dimanche 14:30 (Tunis)/15:30 (Paris)

L’Europe et la place des langues

Avec BESSORA, Laurent GAUDÉ, Grégoire POLET

14 octobre 2021.
 

L’Europe ne se résume pas à des institutions : elle est d’abord une histoire, faite d’affrontements épouvantables et de flamboiements extraordinaires, de créativité artistique et de spiritualité, à travers lesquelles se sont inventées des valeurs, une certaine idée de l’homme et de l’art, qui sont notre bien le plus précieux : notre patrie commune. Nous sommes, tous, les héritiers de Rabelais, Dante, Cervantès, Shakespeare, Goethe ou Hugo. Quel rôle la littérature joue-t-elle dans la construction de cette patrie commune ? Penser un « être ensemble » européen, c’est penser nécessairement à une « maison commune », une manière singulière à inventer, de concevoir une appartenance vécue et assumée par chacun à une communauté de destin qui se tisserait d’une pluralité de cultures vécue comme richesse et non problème – bref, de concevoir une manière nouvelle de conjuguer l’un et le multiple. La langue de l’Europe : non pas une novlangue commune, mais la traduction ? La maison commune européenne : une maison des identités plurielles, des appartenances multiples, hybrides, dont les fondations seraient aussi la perception des valeurs communes de ce qui a été l’Europe de la culture ? Rencontre avec trois écrivains-monde, résolument européens.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Vous les ancêtres

JC Lattès - 2023

Née en Cornouailles, Jane est accusée de vol et déportée aux Amériques en 1684. Cette boiteuse sert durant 7 ans dans une plantation où elle se lie d’amitié avec Sarah, une esclave. Elle apprend à lire dans la bible durant sa captivité, et découvre un verset qui promet une descendance puissante à une boiteuse affligée. Elle ? Libérée, elle acquiert une ferme et un esclave dont elle devient l’épouse en dépit de la loi. Seront-ils à l’origine du peuple prophétisé dans l’ancien testament ? Deux siècles plus tard, au pays des hommes fiers, un homme, Johann, qui veut être explorateur, aventurier, découvre le secret de ses ancêtres : un secret qui gêne ses rêves de gloire, qui le rattache au clan des boiteux.

Tous les personnages de ce roman doivent se libérer : de chaines, visibles ou invisibles, des enfants qu’ils portent, des parents qui les dévorent, d’un asservissement. Ils traversent des mondes, se perdent, s’interrogent sur leur corps, leur identité, leur puissance secrète. Une narcisse s’attache à leur cœur et ne meurt jamais.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé

Actes Sud - 2024

Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles s’apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s’autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n’annonce encore l’horreur imminente.

Laurent Gaudé signe, avec “Terrasses”, un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l’humanité qui éclot au cœur d’une nuit déchirée par l’impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Pax

Gallimard - 2024

"Ça commence avec un bateau, le paquebot George Washington, qui emmène le président Wilson en Europe, et ça finira avec le même bateau ramenant le président Wilson aux États-Unis. Entre les deux, je noue des boucles de temps avec passages réguliers au point de Paris 1919, dans l’espoir par-ci par-là de faire apparaître des dieux le long du chemin." Dans ce voyage littéraire, Grégoire Polet traite la matière historique comme du souvenir personnel, vivant, où tout est intimement lié, tressé, aussi éloignés que les événements ou les personnages puissent paraître. L’écriture circule dans le temps comme le sang dans un corps, descendant dans le dix-huitième siècle, remontant vers aujourd’hui, retournant à 1919... Ainsi chemine-t-on en compagnie de Wilson, qui vient en Europe pour la paix de 1919, mais aussi de Da Ponte, le librettiste de Mozart, qui fait la traversée inverse un siècle plus tôt et s’installe à New York, ou de Goya, de Victor Hugo, de Marcel Proust, qui reçoit le Goncourt justement en 1919 et à qui le narrateur rend une visite importante pour sa compréhension du temps. Ce roman d’une grande virtuosité déborde d’un plaisir d’écriture communicatif. On en sort secoué, avec le sentiment d’avoir vécu une véritable aventure littéraire.