ASSOR Abigail

Maroc

29 avril 2021.

Avec son premier roman, « Aussi riche que le roi », la jeune autrice originaire de Casablanca nous plonge dans le Maroc des années de plomb, et dresse le portrait brutal et acide d’un pays marqué par de fortes disparités sociales. On y suit une héroïne issue d’un milieu pauvre prête à tout pour s’extirper de la misère et devenir riche. Tout en évitant les clichés éculés, la romancière nous emporte entre les riches quartiers de Casablanca et les lointains bidonvilles, et pointe du doigt les travers de la société marocaine, décortiquant les rapports de domination entre riches et pauvres, hommes et femmes. Un récit d’une grande force sur les illusions de pouvoir.

« Je voulais mon personnage victime du complexe de la langue française » (TelQuel)

 
 

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Romans

Aussi riche que le roi

Gallimard - 2021

« Il y avait l’odeur des brochettes, les gars des tables Coca-Cola qui la sifflaient : t’es belle petite, le bruit sur le terrain d’en face avec les chants du Raja, l’équipe de foot de Casa ; il y avait le vent frais de janvier, le tintement des canettes qui s’entrechoquaient, les insultes, les crachats ; et il y avait Driss, là, sur le côté. Elle le voyait, géant sur ses jambes courtes, une main tranquille sur l’épaule du flic, et l’autre fouillant sa poche pour lui glisser un petit billet de cent, sa bouche lançant quelques blagues entendues, un clin d’œil de temps en temps ; et le flic en face souriait, attrapait le billet, donnait à Driss une tape dans le dos, allez, prends une merguez, Sidi, ça me fait plaisir. Driss, le géant au milieu des pauvres, Driss le géant qu’elle venait d’embrasser, pensait Sarah ; avec son fric, il n’y aurait plus jamais de flic, plus jamais de lois — ce serait eux deux, la loi. »

Années 1990, Casablanca. Sarah n’a rien et à la sortie du lycée, elle rencontre Driss, qui a tout ; elle décide de le séduire, elle veut l’épouser. Sa course vers lui, c’est un chemin à travers Casa et ses tensions : les riches qui prennent toute la place, les joints fumés au bord de leurs piscines, les prostituées qui avortent dans des arrière-boutiques, les murmures faussement scandalisés, les petites bonnes harcelées, et l’envie d’aller ailleurs. Mais ailleurs, c’est loin.