PERRIGNON Judith

France

12 avril 2022.

S’imprégnant de lieux, d’époques et de personnages mythiques, de Vincent Van Gogh à Mohamed Ali, cette ancienne journaliste de Libération tire des fables romanesques captivantes. Cette année, elle nous plonge dans le Royaume-Uni des années Thatcher : de Londres à Belfast en passant par Liverpool, elle part à la rencontre d’anciens politiques, mineurs, écrivains et activistes irlandais marqués par le règne de la “Dame de fer”. Issu d’une série de reportages réalisés pour France Culture, cet ouvrage dresse un portrait richement documenté et fascinant sur la transformation d’une société, gangrénée par le libéralisme économique et où l’humain perd peu à peu sa place. Judith Perrignon laisse ainsi voir le début d’une époque, d’un “spasme idéologique” encore d’actualité. Un récit aussi brillant que nécessaire.

 

Judith Perrignon rejoignit la rédaction de Libération en 1991 comme journaliste politique ; elle y signera aussi des articles dans la page « Portraits ». Aujourd’hui journaliste indépendante, elle a notamment écrit pour Marianne, M le magazine du Monde, ou encore France Culture.

Elle est l’auteure de plusieurs textes inclassables, entre la biographie, l’essai et le roman, tels que C’était mon frère : Théo et Vincent van Gogh (L’Iconoclaste, 2006), Les Faibles et les Forts (Stock 2013), Victor Hugo vient de mourir, (L’Iconoclaste, 2015), ou L’Insoumis (sur Mohamed Ali, Grasset, 2019).

En 2021, la romancière nous plonge dans Detroit dans Là où nous dansions, un roman choral qui traverse 80 ans d’histoire de cette ville déclarée « banqueroute » en 2013 et conte les espoirs et désillusions de ses habitants ; une ville de paradoxes, dont l’auteure fait ici un personnage à part entière, sujet de fascinations. « Dix ans que je suis liée à Detroit, que j’interroge son paysage de vieil eldorado industriel en ruines, mais surtout les gens qui ne l’ont pas quitté. Ils racontent une toute autre histoire que les dogmes économiques qui nous gouvernent. »

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Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Le jour où le monde a tourné

Grasset - 2022

Le Royaume-Uni des années 1980. Les années Thatcher. Elles sortent toutes de là, les voix qui courent dans ce livre, elles plongent au creux de plaies toujours béantes, tissent un récit social, la chronique d’un pays, mais plus que cela, elles laissent voir le commencement de l’époque dans laquelle nous vivons et dont nous ne savons plus comment sortir.

C’est l’histoire d’un spasme idéologique, doublé d’une poussée technologique qui a bouleversé les vies. Ici s’achève ce que l’Occident avait tenté de créer pour panser les plaies de deux guerres mondiales. Ici commence aujourd’hui : les SOS des hôpitaux. La police devenu force paramilitaire. L’information tombée aux mains de magnats multimilliardaires. La suspicion sur la dépense publique quand l’individu est poussé à s’endetter jusqu’à rendre gorge. La stigmatisation de populations entières devenues ennemis de l’intérieur.
Londres. Birmingham. Sheffield, Barnsley. Liverpool. Belfast. Ancien ministre. Leader d’opposition. Conseiller politique. Journaliste. Ecrivain. Mineur. Activistes irlandais. Voici des paroles souvent brutes qui s’enchâssent, s’opposent et se croisent. Comment ne pas entendre ces quelques mots simples venus aux lèvres de l’ancien mineur Chris Kitchen comme de l’écrivain David Lodge : une société moins humaine était en gestation ?
Comment ne pas constater que le capitalisme qui prétendait alors incarner le monde libre face au bloc soviétique en plein délitement, est aujourd’hui en train de tuer la démocratie ?
Quand la mémoire prend forme, il est peut-être trop tard, mais il est toujours temps de comprendre.