Orient-occident, le rêve impossible ?
Avec Jean-Pierre Perrin, Tahar Ben Jelloun, Hakan Günday, Olivier Weber
20 juin 2017.
AvecJean-Pierre Perrin, Tahar Ben Jelloun, Hakan Günday, Olivier Weber
Animé par Yann Nicol
Cette union, ce dialogue, furent le rêve eurasien d’Alexandre le Grand. Comment se peut-il que ce territoire coïncide avec, aujourd’hui, la zone d’extension du djihadisme ? s’interroge Jean-Pierre Perrin dans un essai-récit de voyage, prix Kessel de cette année (Le Djihad contre le rêve d’Alexandre, Le Seuil), Tahar Ben Jelloun, tenant résolu d’un Islam des Lumières est comme un pont exemplaire entre les deux continents, et a multiplié les ouvrages sur ce thème, Olivier Weber, grand reporter, a arpenté cet espace en tout sens, fait de ce face à face la matière de plusieurs de ses livres, et dans son dernier roman, Hakan Gunday, le nouveau grand des lettres turques, a pour personnage central, qui prend une dimension symbolique sur le rapport Orient-Occident, un jeune passeur turc tout à la fois tortionnaire et victime (Encore, Galaade). Un rêve véritablement impossible ? Ou bien impose-t-il, aussi, une interrogation de l’Occident sur lui-même ?
DERNIER OUVRAGE
Essais
Dictionnaire amoureux de l’aventure
Plon - 2024
D’Ulysse aux himalayistes, en passant par les corsaires et les ethnologues, Olivier Weber nous livre un Dictionnaire amoureux de l’aventure très personnel. Où il est question, aussi, de soif de l’inconnu, de courage, d’empathie et d’engagement.
Sur les chemins hasardeux de l’aventure, on croise des explorateurs, des savants, des forbans, des humanitaires, des capitaines courageux, des charlatans, tous héros ou anti-héros qui ont poussé l’écrivain à s’aventurer lui aussi, jusqu’au plus profond de l’Amazonie ou sur des montagnes d’Asie, en mer de Chine ou sur les routes de la Soie, dans des savanes africaines, des maquis inconnus ou lors d’expéditions. En chemin sont esquissés l’art de la fuite et la propension à toujours repousser nos horizons, comme si l’esprit d’aventure gardait intrinsèquement une part de mystère mais restait accessible à tous.
Ce frisson de l’aventure, cette quête de « l’inconnu immense » cher à l’explorateur Richard Burton, nous les connaissons pour beaucoup, rêveurs des confins, coureurs de méridiens, arpenteurs des bois ou pérégrins tourmentés, par volonté de dépassement de soi, goût du risque ou besoin d’humanisme. Avec des escales dans des ports improbables, des criques de brigands, des îles avec ou sans trésor, des camps de guérilla perdus, faux Eldorados ou vrais Édens, péripéties extraordinaires ou ratages fameux, par forte tempête ou calme plat, ce livre à l’écoute du chant du monde nous invite à découvrir des lieux, des mythes, des personnages qui composent les paysages lointains ou proches de l’aventure. Et le voyageur passionné nous entraîne sur toutes ses routes et sentes, porté par l’appel du Grand Dehors, la tension entre l’errance et la demeure, et toujours par désir de liberté.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Le mariage de plaisir
- 2016
Dans l’islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée pour ne pas être tenté de fréquenter les prostituées. On le nomme « mariage de plaisir ».
C’est dans ces conditions qu’Amir, un commerçant prospère de Fès, épouse temporairement Nabou, une Peule de Dakar, où il vient s’approvisionner chaque année en marchandises. Mais voilà qu’Amir se découvre amoureux de Nabou et lui propose de la ramener à Fès avec lui. Nabou accepte, devient sa seconde épouse et donne bientôt naissance à des jumeaux. L’un blanc, l’autre noir. Elle doit affronter dès lors la terrible jalousie de la première épouse blanche et le racisme quotidien.
Quelques décennies après, les jumeaux, devenus adultes, ont suivi des chemins très différents. Le Blanc est parfaitement intégré. Le Noir vit beaucoup moins bien sa condition et ne parvient pas à offrir à son fils Salim un meilleur horizon. Salim sera bientôt, à son tour, victime de sa couleur de peau.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Iran, la prière des poètes
Nevicata - 2017
L’Iran est un jardin que les mots font fleurir. Sous les coupoles des mosquées d’Ispahan et des mausolées de Chirâz, une somme de fascinantes contradictions persanes est à l’œuvre.
Les Iraniens aiment les sciences et sont superstitieux. Ils sont mystiques et amoureux des plaisirs plus terrestres. L’Iran des poètes est celui du pardon. Mais l’Iran des juges islamiques condamne à mort le plus grand nombre de mineurs au monde. Les omniprésents mollahs y sont sans cesse moqués, affublés de sobriquets ridicules, maudits, voire insultés. Mais peu d’Iraniens voudraient qu’ils disparaissent de leur paysage.
Ce petit livre n’est pas un guide. C’est un décodeur. L’Iran est un poème persan dont ces pages vous aident à saisir les dérangeantes ambiguïtés. Il dit l’âme d’un pays qui, de tout temps, a figuré au panthéon des voyageurs. Il explique le mystère et les secrets d’un grand peuple. Parce qu’en Iran, comprendre n’est qu’une étape sur le sinueux chemin des sentiments.
Un grand récit suivi d’entretiens avec Clément Therme (Comment les mollahs ont fabriqué l’homo islamicus) et Leili Anvar (Le mythe de la Taverne).
DERNIER OUVRAGE
Romans
Zamir
Gallimard - 2024
Zamir a six jours lorsqu’une bombe explose à al-Aman, un camp de réfugiés à la frontière turco-syrienne où sa mère l’a abandonné. Il survit, grâce à l’acharnement d’un chirurgien, mais reste défiguré. Élevé par All for All, une organisation humanitaire internationale, il devient un symbole, une image idéale pour collecter des fonds. Jeune adulte, il s’en émancipe pour rejoindre la Fondation pour la Première Paix mondiale et investir un poste clé de négociateur de l’ombre. Partout où un conflit armé est sur le point d’éclater, Zamir se précipite, l’empêche. Il rencontre des ministres, des dictateurs, des terroristes, ne recule devant rien. Pour les forcer à négocier, il les trompe, les fait chanter. Il n’a qu’un seul mot d’ordre : la paix avant tout, quel qu’en soit le prix.
D’une plume alerte et franche, Hakan Günday lève le voile sur la corruption et l’hypocrisie qui se cachent derrière la charité des organisations humanitaires, le cynisme des individus, la façon dont l’Occident lave sa conscience. Dans un monde alternatif qui a tout en commun avec le nôtre, il tire les fils de problématiques contemporaines pour bâtir une fiction palpitante autour d’un personnage inoubliable.
Traduit du turc par Sylvain Cavailles
- « Le romancier turc, Médicis étranger 2015 pour Encore, revient dix ans plus tard avec « Zamir », roman satirique vertigineux sur la possibilité de la paix à l’échelle mondiale. » Le Point
- « Par une langue lyrique et tranchante, comme accusatrice, le Turc Hakan Günday (Prix Médicis étranger 2015) raconte trois décennies de la vie de son héros, mais aussi le traitement des réfugiés dans l’Europe actuelle. » Ouest-France
- « Ce livre foisonnant, bourré de fascinants paradoxes, s’avance en deux parties imbriquées : la première s’ouvre sur la figure de Zerre, la mère de Zamir, qui le dépose, né d’un viol, au beau milieu du camp de réfugiés. La deuxième a lieu juste avant le passage à l’an 2000, qui verra « l’effondrement complet de l’humanité ». Le passé du héros est rapporté par un narrateur omniscient, tandis que son présent immédiat - quand il a plus de 40 ans - est dit par lui-même. On n’oubliera pas de sitôt Zamir. » L’Humanité
- « Hakan Günday, prix Médicis étranger 2015, joue à perdre son lecteur : à quelle époque se déroule ce roman ? Est-ce de la science-fiction ? Une dystopie ? Un cauchemar éveillé ? Bienvenue, en tout cas, dans un roman qui propose une autre version, terrifiante et grotesque, de notre propre époque. » France Inter