un après midi, Lise se retrouva dans un champ de coquelicots et vit une grotte scintillante. Elle fit galoper Mystic mais celui-ci se dirigea vers cette mystérieuse caverne.
Enfin arrivée à l’intérieur, Lisa attacha son étalon et partit à l’exploration. Des arbustes ainsi que des fleurs scintillaient, c’était bon signe. Elle continua et tomba sur un de ses pires cauchemars : des serpents. Elle décida de se calmer et d’échapper aux reptiles en sautant au-dessus, en s’aidant de lianes. Elle réussit à passer après plusieurs minutes terrifiantes. Soudain, elle vit la fameuse brindille. Elle courut vers celle-ci et l’attrapa. Elle ressortit de la grotte, monta sur Mystic et partit chez Maëlan. Elle passa des journées à galoper pour le rejoindre.
Au bout d’un mois elle se retrouva près de la maison où elle avait rencontré le jeune homme. Elle descendit de Mystic et frappa à la porte. Personne n’ouvrit ; elle entra et un phœnix s’envola par la petite ouverture que Lise venait de faire.
« Y a-t-il quelqu’un ? » demanda-t-elle. Un silence glacial s’introduit dans la pièce.
Personne ne semblait présent, la maison était dans un piteux état. D’un seul coup, elle entendit une autre porte grincer et elle vit sur le parquet, l’ombre de celle-ci s’ouvrir de plus en plus. Elle se retourna brusquement en entendant Mystic hennir. Lise vit le phœnix se métamorphoser plusieurs fois. Elle crut voir le visage de Maëlan, puis, plus rien.
Lise se réveilla subitement près de l’épave où elle avait rencontré le jeune inconnu. Mystic était allongé au sol, respirant fortement. Lise s’approcha de son étalon et vit une larme couler de son œil droit. Il souffrait. Elle décida alors d’apaiser les douleurs de son compagnon en allant chercher un fusil qu’elle avait aperçu à l’entrée du navire. Elle savait qu’il ne lui en voudrait pas : Mystic ne souffrirait plus. Elle revint l’arme à la main, s’agenouilla près du majestueux étalon et lui dit :
« Tu as été la plus belle rencontre de ma vie, je ne pensais pas que notre aventure ensemble s’achèverait maintenant alors que nous étions tout près du but. Tu mérites tout le bonheur possible, tu seras mon protecteur de là haut. Je t’aime Mystic. » Elle lui fit un câlin, ferma les yeux et appuya sur la gâchette en direction du cœur de l’animal. C’était fait... Lise décida de l’enterrer sous un arbre où il y avait des lys.
Elle se dit d’abord qu’elle pourrait emprunter un autre cheval pour rattraper le jeune homme mais cela ne servirait à rien car elle ne savait même pas depuis quand il était parti ni dans quelle direction.
Lise sentit alors sa vie s’écrouler. Il n’y avait plus son étalon ni le garçon pour lequel elle avait craqué. Il était bientôt onze heures, elle décida de retourner à son lycée. Enfin arrivée, elle s’assit toute seule au fond de la classe comme elle en avait l’habitude. Lise n’avait pas d’amis, elle n’avait que ses livres. Les mois passèrent et toujours aucune nouvelle de Maëlan. Lise gardait espoir de le revoir. Mais cela n’arriva pas.
Un jour, en heure de vie de classe, l’enseignante de Lise annonça la venue d’un nouvel élève. La semaine passa comme toutes les autres et le premier jour du nouveau arriva. Lise ne l’avait pas encore vu. Elle alla en cours de biologie, s’assit au fond de la classe et plongea la tête dans ses livres. Le professeur fit entrer le nouveau et commença à le présenter. Lise n’écoutait pas jusqu’au moment où l’enseignant prononça le prénom « Maëlan ». Dès quelle l’entendit, elle leva la tête et croisa le regard de celui dont elle rêvait toutes les nuits.
Le professeur invita Maëlan à s’installer à côté de Lise. Dès qu’il arriva auprès d’elle, elle se leva et lui sauta dans les bras. Le jeune homme prit Lise par la main en disant au professeur qu’ils allaient à l’infirmerie. Mais, en réalité, ils quittèrent l’établissement. Ils discutèrent, se racontèrent toute l’histoire et s’endormirent, ensemble, tard dans la nuit.
Le lendemain, à l’aube, un bruit terrifiant réveilla Maëlan et Lise. C’était la brindille que Lise avait trouvée et cachée dans une armoire. Elle le fixa dans les yeux et vit les yeux bruns de celui-ci se changer tout à coup en doré.
« Comment est-ce possible ? Tes… tes yeux !? » cria Lise.
« Calme-toi, je vais tout t’expliquer » lui répondit Maëlan. « Ce changement de couleur dans mes yeux, c’est comme une malédiction. Je peux me transformer en différentes créatures. Et c’est pour cela que j’ai besoin de la brindille. Elle va me soigner. Dès que je l’aurai ajoutée à certains ingrédients, je n’aurais plus ce mauvais sort. »
Lise, toujours sous le choc, se rappela d’une chose :
« Je... je t’ai vu l’autre jour, quand tu étais transformé... » bégaya-t-elle.
« Je vais prendre la mixture cette nuit avant minuit. » l’informa Maëlan. Lise fit un signe de la tête pour acquiescer.
Il faisait nuit à présent. La jeune fille s’approcha de son ami qui avait l’air stressé et lui déposa un baiser sur la joue. Ils se regardèrent avec intensité : il était l’heure. Maëlan inspira à fond et but la mixture. La lueur dans ses yeux s’éteignit. Le jeune homme se retourna, alors, joyeux. Quand il croisa le regard de Lise, il vit la couleur noisette de ses yeux se changer en doré. Il comprit alors ce qu’il venait de se produire...