REMIS À ANISE KOLTZ

AUTOUR DU PRIX GANZO DE POÉSIE

5 mai 2016.
 

En ouverture de la matinée, une rencontre « Les poètes dans la
cité » avec Yvon Le Men et Emmanuel Lepage à Maurepas,
Thierry Renard à Vénissieux, Seyhmus Dagtekin à Paris.
Puis la remise du prix Ganzo de poésie, en présence de
Margarita Perez-Ganzo, un prix, doté de 10 000 € par la
fondation Robert Ganzo et devenu en peu d’années un prix
de référence. Robert Ganzo, poète d’origine vénézuélienne, fut
l’ami de Paul Éluard et un poète de première grandeur. Anise
Koltz en est la lauréate cette année. Alain Borer, président
du jury : « Il y a trois temps dans chaque bref poème d’Anise
Koltz, d’abord une fulgurance, suivie presque immédiatement
par une forte détonation de sens, enfin un silence particulier,
qui signale que l’on est arrivé au centre-de-la-cible-de-Poésie.
Anise Koltz, grande voix du Luxembourg (où elle est née
en 1928) désormais en Poésie/Gallimard (Somnambule du
jour, 2016) prend place enfin parmi les plus importantes de la
langue française. » La matinée se terminera par un hommage
à la collection Poésie/Gallimard, pour ses 50 ans d’existence.
► Dim. à partir de 11h15, Maupertuis

CHANGER DE LANGUE
COMME ON CHANGE
DE CHEVAL ?
Seyhmus Dagtekin est né dans le plus petit village
kurde qui soit et s’est métamorphosé en poète
français qui accueille chez lui le monde entier.
Kim Thuy a quitté le Vietnam comme boat people
à l’âge de 10 ans. Elle s’est installée au Québec où
elle est devenue un écrivain de langue française
dont les oeuvres ont traversé les frontières. Anise
Koltz, d’abord poète de langue allemande, a décidé
dès les années 1980 de n’écrire qu’en français
après la mort de son mari des suites des tortures
infligées par les nazis : tous les trois ont agrandi
la langue française. Avec Kim Thuy, Seyhmus
Dagtekin et Anise Koltz.
► Dim. 15h45, Salle Sainte-Anne

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

De la bête et de la nuit

Le Castor Astral - 2021

Pour Şeyhmus Dağtekin, écrire, c’est tenter d’être juste envers soi-même et envers l’autre qu’il soit humain, animal, végétal, minéral. De la bête et de la nuit est issu de cette attention, de ce regard qui voudrait serrer, cerner l’autre au plus près de son être et de sa nuit.

De la bête et de la nuit marque à nouveau le lien profond que Şeyhmus Dağtekin entretient entre sa langue maternelle, le kurde, et sa langue d’adoption, le français. L’auteur renoue ainsi avec le Kurdistan à travers la langue française et les sonorités du kurde. Il impose une musique unique qui défie le temps et l’espace pour défier les agresseurs et les commandeurs éternels. Ces poèmes marquent une étape capitale dans sa quête d’identité qui dépasse les frontières.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

« Speak white ! » Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?

Gallimard - 2021

Les langues savent sur nous des choses que nous ignorons. Elles diffèrent non par les mots, qui voyagent et s’échangent par familles, mais par leurs idéalisations collectives, logées dans leur morphologie. Aujourd’hui, la langue française est en passe de s’effondrer en une sorte de dialecte de l’empire anglo-saxon — ce qui implique un autre Réel, autant qu’un infléchissement collectif des visions du monde et des relations humaines, dont aucun politique, semble-t-il, n’a la première idée. « Speak white ! », partout résonne l’injonction de parler la langue du maître : nous soumettrons-nous ? Mais pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Les continents sont des radeaux perdus : Tome 4, Un passeport pour la vie

Bruno Doucey - 2024

Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.

« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds

m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd

dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays

ils font de l’inconnu
un étranger. »

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Em

Liana Levi - 2021

Au Vietnam, le mot em sert à dire sa tendresse, sa délicate attention pour l’autre, plus jeune ou plus âgé. Dans un square de Saigon, sous un banc, un bébé a été abandonné. Louis, orphelin métis, de quelques années son aîné, le couche dans une grande boîte en carton. Il l’appelle Em Hong, « petite sœur » Hong. Louis prendra soin d’elle jusqu’à ce qu’ils soient séparés, lors de l’opération Babylift, au printemps 1975, qui évacue peu avant la chute de la ville les orphelins de guerre et enfants nés de GI’s. Sans le savoir, ils auront des vies parallèles, celles d’enfants américains adoptés. Ils ignorent ce que leur existence doit à la multitude de destins brutalisés avant eux dans le long conflit vietnamien. Em, c’est le fil qui relie les ouvriers des plantations de caoutchouc en Indochine aux femmes des premiers salons de manucure en Amérique du Nord. Ce sont les liens d’amour et de haine entre les vies brisées de la « guerre américaine ».

Dans ce roman, Kim Thúy noue des histoires vraies, pleines d’images fortes, méconnues ou aussi célèbres que la photo prise à My Lai. Sa prose lyrique et sobre nous embarque dans une traversée bouleversante de l’Histoire.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Le désir : Aux couleurs du poème

Bruno Doucey - 2021

« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles… » Pour le 23e Printemps des Poètes, les Éditions Bruno Doucey ont suivi la voie ouverte par Rimbaud parce que le désir donne des couleurs à la vie. Dans cette anthologie qui rassemble des poètes français et étrangers, contemporains pour la plupart : un désir blanc de silence, d’absence et d’éternité ; un désir jaune de fraîcheur, d’éveil et de rayonnement ; le rouge désir des lèvres qui s’unissent et du sang qui pulse en nos veines ; un désir bleu de voyage, d’espace et de mer… Sans omettre ces orangers qui font aimer la pulpe de la vie, ou le désir obscur, né des profondeurs de la nuit, que tant d’êtres ont approché dans une brûlure. 88 poètes, dont la moitié sont des femmes… Et la main verte de Thierry Renard et Bruno Doucey lorsqu’il s’agit de satisfaire notre désir de poèmes.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Bande Dessinée

Au pied des étoiles

Futuropolis - 2024

Un professeur de physique dans un lycée de Grenoble, José Olivares, avait un rêve : emmener ses élèves voir les étoiles dans le désert d’Atacama, au Chili. Là où se trouvent les plus grands observatoires sur terre. Il avait imaginé que deux auteurs de bande dessinée racontent en images cette expédition. Le voyage était prévu en avril 2020, mais rien ne s’est passé comme prévu. Alors que le monde est confiné pour cause de pandémie, on découvre chez Emmanuel Lepage une tumeur maligne. Plus question de partir.
Un premier voyage aura finalement lieu en décembre 2021, sans les lycéens, faute d’argent, mais avec le professeur et les deux auteurs. C’est le moment de l’élection présidentielle au Chili, qui devra départager un candidat d’extrême droite et le jeune candidat de la gauche unie, Gabriel Boric. Dans cette effervescence du résultat de l’élection, où se joue l’avenir du Chili, les deux auteurs se mêlent au peuple qui afflue en masse vers la place d’Italie...

Depuis ses débuts, l’aîné, Edmond Baudoin, s’est tourné vers une bande dessinée autobiographique, tandis que le cadet, Emmanuel Lepage, a choisi de s’exprimer dans la fiction, pendant vingt ans, avant de se permettre de dire « je » dans ses livres. Mais ce qui les réunit est bien plus fort que ce qui les sépare : le voyage d’abord, leur amour de l’art et du beau ensuite, leur engagement passionné pour l’humain enfin. Témoin, ce livre de non-fiction magnifique, singulier, foisonnant, riche de leurs échanges, écrit et dessiné à quatre mains. Il raconte leur voyage au Chili en décembre 2021, les étoiles du désert d’Atacama, le dessin, l’amour, les rencontres, la nécessité de transmettre, la beauté des êtres et des choses, et toujours, toujours, la vie.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Somnambule du jour : Poèmes choisis

Gallimard - 2016

Anise Koltz est née au Grand-Duché du Luxembourg en 1928. À part de très nombreux voyages en Asie, États-Unis, Afrique et Europe, elle a depuis sa naissance toujours vécu dans son pays d’origine auquel elle est très attachée.
Du fait de l’occupation des Allemands pendant la dernière guerre, Anise Koltz sera obligée à s’orienter vers la culture allemande. Ses premiers livres seront donc édités à Luxembourg et en Allemagne. Mais dès les années quatre-vingts, elle n’écrira plus qu’en français, abandonnant complètement l’allemand, sa première langue littéraire. Son mari, le Dr René Koltz étant mort prématurément des suites des tortures que lui avaient infligées les nazis, elle se refuse depuis lors à user de la langue des bourreaux de son époux.
De 1963 à 1974, Anise et René Koltz ont animé les « Biennales de Mondorf » qui se voulaient « un laboratoire, si modeste soit-il, de la construction d’une société multiculturelle ».
Avec cette anthologie publiée en Poésie/Gallimard, Anise Koltz explore et expose tous les thèmes d’une œuvre vouée à l’incertitude, à l’inquiétude de ne pas formuler l’essentiel, c’est-à-dire une réalité qui échappe sans cesse, qu’il s’agisse de sa part visible ou du côté caché des choses. Ne souligne-t-elle pas comme s’il s’agissait d’une évidence : « Autrefois, l’homme avait peur de l’avenir, aujourd’hui l’avenir a peur des hommes ! »