Dim. 14h, Magic Mirror 2 (Grands débats)
Au juste, c’est quoi la démocratie ?
8 juin 2019.
Jamais le mot « démocratie » n’aura été autant brandi – par ceux-là mêmes qui par leurs actes ou leur propos en sont le plus éloignés. Et voilà bien longtemps qu’elle n’aura paru à ce point en danger. Refus de l’autre, guerre des mots, replis identitaires, antisémitisme affirmé, racisme, homophobie : et si l’on rappelait quelques idées fondamentales ? La « démocratie directe » n’en est pas une, qui nous livre à la rumeur, aux préjugés, à la loi de la foule – laquelle, (Hugo dixit) « souvent trahit le Peuple » – et a pour autre nom lynchage.
La « démocratie » ne se réduit pas à la loi de la majorité : fascisme et nazisme arrivèrent au pouvoir par les urnes. Elle est un pari fou tirant sa force de sa fragilité même, de « faire société » à partir de la reconnaissance de la radicale singularité de chacun, et de sa liberté. Pari impossible ? Et pourtant !
N’est-ce pas ce que réalise l’œuvre d’art : d’être l’expression de singularité d’un auteur et d’avoir pourtant la capacité de parler à tous.
Avec Alaa El Aswany, Mona Ozouf, Romain Goupil et Jean Viard.
DERNIER OUVRAGE
Romans
J’ai couru vers le Nil
Actes Sud - 2018
Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la place Tahrir, Asma et Mazen, qui se sont connus dans une réunion politique, vivent leurs premiers instants en amoureux au sein d’une foule immense. Il y a là Khaled et Dania, étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la manifestation. Lui est le fi ls d’un simple chauffeur, elle est la fille du général Alouani, chef de la Sécurité d’État, qui a des yeux partout, notamment sur eux. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte, acteur cantonné aux seconds rôles, dont l’amertume n’est dissipée que par ses moments de passion avec Akram, sa domestique. Achraf dont les fenêtres donnent sur la place Tahrir et qui, à la suite d’une rencontre inattendue avec Asma, a été gagné par la ferveur révolutionnaire. Un peu plus loin, il y a Issam, ancien communiste désabusé, victime de l’ambition de sa femme, Nourhane, présentatrice télé, prête à tout pour gravir les échelons et s’ériger en icône musulmane, qu’il s’agisse de mode ou de mœurs sexuelles.
Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui est aussi la sienne. À ce jour, ce roman est interdit de publication en Égypte.
- « Ce roman, interdit de publication en Égypte, ose dire les travers et les complexités de la société post-Hosni Moubarak. » Moyen-Orient
- « Roman d’une ambition folle. Conteur extraordinaire, Alaa El Aswany réussit ici le grand roman de la révolution égyptienne. » Télérama
- « L’un des plus grands écrivains contemporains, mieux, le pharaon des lettres en personne. Un roman formidable. A la fois portrait en mosaïque d’une révolution, hommage à la jeunesse, aussi, qui y a cru, ce roman est aussi un brûlot contre ceux qui, des militaires aux religieux ont cassé les espoirs de cette jeunesse. Mais c’est de surcroît un roman haletant et plein d’une ironie salutaire. J’ai couru vers le Nil est aussi un roman à la drôlerie féroce, contestataire, puisque l’écrivain y pourfend les hypocrisies du pouvoir, politique, religieux, dans tous ses aspects, même dans son rapport à la sexualité. » France Culture, Le temps des écrivains
- « Alaa El Aswany, le chroniqueur de L’immeuble Yacoubian, est devenu l’un des porte-paroles de la Révolution de Tahrir. » France Inter, La marche de l’Histoire
- « Un livre courageux et efficace. Le roman vibre de la sombre urgence des illusions meurtries, mais pas tout à fait perdues. » Transfuge
DERNIER OUVRAGE
Essais
Pour rendre la vie plus légère
Stock - 2020
"Pourquoi la littérature ? Parce que la littérature nous pourvoit de dons que nous n’avons pas. Elle nous pourvoit immédiatement de l’ubiquité. Grâce à la littérature, nous vivons dans des pays, des villes où nous n’avons jamais posé le pied. Grâce à la littérature, nous pouvons reculer vers des époques révolues. Il y a une sorte d’immense liberté que donne la pratique des livres, et que nous n’avons pas. La démultiplication de l’existence dans la littérature est une chance précieuse". Ce volume contient les principales émissions faites par Mona Ozouf à "Répliques" , sous la direction d’Alain Finkielkraut : sur les femmes et la singularité de leur écriture ; sur les livres comme "patrie" ; sur la galanterie française ; sur la civilité ; sur le Panthéon ; sur la Révolution française ; sur Henry James ; sur George Eliot. Les partenaires avec lesquels elle dialogue ici sont Diane de Margerie, Claude Habib, Pierre Manent, Geneviève Brisac, Philippe Belaval, Philippe Raynaud, Patrice Gueniffey. C’est tout un parcours intellectuel qui est ici dessiné, depuis ses travaux fondateurs sur la Révolution française jusqu’à ce qu’elle appelle ses "échappées belles" en littérature. Mona Ozouf est une "figure aussi discrète que rayonnante de la scène intellectuelle française", comme l’écrit Jean Birnbaum dans Le Monde. A bonne distance de tous les enrôlements et de toutes les assignations identitaires, elle maintient inébranlable le souci d’une ligne originale.
Entretiens avec Alain Finkielkraut, dans l’émission Répliques
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Revue de presse :
- « La restitution d’entretiens radiophoniques est un pari risqué, mais il fonctionne excellemment tant l’art de la conversation et la maîtrise de la langue sont ici à leur sommet » (Eugénie Bastié, Le Figaro)
DERNIER OUVRAGE
La traversée
Cinquante ans après Mai 68, Dany Cohn-Bendit et Romain Goupil ont décidé de traverser la France. Au gré de ce road-movie contemporain, ils explorent les territoires parfois déroutants de la République. Observer, écouter, débattre, découvrir l’état du pays, ses crises et ses espérances, ses héros ordinaires et ses fossoyeurs : deux vieux enfants de 68, deux vieux acteurs des événements se plongent dans la France d’aujourd’hui.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Le sacre de la terre
L’Aube - 2020
Pour se nourrir à dix milliards sur une seule petite Terre, se vêtir, se chauffer, se déplacer, produire de l’énergie renouvelable, capter le carbone, le travail de la terre redevient chaque jour un peu plus l’avenir de l’Homme, avec la science et l’art. Les objets et leur fabrication ne sont plus le tout de l’humain. Avec la révolution écologique et numérique, la mondialisation, il faut retrouver du sens, du local, du faire-pousser, du territoire, des lieux. Le bio et le local, le soleil et le vent, le sol et les forêts sont nos nouveaux futurs.
Re-naturons la ville et ré-humanisons la campagne, dit Edgar Morin.
Et pour entrer dans ce monde-là, il faut à la fois du conservatisme - celui de l’infiniment petit de millions de savoirs locaux - et du progrès des sciences, des arts et des techniques. Un ouvrage essentiel qui mêle monographies et grande Histoire, sociologie rurale et désirs urbains, combat climatique et besoin de sens. Signé de l’un des meilleurs spécialistes français des questions agricoles et territoriales, cette véritable somme est un plaidoyer pour une urgente révolution écologique.
Jean Viard est sociologue, directeur de recherche associé au Cevipof-CNRS. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont, aux éditions de l’Aube, Nouveau portrait de la France (2012) et Le triomphe d’une utopie (2015).
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Revue de presse :
- « Optimiste patenté, le sociologue Jean Viard, qui chronique le monde paysan depuis plus de quatre décennies, plaide dans son dernier et magnifique ouvrage Le Sacre de la terre (Ed. de l’Aube, janvier 2020, 468 pages) pour un nouveau pacte agricole, établissant un lien entre la métropole, le sol sanctuarisé et l’immense espace à vivre intermédiaire, car « chacun a besoin de structures symboliques et politiques, de mémoire, de beauté. » Il n’est pas interdit de rêver… » (Philippe Escande, Le Monde)