En marge du monde

Avec Jérémy GRAVAYAT, Jean-Marc TURINE, Victor REMIZOV, Tiffany TAVERNIER

19 juin 2019.
 

Avec Jérémy GRAVAYAT, Jean-Marc TURINE, Victor REMIZOV,Tiffany TAVERNIER

Animé par Bernadette BOURVON

 

DERNIER OUVRAGE

 
Documentaire

A lua platz

Couleur et Noir & Blanc - France - 2018

Aux marges d’une banlieue parisienne en grande mutation, des familles roumaines cherchent des lieux où vivre. Depuis le village quitté, le bidonville rasé, les maisons occupées, leurs trajectoires tissent une histoire commune, faite de solidarités autant que de relégation.

 

DERNIER OUVRAGE

 

TURINE Jean-Marc

Écrivain, mais surtout « bricoleur », c’est ainsi que le Belge se décrit. Réalisateur de fictions, de films, de documentaires, il a également été producteur chez France Culture. Récompensé par le Prix des 5 continents de la francophonie en 2018, La Théo des fleuves donne avec force la parole aux Tsiganes, à leurs errances et leurs souffrances, par l’intermédiaire de l’impétueuse Théodora. Une œuvre bouleversante et engagée, forte et entière, qui parcourt le 20e siècle et l’Europe, et s’impose comme une prodigieuse manière de pousser notre réflexion au-delà des sentiers battus.

Né en 1946 à Bruxelles où il vit toujours, cet auteur est aussi réalisateur et producteur.

Depuis 1978, il réalise des films, des fictions et des documentaires radio ; notamment avec son amie Marguerite Duras et Jean Mascolo (Les enfants, 1984). Il a également à son actif dix ans de production radio chez France Culture.

La plupart de sa filmographie, réalisée avec Jean Mascolo, est constituée de films documentaires à caractère historique, littéraire ou sociétal, notamment consacrés à Robert Antelme ou encore au groupe de la rue Saint-Benoît.Il est également producteur pour la RTBF et il a contribué aux actions du Collectif Manifestement.

La Théo des fleuves est son troisième titre aux éditions Esperluète, après Foudrol (2005), un roman qui trouve déjà sa source dans la Première Guerre mondiale, et Liên de Mê Linh (2014) qui dénonce les souffrances actuelles des victimes de la dioxine au Viêt Nam.

Théodora, femme aux mille vies, aux milles souffrances, mais aussi aux mille espoirs, est, avec son peuple - les tsiganes - au cœur de ce roman. Nous traversons, sous son regard, le XXème siècle et l’Europe. Son écriture juste et engagée donne une force considérable à ce récit, où les voix s’entremêlent pour livrer le portrait d’une communauté injustement stigmatisée.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Devouchki

Belford - 2019

À Beloretchensk, au cœur de la Sibérie, Katia et Nastia, deux cousines de vingt ans, souffrent d’un quotidien éprouvant et d’un avenir qui n’en finit pas de s’assombrir. Victime d’un grave accident, le père de Katia a perdu sa mobilité et la famille ne peut réunir l’argent nécessaire pour le soigner. Nastia, elle, ne pense qu’à fuir le domicile parental et sa mère alcoolique. Lasses de voir leur existence s’essouffler, les deux jeunes femmes décident de quitter la misère de leur province pour gagner les lumières de Moscou.
Mais derrière le luxe, l’argent et le faste moscovite se cache une réalité bien plus trouble, l’univers des laissés-pour-compte, où chacun est prêt à tout pour exister.


« Malgré certaines faiblesses, Victor Remizov évite ici de verser tout d’un bloc dans le manichéisme. » Le Devoir

« Devouchki, en russe, désigne les jeunes filles. Ce sont les héroïnes du dernier roman de Victor Remizov, qui nous avait déjà entraînés tout à l’est de la Russie avec son roman précédent, Volia Volnaïa, une histoire lyrique et violente, froide, dure et cruelle, mais totalement humaine, dans la nature enneigée d’une petite ville de pêcheurs en butte à des services de sécurité assez corrompus. On change totalement de décor mais le lyrisme, la violence, la cruauté et l’humanité subsistent. Et c’est ce qui donne à cette nouvelle histoire toute sa force et sa fascination. » Le Soir 

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

En vérité, Alice

Sabine Wespieser Éditeur - 2024

Aux urgences, Alice se reproche de s’être abîmé le bras en tombant dans la cuisine. Elle aurait dû reculer vers le tapis du salon… Et, quand la médecin lui demande devant qui, devant quoi elle a battu en retraite, la jeune femme esquive. Le diagnostic la désespère : trois semaines avec une atèle, alors qu’ils déménagent à Paris. Et son homme qui ne dort plus, il a tant de problèmes, ils s’aiment si fort. Personne ne la comprend, ni cette praticienne suspicieuse, ni ses amis, ni sa mère, convaincue qu’il finira par la tuer.
Comme souvent dans les romans excellents, tout est dit dès la première scène : reste à savoir si, et comment, Alice parviendra à fuir cette emprise. Mené tambour battant, ponctué de trouées de lumière, même dans les scènes les plus sombres, ce livre nous conduit sur des chemins absolument inattendus : sommée par le monstre avec qui elle vit de trouver du travail, Alice, qui a interrompu ses études de droit quand elle l’a rencontré́ cinq ans auparavant, n’a guère de possibilités. Vendeuse ou serveuse, c’est hors de question pour celui qui la veut toute à lui. La chance lui sourit dans l’église du quartier où, totalement athée pourtant, elle se réfugie lors de ses rares moments de répit. Elle y avise une mystérieuse petite annonce : « L’association diocésaine de Paris recrute un(e) assistant(e) pour le Promotorat des causes des saints. »
À sa grande surprise, l’évêque responsable la recrute à l’issue d’un bref entretien, trop heureux d’avoir enfin trouvé quelqu’un d’apparemment censé – plutôt que les illuminés qui briguaient le poste – pour remettre de l’ordre dans les dossiers délaissés par son prédécesseur. La voilà embarquée, et nous avec elle, dans un univers dont elle ignore tout : il s’agit, comprend-t-elle, d’instruire des candidatures à la canonisation, première étape d’une interminable procédure qui bien sûr doit s’achever à Rome, si elle n’est pas interrompue avant, tant les conditions suspensives sont nombreuses et complexes.
Tout semble jouer en défaveur d’Alice : elle souffre d’une timidité maladive depuis son arrivée à Paris, à l’âge de dix ans, vécue comme l’enfouissement sous une chape de plomb après une enfance radieuse au Guatemala ; son compagnon, excédé de ne plus l’avoir à son entière disposition, lui fait subir un harcèlement constant ; et elle a évidemment bien du mal à comprendre ce que l’on attend d’elle.
Malgré tout, aidée par des prélats et des collègues d’une bienveillance sans limites, elle parvient à se familiariser avec les documents dont elle a la charge, découvrant à leur lecture les destinées extraordinaires de ces « Serviteurs de Dieu », « Vénérables » ou « Bienheureux » qu’il s’agit d’évaluer et dont Tiffany Tavernier ponctue son récit, illuminant dans le même mouvement son texte et le quotidien de sa protagoniste.
À la faveur d’extraordinaires rebondissements, la puissante romancière invite le monde extérieur dans la bulle de déni où s’est réfugiée Alice, l’autorisant à se frayer un chemin vers sa propre vérité. Ce n’est pas là la moindre surprise du formidable portrait de femme qu’elle nous offre, fidèle à sa compassion pour les âmes tourmentées dont elle sait voir la clarté.