Écrire pour inventer sa langue

Avec Guy Junior Régis, Coutechève Lavoie Aupont, Emmanuelle Colas, Ananda Devi

20 juin 2017.
 

Avec Guy Junior Régis, Coutechève Lavoie Aupont, Emmanuelle Colas, Ananda Devi
Animé par Eduardo Castillo

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Le jour des caméléons

Grasset - 2023

Une île : Maurice, la narratrice du roman. Quatre personnages : un oncle las de la vie, sa nièce, unique lumière pour lui, une femme qui vient de quitter son mari, un chef de bande assoiffé de vengeance.
Une journée où tout va exploser : la cité, les haines, peut-être l’île. Enfin, d’étranges animaux qui attendent patiemment que les humains finissent de détruire ce qui leur reste – leur humanité, leur foyer – pour vivre seuls, en paix : les caméléons. Unité de lieu, de temps, d’action. Le compte à rebours est lancé, le drame peut commencer.
Mais reprenons. Le roman s’ouvre, la ville est à feu et à sang. Zigzig, le caïd meneur, tient dans ses bras une fillette ensanglantée. Les plus pauvres viennent de s’attaquer aux plus riches dans le centre névralgique de l’île : le shopping center, désormais en ruines. Au loin, un volcan gronde. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelques heures plus tôt, Zigzig partait avec les siens attaquer ses rivaux tandis que Sara regardait danser une femme libérée sur une plage abandonnée. L’île rembobine et nous raconte. On suivra tour à tour chacun des personnages jusqu’à ce que leur destin se mêle. On remontera aussi le cours de l’Histoire pour comprendre comment les peuples, les servitudes et les logiques du monde moderne ont saccagé cette terre de merveilles et divisé ses habitants.
Avec sa langue tour à tour tendre et ironique, tranchante et poétique, Ananda Devi nous emporte dans un roman impossible à lâcher pour nous plonger dans le chaos des hommes. Le destin est en marche. Mais dans cette histoire-là, ceux qu’on croit les plus féroces seront peut-être les seuls héros.


 

DERNIER OUVRAGE

 
Théâtre

Goebbels, juif et footballeur

Les Solitaires Intempestifs - 2020

Goebbels, juif et footballeur
Par quel miracle ou malédiction cela a-t-il bien pu arriver qu’un grand footballeur de classe mondiale se prénomme Goebbels ? Comment des années plus tard, conscient de l’étrangeté de son appellation, il se décide à se convertir au judaïsme ? Goebbels devenu donc juif.

Suivi de Comme dans un film de Robert Bresson
Il n’est pas toujours bon de revenir. De revenir dans son pays, dans sa ville natale, transformé par le voyage, différent. Un homme se retrouve capturé par des jeunes gens de la ville où il est né, et d’où il était parti. Comme s’il n’avait pas le droit de revenir habillé comme il est, de parler comme il parle. Un homme revenu chez lui, avec la culture d’un étranger, immobilisé par un accident. À son chevet, ces jeunes gens. Parfois, ils prennent soin de lui. D’autres fois, ils le maltraitent. Tout va se dérouler net, précis. Comme dans un film de Robert Bresson.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Make pa

(Editions Ruptures, 2016) - 2016

« Make pa » est un recueil de poèmes en créole de 138 pages de Coutechève Lavoie Aupont. Il est publié aux Éditions Ruptures cette année dans la collection l’Enraciné. Ce recueil comme première parution du poète dans la langue de Frankétienne est préfacé par l’écrivain Jean Emmanuel Jacquet et est composé de trois poèmes-fleuves, « Nan depale », « San blese » et « Pwomès ».

Dans le premier poème, Coutechève Lavoie Aupont semble converser avec une femme. Ce qui fait dire qu’il s’agit ici d’un dialogue. Mais paradoxalement, il est à la fois locuteur et interlocuteur, c’est-à-dire que c’est surtout un monologue. Un monologue-dialogue ou l’inverse. Il raconte à cette femme les lieux symboliques de Port-au-Prince dans leur éclat, mais surtout dans leur cruauté. Leurs contes à eux et également ce dont on ignore : Ri Lantèman, Granri, Pòtay Lawogan, Madan kolo, Channmas, Katedral et Pòtay Sen Jozèf, sont de ces lieux qui hantent l’imaginaire du poète errant et baladeur. Coutechève Lavoie Aupont retrace la carte de la ville, non pas avec des instruments géométriques, mais avec des mots. Combien parmi eux savent que les mots servent parfois à tracer de lignes de vie ! Coutechève Lavoie Aupont est un poète maudit, puisqu’il insulte Dieu dans sa bonté et son infinitude.


Revue de presse :