IVANOV Andreï

Estonie

1er mars 2017.
 

À la fois drôle et tragique, le roman d’Andreï Ivanov a fait grand bruit en septembre dernier. Véritable coup de poing littéraire, Le voyage d’Hanumân est le roman-fleuve percutant d’un romancier qui raconte la réalité des camps de réfugiés telle qu’il l’a lui-même vécue.

Andreï Ivanov est un auteur russophone apatride, il fuit la Russie dans les années 90 et se voit refuser, suite à la chute de l’URSS, la nationalité estonienne, pays dans lequel il est pourtant né. Pour écrire le premier volet de sa trilogie Le Voyage de Hanumân (qui est aussi le portrait acerbe d’une société occidentale qui n’a d’autre horizon que ses nains de jardin), il s’est inspiré de sa propre expérience : émigré clandestin, il a vécu plusieurs années au Danemark dans des camps de la Croix-Rouge. Il a ensuite fait une thèse sur les romans de jeunesse de Nabokov, et est sorti diplômé en linguistique russe de l’université de Tallinn où il enseigne désormais la littérature. Il est l’auteur d’une dizaine de romans publiés en Russie et non traduits en français.

Son unique roman publié en France remporte un vif succès critique, et pour cause, Le voyage de Hanumân, c’est le récit d’une errance. Celle qui pousse à mentir sur sa propre identité, à s’accrocher au mirage d’une hospitalité illusoire, celle qui mène à la haine de soi et des autres, celle qui pousse à chercher par tous les moyens à s’oublier, à disparaître. Andreï Ivanov ne nous épargne rien, et c’est ce qui fait l’immense force de ce roman qui raconte à travers des personnages fictifs le quotidien bien réel, des milliers de migrants qui font chaque jour la une de l’actualité.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Le voyage de Hanumân

Le Tripode - 2016

Le Voyage de Hanumân raconte l’exil de deux paumés au Danemark, et leur vie quotidienne dans un camp de réfugiés. L’Estonien Johann et l’Indien Hanumân, compagnons d’infortune, survivent comme ils peuvent. Entre les magouilles, les petites et grandes indignités, les humiliations et les mensonges, se dessine jusqu’au rire une carte sensible de ces zones transitoires où pataugent et se mêlent l’absurde, les espoirs et les peurs de milliers de laissés-pour-compte.

Traduit du russe (Estonie) par Hélène Henry


Revue de presse :

« La réunion de ces personnages pittoresques crée un monde singulier. Et leur agitation poignante nous renvoie au destin universel de tous les déracinés. »
Alain Guillemoles, La croix

« Ouvertement revendiquées, les affinités avec Céline et Henry Miller sont incontestables. Mais tout aussi important est le poids du réel : ce n’est pas une “plongée“ dans l’univers des laissés-pour-compte, mais une vie vécue, des souffrances éprouvées dans sa chair. »
Elena Balzamo, Le monde

« Un soudeur qui écrit une thèse sur Nabokov, ce n’est déjà pas conventionnel. Un jeune homme qui, après la chute de l’URSS, s’est vu refuser la nationalité du pays où il est né (l’Estonie), ce n’est pas commun non plus. Ajoutez qu’il possède un style à la Céline, qu’il a un jour brûlé tous ses manuscrits après avoir sifflé cul sec une bouteille de vodka, qu’il a passé des mois à errer au Danemark avant d’être accepté, en 1998, dans un camp de réfugiés, et vous n’aurez encore qu’une vague idée du personnage. Andreï Ivanov a aussi fait de la plongée sous-marine dans l’Armée rouge, et joué au foot, arrière-centre, dans une équipe de migrants qui ne parlaient pas sa langue. Rien d’étonnant à ce que Le Voyage de Hanumân décoiffe. Au-delà de tout ce que vous imaginez. »
Didier Jacob, Le Nouvel Obs