ÉCRIVAINS VOYAGEURS

22 mai 2017.
 

Cette année encore, une riche moisson tant littéraire que cinématographique.
La chambre à récits, Passions, meurtres et fromage dans un village d’Espagne (Noir sur blanc)… Comment résister à pareil titre, de l’américain un rien loufoque Michael Paterniti ? On ne résiste pas : c’est un pur bonheur ! Avec Le voyage de Hanumân (Le Tripode) Andreï Ivanov nous emporte à travers l’Europe en compagnie de deux compères, entre magouilles, petites et grandes indignités, humiliations et mensonges, dans ces zones de transit où se mêlent l’absurde, les espoirs et les peurs de milliers de laissés-pour-compte. Anne Vallaeys a retrouvé les routes arpentées depuis la nuit des temps par des milliers d’hommes et de bêtes pour gagner les estives (Hautes solitudes, La Table ronde).

Antonin Varenne © Richard Dumas / Gilles Lapouge / Anne Vallaeys

La quête effrénée de Pete Ferguson, voleur incendiaire, déserteur de l’armée, le mènera du Nébraska jusqu’à l’Équateur, là où, dans le dernier roman d’Antonin Varenne, Équateur (Albin Michel), le monde tourne à l’envers et où les rêves sont vrais. On partage les rêveries de Gilles Lapouge dialoguant avec Tolstoï, Nabokov ou Fitzgerald, dans Maupassant, le sergent Bourgogne et Marguerite Duras (Albin Michel). Et l’on sent aux côtés de Raphaël Krafft, quand, de journaliste témoin il choisit de devenir Passeur (Buchet Chastel) pour porter secours à deux Soudanais. On apprend à savourer chaque instant de vie en se plongeant dans le journal de Sylvain Tesson, Une légère oscillation (Équateurs), qui nous invite à jouir de l’instant, et à s’extasier des manifestations du vivant : une branche dans le vent, le reflet de la lune… Au fil de ses vagabondages en Chine, Alexandre Trudeau nous livre un portrait sensible et surprenant d’un pays en mutation (En Chine, Paulsen). Pendant plus de 30 ans, Jean-Pierre Perrin a couvert pour Libération les conflits dans le monde arabo-musulman – qui nourrissent Le djihad contre le rêve d’Alexandre (Le Seuil, prix Kessel 2017). Et l’on dévore les témoignages d’aventuriers et de voyageurs réunis par Éric Milet, Survivre (Omnibus)…
Entre autres !

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Une légère oscillation

Éditions des Équateurs - 2017

La géographie de Sylvain Tesson est vaste. Elle couvre Paris, les toits de Notre-Dame, les calanques de Cassis, les montagnes de Chamonix, l’Irak, l’Ukraine, la Russie. Il y a les expéditions et les voyages intérieurs, les bivouacs d’un soir et les méditations d’un jour, mais aussi les escalades des parois et les descentes au fond des livres. Entre les mots se dessine l’écriture d’un destin. Alors que son dernier livre Sur les chemins noirs raconte son voyage du sud de la France au Cotentin, Une très légère oscillation est un miroir le long d’autres chemins.

Le journal de Sylvain Tesson oscille entre le Manuel d’Epictète et les pensées de Jules Renard. Il nous incite à jouir de l’instant, à ne rien attendre du lendemain et à s’extasier des manifestations du vivant : une branche dans le vent, le reflet de la lune. C’est la chose la plus difficile au monde que de reconnaître le bien-être dans ses expressions les plus humbles, de le nommer, le saisir, le chérir. Savoir qu’on est en vie, que cela ne durera pas, car tout passe et tout s’écoule.

Tout intéresse Sylvain Tesson. Sa panoplie littéraire enveloppe l’actualité la plus brûlante : Daech, les attentats, l’islam, le pape, la politique française mais aussi l’intemporel, la poésie, le spirituel. Humour et poésie sont les deux lignes de vie de Sylvain Tesson même quand il chute d’une toit et se retrouve hospitalisé pendant de longs mois à la Salpetrière : « Un fleuve bordé de saules pleureurs, est-ce une rivière de larmes ? »


 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Hautes solitudes. Sur les traces des transhumants

(Gallimard, 2017) - 2017

« Des heures durant, tel l’explorateur de salon penché sur sa mappemonde, j’ai consulté les cartes d’état-major, m’efforçant de décrypter l’improbable tissage de courbes, de maillages, de treillis hachurés. Parcourant de l’index les anciens lits du Rhône, rive gauche, rive droite, je me suis égarée dans les canyons du Verdon, faufilée dans les méandres d’Asse et de Bléone, estimant la taille des sommets, les cols d’altitude...
L’inévitable s’imposa : il fallait confronter mes lectures et mes observations géographiques de bric et de broc aux modèles réels, au dessin des paysages. Ressentir la trace sous les pas, éprouver la terre à mes pieds, la caresser des yeux, pour de vrai. Donner forme, réalité, épaisseur et continuité à la Grande transhumance, cette épopée "fille des montagnes".
Lever l’ancre, hisser la voile. Simplement. Marcher aussi loin que possible, au rythme des heures puisqu’ici les kilomètres n’ont aucun sens. Emprunter un fil de crête, quand, d’un hasard l’autre, les éléments basculent, quand l’équilibre, le ciel l’imposent. Alpes, nourrices des Provences. Savourer cette orgie de lieux-dits, de mythes et de légendes.
Puis, le reste, tout le reste. Teintes, couleurs, l’eau, l’air, les arbres... »

Anne Vallaeys.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Beaux livres

Atlas des paradis perdus

Arthaud - 2017

Rares sont les réussites. Pourtant, faute de savoir édifier des paradis doués d’une éternelle espérance de vie, les civilisations ont parfois réussi à manufacturer des petits bouts d’édens, des olympes provisoires capables de luire quelques jours ou quelques siècles à l’horizon de nos mélancolies. Des jardins d’Eden à la nouvelle Cythère de Bougainville, aux paradis de l’enfance de Walt Disney : voyage au cœur des paradis terrestres…

Revue de presse

"L’humanité a tendance à se bâtir des eldorados, réels ou imaginaires. Gilles Lapouge en dresse un inventaire érudit et joyeux dans cet ouvrage joliment illustré." (Bernard Lehut, RTL)

"Voyageur de toujours, Gilles Lapouge établit la carte des paradis perdus, réels ou imaginaires." (Un livre un jour, France TV)

 

DERNIER OUVRAGE

 
Autres

Survivre

Omnibus - 2017

Depuis qu’un certain Alexandre Selkirk - modèle de Robinson Crusoé - a survécu seul sur une île déserte, nombreux ont été les témoignages d’hommes et de femmes confrontés au même défi : refuser la mort et dépasser ses propres limites... Certains ont marché pendant des jours sans boire à travers le désert (Saint-Exupéry), ou des semaines à travers la forêt équatoriale (Isabelle Godin, Yossi Ghinsberg). Certains ont dû escalader des crêtes à 5 000 mètres d’altitude, parfois sans équipement (Henri Guillaumet) ou avec une jambe cassée (Joe Simpson). Certains ont accepté de se nourrir de chair humaine (Nando Parrado, Pierre Viaud), d’autres de s’amputer eux-mêmes (Aron Ralston)... Tous, au retour, se sont posé la même question : qu’est-ce qui m’a fait avancer ? Leurs témoignages ici réunis permettent de répondre à ce mystère, dont l’alchimie est faite de courage et d’imagination, mais aussi d’amour.


Revue de presse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Iran, la prière des poètes

Nevicata - 2017

L’Iran est un jardin que les mots font fleurir. Sous les coupoles des mosquées d’Ispahan et des mausolées de Chirâz, une somme de fascinantes contradictions persanes est à l’œuvre.

Les Iraniens aiment les sciences et sont superstitieux. Ils sont mystiques et amoureux des plaisirs plus terrestres. L’Iran des poètes est celui du pardon. Mais l’Iran des juges islamiques condamne à mort le plus grand nombre de mineurs au monde. Les omniprésents mollahs y sont sans cesse moqués, affublés de sobriquets ridicules, maudits, voire insultés. Mais peu d’Iraniens voudraient qu’ils disparaissent de leur paysage.

Ce petit livre n’est pas un guide. C’est un décodeur. L’Iran est un poème persan dont ces pages vous aident à saisir les dérangeantes ambiguïtés. Il dit l’âme d’un pays qui, de tout temps, a figuré au panthéon des voyageurs. Il explique le mystère et les secrets d’un grand peuple. Parce qu’en Iran, comprendre n’est qu’une étape sur le sinueux chemin des sentiments.

Un grand récit suivi d’entretiens avec Clément Therme (Comment les mollahs ont fabriqué l’homo islamicus) et Leili Anvar (Le mythe de la Taverne).

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

La chambre à récits : la passion, la vengeance et la vie dans un village

Noir sur Blanc - 2017

Dans le hameau médiéval de Guzmán (en Castille, 80 habitants), l’on se réunit depuis des siècles dans la « Chambre à récits », une pièce étroite, creusée dans le calcaire, où se partagent les histoires et le vin du pays. Si Michael Paterniti débarque un jour dans ce village, avec sa petite famille, c’est parce qu’on y produit un fromage de légende : le Páramo de Guzmán, qui est paraît-il le meilleur et le plus cher au monde. Il va y rencontrer le maître-artisan en personne, un génie volubile et magnétique, un homme au cœur brisé qui se nomme Ambrosio. Ce que Paterniti découvre à Guzmán ne ressemble en rien à la fable idyllique, au petit conte pour amateurs de slow food qu’il s’était imaginé.

Ragots, jalousies, passions terrifiantes, le village révèle peu à peu tous ses secrets (hormis celui de son fromage) et l’auteur se retrouve embarqué dans les intrigues, impliqué même. Et puisqu’il est bientôt question de préparatifs d’un assassinat…

Le journalisme narratif à son meilleur : mille digressions, des récits gigognes et une implication de l’auteur irrépressible (voire périlleuse).

Traduit de l’anglais (États Unis) par Vincent Raynaud


Revue de presse :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Passeur

Buchet Chastel - 2017

Automne 2015. Raphaël Krafft, journaliste indépendant, est à la frontière franco-italienne des Alpes-Maritimes, entre Menton et Vintimille. Il réalise un reportage sur les exilés bloqués là dans l’attente de passer en France pour demander l’asile ou de continuer vers un autre pays.
 
Il rencontre tour à tour des militants, des policiers, des fonctionnaires, une avocate spécialiste des Droits de l’homme pour constater le drame de la situation. Et décide, par un acte de désobéissance civile, d’aider deux Soudanais, « Satellite » et Adeel, à franchir la frontière.
 
À pied, Raphaël Krafft, son ami Thomas et les deux réfugiés entreprennent une ascension dans le parc du Mercantour, jusqu’au col de Fenestre, qui culmine à 2 474 mètres, pour atteindre la France.


Revue de presse :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Équateur

Albin Michel - 2017

Voleur et incendiaire dans le Nebraska, déserteur de l’armée, meurtrier dans le Nevada : Pete Ferguson est un homme en fuite. Sur la piste de l’équateur, là où le monde tourne à l’envers et où les rêves sont vrais, trouvera-t-il cette terre promise qui changera son destin ?

Roman de l’errance et de la quête, Équateur confirme la virtuosité d’Antonin Varenne, l’auteur de Fakirs et de Trois mille chevaux vapeurs. Des grands espaces de l’Ouest américain ravagés par la guerre civile au Guatemala de la révolution libérale jusqu’à la frontière entre Guyane et Brésil, l’odyssée envoûtante et poétique de Pete Ferguson célèbre et renouvelle le grand roman d’aventures.


Revue de presse :

 

DERNIER OUVRAGE

 

En Chine

Editions Paulsen - 2017

Depuis l’enfance, Alexandre Trudeau est fasciné par la Chine
qu’il avait visitée adolescent, avec son frère et son père, figures marquantes de la politique canadienne. Il y est retourné, mais avec le regard d’un enfant à qui l’on avait dit :
« Les gars, n’oubliez pas que les Chinois nous ont longtemps considéré comme des barbares ».
Relatant ses nombreux déplacements dans le pays ces dix dernières années, il laisse la Chine parler d’elle-même, en essayant de remettre en question certitudes et idées préconçues.
Parti sur la route, il donne la parole aux Chinois : entrepreneurs, artistes, ouvriers, avocat, boucher, réalisateur ou adepte du nouveau confucianisme, qu’il rencontre par l’entremise de son interprète, Vivien, jeune fille vive aux idées arrêtées. Balloté entre une Chine figée et un pays moderne, confiant en l’avenir, Alexandre Trudeau habite les immenses mégapoles comme les coins les plus reculés de la campagne.
Loin des sentiers battus, il offre un éclairage sur une société en mouvement autant qu’un récit de voyage dynamique, vivant et authentique.