Les ogres
Avec Paul de Brancion, Ananda Devi, Nathalie Papin et Yvon Le Men
7 juin 2018.
Il y a la petite fille boulimique qui veut se faire manger par un ogre malheureusement anogrexique, il y a l’adolescente obèse dévorée par les réseaux sociaux, il le père que le fils appelle lui même l’ogre du Vaterland et surtout il y a les écrivains qui nous délivrent en nous parlant justement de l’ogre et du petit poucet. Il y a nous, un jour ogre, un jour petit poucet.
Avec Paul de Brancion, Ananda Devi et Nathalie Papin. Animé par Yvon Le Men.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Le jour des caméléons
Grasset - 2023
Une île : Maurice, la narratrice du roman. Quatre personnages : un oncle las de la vie, sa nièce, unique lumière pour lui, une femme qui vient de quitter son mari, un chef de bande assoiffé de vengeance.
Une journée où tout va exploser : la cité, les haines, peut-être l’île. Enfin, d’étranges animaux qui attendent patiemment que les humains finissent de détruire ce qui leur reste – leur humanité, leur foyer – pour vivre seuls, en paix : les caméléons. Unité de lieu, de temps, d’action. Le compte à rebours est lancé, le drame peut commencer.
Mais reprenons. Le roman s’ouvre, la ville est à feu et à sang. Zigzig, le caïd meneur, tient dans ses bras une fillette ensanglantée. Les plus pauvres viennent de s’attaquer aux plus riches dans le centre névralgique de l’île : le shopping center, désormais en ruines. Au loin, un volcan gronde. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelques heures plus tôt, Zigzig partait avec les siens attaquer ses rivaux tandis que Sara regardait danser une femme libérée sur une plage abandonnée. L’île rembobine et nous raconte. On suivra tour à tour chacun des personnages jusqu’à ce que leur destin se mêle. On remontera aussi le cours de l’Histoire pour comprendre comment les peuples, les servitudes et les logiques du monde moderne ont saccagé cette terre de merveilles et divisé ses habitants.
Avec sa langue tour à tour tendre et ironique, tranchante et poétique, Ananda Devi nous emporte dans un roman impossible à lâcher pour nous plonger dans le chaos des hommes. Le destin est en marche. Mais dans cette histoire-là, ceux qu’on croit les plus féroces seront peut-être les seuls héros.
- « Toutes les pistes qu’elle creuse depuis quarante-cinq ans y convergent : la vision d’une île Maurice aux antipodes des clichés vendus aux touristes (Pagli, Gallimard, 2001) ; les existences marginales (La Vie de Joséphin le fou , Gallimard, 2003) ; les violences faites aux femmes (Eve de ses décombres et Le Sari vert , Gallimard 2006 et 2009) ; un art poétique et narratif, enfin, où la vérité se fait crue, le verbe incandescent – citons Danser sur tes braises (Bruno Doucey, 2020). Chez Devi, le lyrisme rend l’urgence prégnante – celle de voir, de dire, de se révolter. Et d’écrire, par cette poésie de la catastrophe, ce roman de feu et de cendres pour l’île « au corps saccagé », à « la beauté crépusculaire ». » Le Monde
- « Ananda Devi retourne sa prose comme une pelle. À chaque chapitre, elle épouse le point de vue de ses créatures, y compris celui du caméléon aux pattes atrophiées, pas moins répugnant que les milliardaires qui plongent leurs mains dans les caisses publiques, « l’esprit verrouillé », « le coeur vérolé », « l’argent chevillé au corps ». Ne changent-ils pas de couleur, eux aussi, au gré de leur voracité de prédateurs sans miséricorde ? » L’Humanité
- « L’autrice mauricienne de renom Ananda Devi raconte la réalité du colonialisme et de la violence sexiste dans son nouveau roman Le Jour des Caméléons à travers la narration de sa terre natale. » marie claire
DERNIER OUVRAGE
Littérature jeunesse
Quand j’aurai mille et un ans
L’Ecole des Loisirs - 2018
Cendi a onze ans et rêve de vivre jusqu’à 117 ans. Avant d’y parvenir, elle doit fuir son pays en guerre et prendre le risque de se noyer en voyageant dans de vieux rafiots. Grâce à sa capacité à vivre sous l’eau, en apnée pendant de longues minutes, Cendi réchappe à un naufrage. Lorsqu’elle se réveille, elle a la surprise de se retrouver dans une station sous-marine. Une vieille muette la regarde ainsi qu’un jeune garçon.
Pas si jeune, en fait, le garçon. Immortel.
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Les continents sont des radeaux perdus : Tome 4, Un passeport pour la vie
Bruno Doucey - 2024
Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.
« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds
m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd
dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays
ils font de l’inconnu
un étranger. »
DERNIER OUVRAGE
En 2011, par urgence vitale de s’éloigner d’une...
- 2017
En 2011, par urgence vitale de s’éloigner d’une mère dévoratrice et de la langue maternelle, Paul de Brancion écrivait en trois langues Ma Mor est morte. Cinq ans plus tard, il revient à cette histoire familiale en s’attachant à la figure haute en couleur de son père. Comme le premier volet de ce diptyque parental, L’Ogre du Vaterland est un texte singulier, inclassable, souvent jubilatoire, où se mêlent deux niveaux de narration : d’un côté, « l’incroyable histoire de Léon Jacques S. », père effroyable dont l’écrivain brosse un portrait sans complaisance, révélant les secrets qui ont empoisonné son enfance ; de l’autre, le soubassement onirique, somme toute très ironique, des contes de Perrault, véritable chambre noire des révélations de l’auteur. Un livre sardonique et salutaire, qui égratigne violemment l’image de l’autocratie paternelle.
Revue de presse
- Un peu de poésie (…) C’est un gamin blessé qui parle : pas assez aimé, bousculé dans un monde d’adultes à la fois brutaux et distants, plongé dans les sales affaires de famille. Mais le détour par le conte permet aussi de dégonfler la douleur et de dénoircir le récit. (Guillaume Lecaplain, Libération)
- Depuis l’explosion dans nos sociétés narcissiques de la littérature du moi nous ne manquons pas d’ouvrages pour continuer d’instruire l’interminable procès des familles et retracer les combats plus ou moins insidieux que se livrent leurs membres. Il en est cependant peu à ma connaissance qui atteignent l’originale efficacité de ceux que le romancier et poète Paul de Brancion, a consacrés en 2011 à la mort de sa mère d’abord puis tout récemment, sous le titre de L’Ogre du Vaterland, à « l’incroyable histoire de Léon Jacques S. » son père. (Georges Guillain, Les Découvreurs)
- Ce livre à l’écriture plaisamment bigarrée, qui conjugue émotion, drôlerie et véhémence est une vivifiante invitation à s’affranchir de la peur de tous les ogres paternels. (Jean-Luc Jaunet, Mobilis)