Exil, perte et reconstruction

Avec Anna Moï, Négar Djavadi, Maryam Madjidi, Shumona Sinha

19 juin 2017.
 

Avec Anna Moï, Négar Djavadi, Maryam Madjidi, Shumona Sinha
Animé par Hubert Artus

Avec Anna Moï qui fut des premiers signataires du « Manifeste pour une littérature monde en français », signe son grand retour au roman avec Le venin du papillon (Gallimard) récit, à travers le prisme de l’adolescence, d’une période tragique en Indochine, quand s’affrontent américains et communistes. Enfant de la guerre, née à Saïgon, elle se partage entre Paris, Tokyo, Bangkok. Négar Djavadi, scénariste, réalisatrice et romancière iranienne, auteur d’une magnifique saga, passionnée, engagée, entre Iran d’hier et France d’aujourd’hui, Désorientale (Liana Levi) est aussi le récit d’une « désintégration » de sa culture d’origine, Maryam Madjidi, iranienne, née à Téhéran aux premières heures de la Révolution, dit dans Marx et la poupée (Le Nouvel Attila) les paradoxes douloureux de l’exil quand on est iranienne en France et française en Iran, prise dans les nœuds d’une identité construite, déconstruite, reconstruite, et Shumona Sinha auteure d’Apatride (L’Olivier).

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Douze palais de mémoire

Le roman fait alterner les monologues d’un père, Khanh, et de sa fille de six ans, Tiên, en fuite sur un bateau de pêche. Ils quittent, pour rejoindre les États-Unis, un pays qui n’est jamais nommé, le Vietnam sans doute. Au fil des chapitres, les voix du père et de la fille, mêlant souvenirs et récit de la traversée, reconstituent l’histoire, petite et grande, qui les a menés là. Deux visions et deux modes d’expression se succèdent : ceux de l’adulte, conscient de la gravité des événements qui les chassent de leur pays, et ceux de la fillette, dont la candeur et la drôlerie apportent une note de poésie au drame de leur situation. Khanh, fils d’un astrologue à la cour de l’ancien régime dynastique, a survécu à une révolution de type communiste grâce à ses compétences d’ingénieur : il a été affecté par le nouveau régime à la construction de ses premiers missiles balistiques. Ces compétences lui viennent de la constitution précoce de douze « palais de mémoire », adaptés de la méthode mnémotechnique antique des loci, qui lui ont permis de devenir un matheux accompli. À l’évocation de ses souvenirs, on comprend que la mère de Tiên, femme de Khanh, est morte dans l’explosion d’un des missiles inventés par Khanh alors qu’elle se trouvait dans une léproserie créée par deux bénévoles américains. Khanh craint que la fillette n’ait été contaminée par la maladie et fuit vers l’Amérique pour pouvoir la soigner. L’apprenant, le capitaine du bateau débarque le père et la fille sur l’épave d’un chalutier échouée sur le rivage. Ils survivent en se nourrissant de mouettes et de coquillages. La vague d’un tsunami les sauve en les emportant vers les côtes thaïlandaises.Le ton du roman est poétique et mélancolique, parfois drôle et parfois doux-amer, mais sans pathos. La grâce chatoyante de certaines descriptions de lieux, de mets, de paysages se mêle à la peinture retenue des émotions et à la délicatesse dans l’énoncé des sentiments. La mémoire est au centre du récit, fragments du passé qui remontent et se heurtent aux détails concrets d’une vie quotidienne chaotique et cependant pleine d’amour

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Apatride

L’Olivier - 2017

« D’autres nuits surgirent derrière ses paupières, mais la lumière n’y avait plus de chaleur, il ne s’en échappait aucun bruit, aucun son, aucun souffle. Elle se rendit compte que, ni ici ni là-bas, elle n’arrivait à rire, à respirer, à se sentir vivante, et qu’elle lévitait dans un mouvement aveugle, chutait dans le vide, sans terre ni ciel."
Esha a quitté Calcutta pour s’installer à Paris, la ville dont elle rêvait. Or, d’année en année les déceptions s’accumulent, tout devient plus sombre et plus violent autour d’elle. Elle s’épuise dans d’innombrables batailles, et ne se sent plus en sécurité.
Issue d’une famille de paysans pauvres, Mina vit près de Calcutta. Par ignorance, ou par crédulité, elle est entraînée à la fois dans un mouvement d’insurrection paysanne qui la dépasse et dans une passion irraisonnée pour son cousin Sam, qui lui fait commettre l’irréparable.
Les destins de Mina et d’Esha se répondent dans ce roman qui ne ménage ni notre société ni la société indienne. L’écriture de Shumona Sinha est animée par la colère, une colère éloquente, aux images aussi suggestives que puissantes.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Désorientale

Liana Lévi - 2016

Si nous étions en Iran, cette salle d’attente d’hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s’enchaîneraient bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l’étourdissant diaporama de l’histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l’adolescence, l’ivresse du rock, le sourire voyou d’une bassiste blonde…
Une fresque flamboyante sur la mémoire et l’identité ; un grand roman sur l’Iran d’hier et la France d’aujourd’hui.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Marx et la poupée

Le Nouvel Attila - 2017

Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris.
À travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, la perte de ses jouets – donnés aux enfants de Téhéran sous l’injonction de ses parents communistes -, l’effacement progressif du persan au profit du français qu’elle va tour à tour rejeter, puis adopter frénétiquement, au point de laisser enterrée de longues années sa langue natale.

Dans ce récit qui peut être lu comme une fable autant que comme un journal, Maryam Madjidi raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, rempart, moyen de socialisation, et même arme de séduction massive.


Revue de presse

-"Maryam Madjidi « voudrait semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres ». Elle réussit parfaitement ce pari." (Kerenn Elkaïm, Livres Hebdo)