REGARD DE PHOTOGRAPHES : L’ÉCRITURE DU SILENCE

5 mai 2016.
 

À côté de photo reporters attachés à dire le tumulte du monde, il en est
d’autres, soucieux d’un art à hauteur d’hommes, loin de tout reportage et de
toute actualité : Antoine Agoudjian, Georges Dussaud, Francesco Gattoni,
Massimo Berruti. Lundi, la projection du Cri du silence d’Antoine
Agoudjian, sur son travail de photographe autour de la mémoire arménienne
sera suivi d’une rencontre sur L’écriture du SIlence (voir p. 27) et de la
projection de Delpire, le montreur d’images de Sarah Moon pour fêter
les 90 ans de Robert Delpire qui révéla les plus grands noms de l’image.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Revue

Revue Apulée n°1 : Galaxies identitaires

Zulma - 2016

Cette nouvelle revue annuelle de littérature et de réflexion initiée par Hubert Haddad s’engage à parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, loin d’un point de vue étroitement hexagonal, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée.
C’est autour du nom prestigieux d’Apulée – auteur berbère d’expression latine qui, avec l’Âne d’or ou les Métamorphoses, ouvrit au IIe siècle une extraordinaire brèche de liberté aux littératures de l’imaginaire – que se retrouvent ici écrivains et artistes venus d’horizons divers. Romanciers, nouvellistes, plasticiens, penseurs et poètes des cinq continents auront la part belle pour dire et illustrer cette idée de la liberté, dans l’interdépendance et l’intrication vitale des cultures.

Avec ce numéro inaugural, c’est sur le thème des Galaxies identitaires que la revue Apulée entre en scène pour tenter d’en finir avec les enfermements idéologiques, les replis élitistes et les fanatismes aveugles. Et la création et la réflexion ont beaucoup à dire sur les identités…

 

DERNIER OUVRAGE

 
Beaux livres

Le Cri du silence

Flammarion - 2015

Il y a 27 ans, Antoine Agoudjian, petit-fils de rescapés du génocide de 1915, s’est lancé à la recherche des lieux imprégnés de l’histoire de son peuple. Après l’Arménie et le Caucase, il poursuit son travail sur la mémoire à Jérusalem, au Liban, en Syrie, en Turquie, en Irak, en Iran...
Par la puissance esthétique de ses photographies comme par l’intégrité de sa démarche, Antoine Agoudjian se pose en témoin, questionne et transmet un message d’espoir, celui de la puissance indomptable de l’esprit humain.

La photographie, devenue vecteur de ses émotions, a su donner tout son sens à sa quête identitaire.
A l’occasion du centenaire du génocide arménien, il publie l’œuvre d’une vie, dont l’histoire de son peuple constitue le fil directeur, tout en devenant le reflet des luttes contemporaines face à l’intolérance.
Comme l’affirme l’auteur, « il faut immortaliser la mémoire afin qu’elle n’appartienne pas qu’au passé. »

©Electre 2015

 

DERNIER OUVRAGE

 
Beaux livres

Lashkars : Milices civiles pashtounes face aux talibans

Actes Sud - 2011

Le photojournalisme connaît actuellement une période de mutation, rendue amère par les difficultés de la presse à financer de si complexes et lointains reportages. Compte tenu de ces nouvelles contraintes, la Fondation Carmignac Gestion a voulu donner aux photoreporters, témoins essentiels de notre temps, les moyens d’aller là où les autres ne vont pas et de nous donner à voir la réalité masquée par la distance et la quête permanente de sensationnel à laquelle les médias n’ont de cesse de se livrer. En 2009, cette ambition a conduit à la création du prix du photojournalisme Fondation Carmignac Gestion. Le présent ouvrage met pour la première fois en lumière le reportage, inédit, réalisé trois mois durant en terre pakistanaise par le jeune photojournaliste romain Massimo Berruti. Son terrain d’investigation n’est autre que les sociétés afghanes et pakistanaises, leurs mutations, leurs vies d’otages et de conflits qui dépassent largement la dimension de la région. C’est au péril de sa vie que l’auteur a choisi de partager le sort si difficile de ces populations et leur combat pour la liberté. Le photographe travaille en noir et blanc. Sa force réside dans le jeu des regards qui se croisent et nous interpellent par un cadrage strict et fluide. À l’oeil de l’artiste s’ajoute le regard d’un journaliste humaniste, qui se doit de n’en occulter ni la brutalité ni les fragments de beauté subreptice. Son objectif est de traquer la vérité et d’en rendre compte fidèlement, dans sa dimension à la fois tragique et humaine, sans craindre d’affronter les situations de détresse extrêmes. Il nous informe ainsi sur certaines coutumes des populations locales et contredit les clichés pesant sur celles-ci, qui ne soutiennent pas nécessairement la cause des talibans. Ainsi, on croise le regard de ce chef lashkar, né à ce carrefour singulier que forment les zones tribales sur la carte des grands enjeux mondiaux, entre allégeance pakistanaise et mémoire d’un passé afghan. Ce vieil homme ne défend pas seulement la vie des siens ni la terre de ses ancêtres, il livre avant tout un combat intérieur où son âme est en jeu. Ce n’est pas de gaieté de coeur qu’il mène cette bataille reçue en héritage, et c’est ce que montre la gravité de son regard. Sur le papier, la mission de Massimo Berruti se résume à un simple mot : témoigner. Mais c’est sur le terrain qu’ensuite tout commence…