SAMEDI 3 JUIN, 14H15, À LA GRANDE PASSERELLE

APRÈS-MIDI LE SOUCI DES GENS

2 juin 2017.
 
Anne Nivat © Hannah Assouline / Gérard Mordillat / Gérard Lefort © Patrice Normand

Ceci n’est pas la qualité la plus frappante de notre littérature – dans un pays pourtant si prompt à se draper dans le drapeau de sa Révolution. Mais imagine-t-on chez nous des gardiens de vache agrandis aux dimensions de héros mythologiques, comme ailleurs dans le western ? Les gens ! Tout juste paraissent-ils bons chez nous pour des enquêtes sociologiques. Aussi, quel bonheur quand nous rencontrons des œuvres où nous pouvons nous reconnaître en notre commune humanité ! Avec la réalisatrice Alice Diop, dont l’œuvre est marquée par ce souci du monde. Tout comme Gérard Mordillat Vive la sociale ! Seuil). Anne Nivat, reporter de guerre, nous propose une enquête saisissante au plus près des gens (Dans quelle France on vit, Fayard), Gérard Lefort entrecroise des vies singulières, hommes et femmes « ordinaires », qui bien sûr ne le sont pas, passants de tous les jours : juste le genre humain (Le Commun des mortels, L’Olivier). Et Raphaël Krafft, journaliste engagé qui dans un récit d’une grande fraîcheur relate son propre basculement, de la posture de journaliste observateur à celle d’acteur de la désobéissance civile. Une rencontre qui suivra Retour à Forbach de Régis Sauder (voir ci-dessous).

Régis Sauder : Retour à Forbach

Retour à Forbach - Régis Sauder

Il s’était fait connaître en 2011 par un Nous, princesses de Clèves, tourné dans les quartiers nord de Marseille, en réponse à la saillie fameuse de Nicolas Sarkosy. Né à Forbach, il y a fait retour après l’élection de Florian Philippot (FN) au conseil municipal, a tourné pendant 3 ans dans « ce pays de malheur », abandonné, en voie de désertification, filme au plus près les gens, « tresse ensemble les fils de la pauvreté, de la honte et de la misère ». Un film digne, sensible, où malgré poids du malheur passe un vent d’espérance.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La Tour abolie

Albin Michel - 2017

« Quand les pauvres n’auront plus rien à manger, ils mangeront les riches. »

La tour Magister : trente-huit étages au cœur du quartier de la Défense. Au sommet, l’état-major, gouverné par la logique du profit. Dans les sous-sols et les parkings, une population de misérables rendus fous par l’exclusion. Deux mondes qui s’ignorent, jusqu’au jour où les damnés décident de transgresser l’ordre social en gravissant les marches du paradis.
 
Avec la verve batailleuse qui a fait le succès de La Brigade du rire, Gérard Mordillat, l’auteur de Vive la sociale ! et de Les Vivants et les morts, livre une fable prodigieuse sur la société capitaliste et la révolte de ceux qu’elle exclut.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Un continent derrière Poutine ?

Seuil - 2018

En mars 2018, au moment de la publication du livre, le peuple russe se prononcera sur la réélection de Vladimir Poutine à la tête du pays. Selon toute probabilité, alors que sa personnalité suscite débat et controverse à l’extérieur de ses frontières, mais aussi dans certains cercles en Russie, cette réélection sera une formalité. Par le choix subjectif de quelques rencontres sans tabou, ces portraits de plusieurs familles ou couples montreront le peuple dans sa complexité, donneront à voir en quoi Vladimir Poutine l’a fait évoluer, à travers une palette de points de vues réalistes. Et pas seulement dans les zones urbaines ni exclusivement dans la Russie occidentale. A travers ces portraits, Anne Nivat raconte en quoi ce pays n’est pas tout à fait celui qu’on nous décrit en Occident. En quoi voter Poutine n’est pas, dans la tête des Russes, forcément voter pour un “dictateur”. Montrer l’étendue des possibilités et des situations dans cet immense pays, en commençant par l’extrême-est pour remonter, comme, en son temps, le Nobel de littérature Vladimir Soljenitsyne, jusqu’à sa partie européenne. Conter la vie des Russes ordinaires baignés dans le système “poutinien”, évoquer l’attitude “compréhensive” vis-à-vis de la corruption, la fin de l’humiliation versus la stabilité du pouvoir, pourquoi même les opposants ne remettent pas en cause l’annexion de la Crimée, le post-capitalisme…