LES GRANDS DÉBATS
5 mai 2016.
EN PARTENARIAT AVEC
LE CENTRE NATIONAL DU LIVRE
QUI FÊTE CETTE ANNÉE 70 ANS
DE CRÉATION LITTÉRAIRE
COLÈRE NOIRE
Phénomène littéraire de l’année 2015 aux États-
Unis, Ta-Nehisi Coates signe un essai somptueux,
en forme d’adresse à son fils, pamphlet contre
une Amérique blanche maintenant son hégémonie
par l’asservissement et la violence. Une
rencontre avec Pascal Blanchard.
► Sam. 11h, Maupertuis
HENRY CORBIN (1903-1978)
Un immense philosophe à découvrir. Un passeur
entre deux mondes, Orient et Occident. Un
chercheur qui invitait à renverser sans trembler
nos catégories mentales, et oser penser enfin les
puissances d’une « imagination créatrice ». Pour
l’évoquer, Christian Jambet, qui fut son élève et
occupe aujourd’hui la chaire d’études islamiques
à l’École des Hautes études, Souad Ayada, philosophe,
Seymus Daegtekin, écrivain et poète,
qui interprétera quelques poèmes du philosophe
soufi Ibn Arabi, Abdennour Bidar, philosophe
et producteur à France Culture, les écrivains Atiq
Rahimi et Michel Le Bris qui, tous deux, ont
été profondément marqués par sa pensée (voir
page 15).
► Sam. 14h, Maupertuis
L’ORIGINE DE LA VIOLENCE
Sociale, politique, militaire, quotidienne : Colum
McCann, dans Treize façons de voir plonge au
coeur de la violence ; Charles Robinson plonge
dans l’abîme de la « Cité des Pigeonniers », William
Boyle a grandi dans un quartier de Brooklyn
dont il restitue magistralement la dureté,
Mohamed Sarr nous entraîne dans une ville aux
mains des islamistes. Quatre approches du mystère
de la violence et du pouvoir de la littérature
de contenir celle-ci.
► Sam. 15h45, Maupertuis
L’EFFET SCIENCE-FICTION
L’amorce d’un phénomène qui pourrait s’avérer
aussi riche que fut la vogue de littérature « noire »
dans les années 70 : voici que les écrivains de
littérature générale se tournent vers la S.F. pour
dire l’inconnu de ce qui vient. Faut-il s’en étonner
quand notre modernité, aussi, se dit transhumanité,
intelligence artificielle, robots, porte
des étoiles, changement de notre rapport à la
nature et à l’animal ? Boualem Sansal signe
une fable orwellienne, Matthias Politycki imagine
un XXe siècle en péril de sombrer dans un
Moyen-Âge futuriste, Rosa Montero construit
un monde complexe, futuriste, et Jean-Marc
Ligny s’affirme comme un des plus grands écrivains
actuels de SF.
► Sam. 17h30, Maupertuis
DU GOUVERNEMENT DIVIN
Christian Jambet, très loin du tohu-bohu des
« experts », est des plus grands spécialistes aujourd’hui
de l’Islam, à la réputation mondiale.
Il publie Du gouvernement divin : comment
au sein de l’Islam pense-t-on le gouvernement
des hommes au regard de la Révélation ? Avec
Christian Jambet, Michel Le Bris, Abdennour
Bidar et Souad Ayada.
► Dim. 10h, Maupertuis
AUTOUR DU PRIX GANZO DE POÉSIE
En ouverture une rencontre « Ensemble, la poésie » avec Yvon Le Men et Emmanuel Lepage à
Maurepas, Thierry Renard à Vénissieux, Seyhmus
Dagtekin à Paris. Puis la remise du prix
Ganzo de poésie, à une poétesse de première
grandeur. Anise Koltz. La matinée se terminera
par un hommage à la collection Poésie/Gallimard,
pour ses 50 ans d’existence.
► Dim. à partir de 11h15, Maupertuis
LES SOCIOLOGUES SONT-ILS
DEVENUS FOUS ?
Paul Berman, Pascal Bruckner, Pascal
Blanchard, Fawzia Zouari, Nathalie
Heinich, Fethi Benslama
Une ligne rouge a été franchie par la « fatwa » lancé
dans les colonnes du Monde par un collectif de
sociologues contre Kamel Daoud, accusé d’avoir
mis en cause, à propos de Cologne, la relation
aux femmes dans le monde musulman. Une ligne
rouge franchie, qui révèle crûment un impensé
jusque-là en lisière qui n’a de « scientifique » que
l’arrogance des signataires. Nous interpelle ce
climat d’excommunication Le clivage est si profond,
ici, qu’il valait, avons-nous pensé, un grand
débat. Non pas en forme de punching-ball mais
de réflexion, depuis des expériences différentes.
Nous en avons tous besoin.
► Dim. 14h, Maupertuis
NÉGRITUDE, CRÉOLITÉ, IDENTITÉ.
AUJOURD’HUI DES PIÈGES ?
Alfred Alexandre, Roland Brival,
Makenzy Orcel et Evains Wêche
Alfred Alexandre, romancier martiniquais,
dresse un constat critique : les discours de la
négritude puis de la créolité, nés comme contrecultures,
feraient obstacle à l’émergence d’une
littérature renouvelée, rompant avec le « questionnement
identitaire dans lequel elle est enfermée
». Il revendique un retour au récit, délaissé
dit-il au profit du travail sur la langue par ses
prédécesseurs, « poètes déguisés en romanciers »
(Édouard Glissant, Patrick Chamoiseau).
► Dim. 15h45, Maupertuis
IMAGINAIRE, POÉSIE ET POUVOIR
Hubert Haddad, Michel Le Bris
et Christiane Taubira
On voudrait à toute force nous réduire au statut
de « producteurs » et de « consommateurs ». Toute
contestation est supposée s’y réduire. Les crises
que nous traversons seraient d’abord économiques,
puis, par ricochet, sociales et politiques.
Ce que nous dit la poésie serait peut-être ceci :
qu’il est aussi en chacun une dimension de grandeur,
de liberté, qui le fonde en son humanité – à
laquelle le reste s’ordonne. Et que la crise, précisément,
tient à ce qu’on veut l’ignorer.
► Dim. 17h30, Maupertuis
CERVANTES, SHAKESPEARE :
L’ÂME AUSSI DE L’EUROPE
François Laroque, Jean Canavaggio
et Michel Le Bris
Ils sont de ces figures, comme Dante, Rabelais,
Goethe, Hugo dont il nous semble qu’ils incarnent
l’âme même de l’Europe – une idée qu’il n’est pas
inutile de creuser tant on oublie que l’Europe à
travers les âges fut d’abord cela : une culture.
Europe baroque, Europe des Lumières, Europe
romantique, flamboiement de la Mitteleuropa :
comment avons-nous pu les oublier ? Comment
avons-nous pu construire l’Europe après-guerre
en oubliant cette prodigieuse aventure intellectuelle
? Cervantès, Shakespeare : une certaine
idée de l’Europe.
► Lun. 10h, Maupertuis
LE RETOUR DU RELIGIEUX
Jean Birnbaum, Jean-Claude Carrière,
Michel Le Bris, Fethi Benslama,
Abdennour Bidar
Nous nous croyons irréligieux en diable, même
si nous cédons aux modes, aux idéologies – sans
même comprendre que c’est cela, le religieux.
Qui peut parfaitement se proclamer athée – à
preuve, le communisme. En sorte que nous nous
trouvons aujourd’hui à peu près démunis devant
les intégrismes. Et si nous reprenions les choses
au commencement ? Entre savoir et croire, il faut
choisir, dit-on – mais de quel ordre, dans ce cas,
l’imaginaire ?
► Lun. 11h30, Maupertuis
ROMAN-MONDE
Bob Shacochis, Miquel De Palol,
Laurent Genefort
Il est des romans dont il nous semble à les lire
qu’ils veulent embrasser le monde en son entier –
non par le biais du reportage, mais dans un embrasement
d’imaginaire, en inventant de nouvelles
formes, en créant des mondes. Et la littérature ne
déploie jamais aussi évidemment ses puissances
que lorsque s’établit ainsi entre monde réel et
monde imaginé un rapport d’incandescence…
► Lun. 14h, Maupertuis
PENSER L’ISLAMISME
Pascal Ory, Paul Berman, Fethi Benslama
Comprendre, ou penser ? Ce n’est peut-être pas
exactement la même chose. Comprendre, étymologiquement,
c’est intégrer en soi – ce que garde
en lui le langage populaire « faut le comprendre,
le petit gars » (suivent les causes, sociales le
plus souvent). En ce sens-là, oui, comprendre
c’est (disons, un peu) excuser. Si nous croyons
que nous sommes déterminés par le social, que
nous sommes mus par des causes, alors, oui,
ce sont les causes qui sont bien sûr coupables
(donc nous, pour être clairs). Pour penser, au
contraire, comme pour voir, trop de proximité
nuit : penser suppose la mise à distance. Deux
attitudes différentes. Et si l’on s’efforçait de penser
l’islamisme ?
► Lun. 15h30, Maupertuis
GARDIENS DU SENS DES MOTS
Orlando Luis Pardo Lazo, Dany Laferrière,
Lyonel Trouillot
Vaclav Havel le rappelait sans cesse : la responsabilité
première des écrivains, face aux
totalitarismes, est d’être les gardiens du sens
des mots. Cette manière insidieuse qu’avait le
pouvoir en place de renverser le sens des mots
en son inverse, d’appeler liberté l’oppression,
« programme d’entente et de concorde entre les
peuples » l’épuration ethnique, etc. C’est aussi de
lutter contre l’acceptation de mots tabous, qu’on
laisse s’installer ici même, (« stigmatisation », « islamophobie
» etc.), qui sont autant d’intimations
à ne plus penser – à se taire…
► Lun. 16h45, Maupertuis
GRANDS PRIX
« LITTÉRATURE
MONDE »
Pour la troisième année consécutive, nous décernerons
à Saint-Malo, Première plus que réussie,
l’an passé, pour ces deux nouveaux prix (français
et étranger) lancés conjointement par l’AFD
(Agence Française de Développement) et le festival,
pour porter encore plus loin notre idée de
« littérature monde ».
Avec un jury composé de :
Boualem Sansal, Nancy Huston, Atiq Rahimi,
Jean Rouaud, Paule Constant, Dany Laferrière,
Michel Le Bris, et présidé par Ananda Devi.
LA SÉLECTION
Prix Littérature-monde
Makenzy Orcel L’ombre animale (Zulma)
Catherine Poulain Le Grand Marin (L’Olivier)
Carole Martinez La Terre qui penche
(Gallimard)
Hyam Yared Tout est halluciné (Fayard)
Jean Hatzfeld Un papa de sang (Gallimard)
Prix Littérature-monde étranger
Bob Shacochis, La femme qui avait perdu
son âme (Gallmeister), traduit de l’américain
par François Happe
Ondjaki, Les Transparents (Métailié), traduit
du portugais (Angola) par Danielle Schramm
A. Igoni Barrett, Love is power, ou quelque
chose comme ça (Zulma), traduit de l’anglais
(Nigeria) par Sika Fakambi
► L’annonce des nouveaux lauréats aura lieu
le samedi au Café littéraire à 14h,
et se prolongera par une matinée
« littérature-monde » le lundi à l’Auditorium,
à partir de 11h.
DERNIER OUVRAGE
Poésie
De la bête et de la nuit
Le Castor Astral - 2021
Pour Şeyhmus Dağtekin, écrire, c’est tenter d’être juste envers soi-même et envers l’autre qu’il soit humain, animal, végétal, minéral. De la bête et de la nuit est issu de cette attention, de ce regard qui voudrait serrer, cerner l’autre au plus près de son être et de sa nuit.
De la bête et de la nuit marque à nouveau le lien profond que Şeyhmus Dağtekin entretient entre sa langue maternelle, le kurde, et sa langue d’adoption, le français. L’auteur renoue ainsi avec le Kurdistan à travers la langue française et les sonorités du kurde. Il impose une musique unique qui défie le temps et l’espace pour défier les agresseurs et les commandeurs éternels. Ces poèmes marquent une étape capitale dans sa quête d’identité qui dépasse les frontières.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Le gouvernement divin : Islam et conception politique du monde
CNRS éditions - 2016
" Dieu est le souverain de l’univers parce qu’il est son créateur et il gouverne le monde terrestre par l’intermédiaire de ses prophètes dont le meilleur Mahomet ". Cet article de foi universellement reconnu en islam se prête à bien des interprétations. Ainsi, selon l’islam chiite, cette souveraineté divine est relayée sur la terre par les prophètes, mais aussi par les douze imams qui possèdent l’exclusivité de l’autorité politique et spirituelle après la mort de Mahomet. L’ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique d’Iran, a prétendu fonder le pouvoir absolu du " savant en religion " sur le fait que ce savant serait le représentant des imams. Mais n’y aurait-il pas, en islam, une autre conception politique du gouvernement, une autre façon de fonder son pouvoir ? Le théoricien chiite Mullâ Sadrâ (1571-1641), dont l’oeuvre est ici étudié dans son développement conceptuel, propose en effet une alternative à l’interprétation dominante. Chez cet auteur, Dieu est toute chose, est présent en toute chose et son " trône " réside, non pas au-dessus de l’univers, mais dans le coeur du vrai fidèle, du savant éclairé. La religion devient un exercice spirituel d’intériorisation des sens cachés du Coran et un ensemble de savoirs qui visent à produire une liberté intérieure semblable à celle que connaît Dieu. Une quête impérieuse de la vie bienheureuse, antidote à tous les dogmatismes religieux.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Petit traité du racisme en Amérique
Grasset - 2023
Dans ce livre, le premier qu’il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis. Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d’habitants au total - plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme. Loin d’organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : « On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n’est qu’avec les nuances qu’on peut avancer sur un terrain si miné. »
Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l’on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain. « Mépris », « Rage », « Ku Klux Klan » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l’inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l’auteur de La Case de l’oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s’achève sur une note d’espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. « Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous ! »
DERNIER OUVRAGE
Essais
L’avenir des simples
Grasset - 2020
On a bien compris que l’objectif des « multi-monstres » (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l’exercice d’une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d’avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l’art savant de l’aiguille et du tricot et la pratique d’un instrument de musique au lieu qu’on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l’emprise des « multi-monstres », utiliser toutes les armes d’une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : « votre appareil ne nous intéresse pas », graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l’agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d’agro- écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l’immense solitude des campagnes et l’encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l’arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d’habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c’est refroidir l’atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, « c’est un éternel Treblinka ».
— -
Revue de presse :
- « Un Goncourt en gilet jaune » (Didier Jacob, Bibliobs)
- « Avec humour, nostalgie aussi, il invite à résister en adoptant le régime végan, en refusant la surconsommation et en privilégiant les initiatives individuelles plutôt que la levée en masse » (Didier Jacob, Bibliobs)
DERNIER OUVRAGE
Récit
Sylvia P.
Bruno Doucey - 2023
Février 1963, Londres. Une jeune mère de famille se suicide en glissant la tête dans son four à gaz. Cette femme, Sylvia Plath, est une poétesse. On la dit poussée au désespoir par les trahisons de son mari. À l’heure où les femmes cherchent à sortir de l’étau qui les étouffe, Sylvia est érigée en symbole par les féministes. Malgré elle. Car le destin de cette femme comète, hantée par la noirceur, est beaucoup plus complexe. Sous la plume empathique d’Ananda Devi, on suit la vertigineuse descente aux enfers de ce couple maudit. Jusqu’à l’éblouissement absolu.
Revue de presse
- « À travers [Plath], Ananda Devi livre sa part d’ombre et sa façon de l’approcher par l’écriture, qui se fait tantôt brûlure, tantôt armure. » (Kerenn Elkaim, Livres Hebdo)
DERNIER OUVRAGE
Essais
Pour l’amour des livres
Grasset - 2019
« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles.
Pour moi, ce fut la Guerre du feu, « roman des âges farouches » aujourd’hui quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à Morlaix. Pourquoi celui-là ? La couverture en était plutôt laide, qui montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant moi…
Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des livres, par la grâce d’une rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé, sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.
J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture : qu’il est en chacun de nous un royaume, une dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »
- “Du grenier breton où le gamin plonge tête la première dans La Guerre du feu, jusqu’à la découverte en bibliothèque du Dernier des Mohicans et de Moby Dick, flibustiers et explorateurs, pionniers et cannibales sont réunis ici pour rappeler la puissance de la lecture sur un enfant solitaire.” Télérama
- “Ce nouvel opus est à la fois une autobiographie et un essai. Une ode à l’écriture et aux écrivains. Michel Le Bris fait de la lecture une nécessité, une urgence pour se construire soi-même. La littérature est aussi un engagement et une bataille pour la culture, essentielle à la démocratie.” France Inter
- "Pour l’amour des livres participe de belle manière à cet hommage choral que les écrivains ont rendu au fil du temps afin de s’acquitter de leur dette envers une littérature qui leur a tant apporté." Zone Critique
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Malséance
Atlantiques déchaînés - 2023
Prenant élan sur un poème écrit à vingt ans et lu par Hervé Denis le 1er août 1980 dans un spectacle par la suite interdit par la dictature de Jean-Claude Duvalier, Malséance oppose la violence verbale à la violence de l’histoire et du réel : pauvreté, racisme, héritages coloniaux, migration forcée, postures, impostures... mille formes de domination et de travestissements dans ce que le poète René Philoctète appelait « le procès des hommes contre l’homme ».
Complicité, évidente ou discrète avec de nombreux poètes dans la fonte d’un je/nous : voix singulière et sujet collectif, la poésie devant être faite par tous. Passé, présent, colère, révolte, adhésion et rejet, voyages et transbordements, repères et pertes de repères, implacablement hostile à l’ordre, aux ordres, critique de la permanence et des actualités des malheurs du monde, Malséance est un soupçon de ce que la poésie ou peut-être l’intention poétique se doit d’être envers tous les pouvoirs : l’abolition des frontières et la plus résolue des impolitesses.
Couverture provisoire
DERNIER OUVRAGE
Romans
Par le fil je t’ai cousue
Plon - 2022
« Du fil, du sang et des mots. Il n’en faut pas plus pour faire disparaître le corps d’une fille. La dématérialiser d’un coup, un seul. Net et sec. Une entaille. Et le liquide qui coule, tout naturellement, dans une odeur de femmes et de secret. »
Une fillette grandit dans l’ombre d’une famille traditionnelle et dans la soumission à une mère toute-puissante. Mais ce coin de Tunisie rurale est bousculé par la modernité, avec l’avènement de l’Indépendance, le départ des colons français, l’arrivée de Bourguiba, l’école obligatoire pour les filles. Alors l’enfant, destinée à vivre et à mourir voilée et analphabète comme ses sœurs aînées, va, première de sa tribu, prendre le long chemin de l’émancipation. Le prix à payer sera lourd pour celle qui devra se libérer des sortilèges, des interdits et des secrets maternels.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Alliances
L’Atalante - 2020
Sur une Terre dont le climat a radicalement changé suite à l’emballement climatique, des oasis et des microclimats locaux ont permis à la vie de s’abriter, voire de se développer. Mais quelle place pour l’homme dans un tel écosystème, face à l’émergence probable d’une nouvelle espèce dominante sur la planète ? Il pourrait y avoir des alliances inédites à passer.
Tikaani, l’Inuit, parti d’Islande à bord d’un avion solaire, Ophélie, la guérisseuse tapie dans sa jungle au Canada, Denn et Nao, qui ont quitté leur tribu cavernicole du désert qu’est devenue la Californie : tous sont à la recherche de survivants, certains rêvent de redonner sa place à l’humanité. Mais ils vont apprendre que ce qui reste des hommes peut encore nuire à la planète..
Le dernier opus du maître français de la climate fiction.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Croyance
Odile Jacob - 2015
« La croyance, cette certitude sans preuve , pouvons-nous l’approcher, la connaître ? Qu’est-elle exactement ? Une rébellion individuelle, ou au contraire un ralliement à un groupe, à une secte ? Un réconfort ou une aberration ? Alors que nous pensions, depuis le siècle dit des Lumières , aller vers plus de clarté, plus de maîtrise sur le monde et sur nous-mêmes, nous voyons que la croyance a marché près de nous au même pas que la connaissance, et que l’obscurité nous accompagne toujours, avec son cortège de rage et de sang. Nous voyons qu’une vieille alliance, que nous espérions dissipée, s’est renouée entre la violence et la foi. Pouvons-nous, le temps d’un livre, nous arrêter au bord du chemin, réfléchir ensemble, rappeler certains épisodes de notre passé et nous demander s’il nous reste une chance, un jour, d’éteindre, ou d’adoucir, ce feu ancien qui nous déchire encore ? » J.-C. Carrière.
Revue de presse :
- « La question que se pose Jean-Claude Carrière dans son livre sera donc de plus en plus d’actualité. Nous devrons tous choisir entre connaissance et croyance. Mais ceux qui continueront à se référer à la connaissance et à la rationalité scientifique, comme à l’athéisme, le feront à leurs risques et périls. Beaucoup auront, tôt ou tard et par la force des choses, la tête tranchée. »
Mediapart - « Si l’on connait la vitesse de la lumière, peut-on mesurer celle de l’obscurité ? Grâce à la Science, l’Homme a la certitude que la connaissance va le sortir des ténèbres. Or, selon l’auteur, malgré des découvertes majeures, "l’obscurité marche toujours à nos côtés". Les actes terroristes au nom des religions en sont l’expression la plus violente. A méditer… »
Culture box
DERNIER OUVRAGE
Romans
Treize façons de voir
Belfond - 2016
Dans le court roman en treize chapitres qui donne son titre au recueil, M. Mendelssohn, 82 ans, juge à la retraite, supporte mal ses différents maux, son état de vieillard dépendant. Veuf, père d’un fils instable et d’une fille rebelle qui réside en Israël, il est un jour victime d’une brutale agression dans la rue…
Quelle heure est-il, maintenant, là où vous êtes ? Un écrivain doit écrire une histoire de Noël. En manque d’inspiration, il imagine une femme soldat en Afghanistan, volontaire pour un tour de garde la nuit de Noël dans un port glacial.
Sh’khol (« Le parent qui a perdu un enfant » en hébreu) Thomas, 13 ans, adopté en Russie par Rebecca et Alan, dont elle est séparée, disparaît après une plongée en mer d’Irlande.
Traité Une religieuse reconnaît à la télévision l’homme qui l’a violée et torturée trente-sept ans auparavant dans la jungle colombienne.
Comme si y avait des autres Jamie, 17 ans, renvoyé du chantier où il travaillait pour cause de possession de drogue, enfourche un cheval et attaque au couteau un ouvrier roumain.
Cinq fictions reliées par la violence sociale, politique, militaire, quotidienne ou psychologique - marquées par la rancune, la rétorsion, la brutalité sans motif mais aussi par des moments de grâce qui font que, tous comptes soldés, l’espoir demeure. Colum McCann déploie son talent de conteur dans des récits à fleur de peau, concentrés de beauté pure et de sentiments cruels et lumineux.
Revue de presse :
- « Colum McCann est l’auteur de la puissance, de la subtilité, de la beauté… Les cinq histoires qui composent ce recueil ont beau être toutes différentes, elles sont animées du même malaise, de la même tension ; le sentiment que les choses vont de travers et qu’elles ne pourront s’arranger que si les personnages […] parviennent à en saisir toute la portée. » _ The New York Times
- « Quatre histoires et un court roman et voici que Colum McCann ravive la magie qui a fait le succès d’Et que le vaste monde poursuive sa course folle. » _ The Huffington Post
- « L’une des forces de McCann réside dans sa capacité à se projeter avec ses lecteurs dans la peau d’un autre. » _ The Guardian
- « L’irréductible mystère de l’existence : un thème fétiche que McCann explore avec acuité dans ses différents récits et qui constitue l’essence même de ce recueil. »
The Washington Post
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Il fait un temps de poème
La rumeur libre - 2023
« Tous les poèmes rassemblés ici ne m’émeuvent pas au même moment. Un jour, c’est l’un ; un jour, c’est l’autre. Cela dépend du temps qu’il fait dehors, dedans. Cela dépend de l’air du temps, du temps de poème qu’il fait entre moi et le poème que je reçois. Le lecteur, aussi, fait le poème. Et je suis, chaque jour, un lecteur différent. »
Ce livre est la trace des nombreuses soirées « Il fait un temps de poème », animées depuis 30 ans par Yvon Le Men, et accueillies au Carré Magique de Lannion.
Cette anthologie rassemble des contributions d’auteurs invités entre 2013 et 2023 tels que Katerina Apostolopoulou, Luc Baba, Terez Bardaine, Stéphane Bataillon, Jeanne Benameur, Seyhmus Dagtekin, Salah Al Hamdani, Cypris Kophidès, Aurélia Lassaque, Patrick Laupin, Ružica Miličević, Hala Mohammad, Maya Ombasic, Nathalie Papin, Paola Pigani, Thierry Renard, Dominique Sampiero, Faruk Sehic, Ariane Lefauconnier et Joël Vernet entre autres.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre
Gallimard - 2021
« Pourquoi les humains sont-ils si bêtes ? Pourquoi se laissent-ils traîner par le bout du nez ? Les ânes ont de longues oreilles ridicules par lesquelles ils se font bêtement attraper, mais quand ils ne veulent pas avancer, rien ne peut les forcer à obéir. » Boualem Sansal adresse aux peuples et aux nations de la terre un manifeste athée, plein d’un humour féroce et rageur, pour les appeler à sortir de l’âge des dieux et à entrer dans celui des hommes. L’humanité doit trouver le moyen de résister aux forces qui la détruisent:les religions et leurs sempiternelles pénitences, l’argent tout-puissant, les passions guerrières, ou encore la malbouffe omniprésente sur la planète, symptômes indubitables d’un effondrement des civilisations.Après un rappel des errements et des crimes du passé, le grand écrivain algérien propose une « Constitution universelle » censée servir de base à la République mondiale qu’il appelle de ses voeux, qui fédérerait les peuples et les nations enfin libres.
Il est temps, nous dit-il, de choisir la vie.
DERNIER OUVRAGE
Nos Futurs
ActuSF - 2020
Nos Futurs
Imaginer les Possibles du Changement Climatique
Nos Futurs est une anthologie de textes destinés à sensibiliser, à informer et à produire des récits autour des enjeux du changement climatique.
Ce livre part d’un double constat :
D’une part, la transition écologique au sens large, et les changements radicaux qui l‘accompagnent, intéressent et préoccupent un public de plus en plus large, qui cherche des moyens de se saisir du sujet.
D’autre part, alors que l’homme est un animal d’histoires, nous manquons de récits pour nous approprier ces futurs, souhaités ou subis. Certes, le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat) produit régulièrement un panorama des conséquences à long terme du changement climatique qui permet d’imaginer à quoi le monde risque de ressembler. Mais ces rapports, s’ils font référence et sont fondamentaux pour une prise de décision éclairée, ne sont que peu lus par le grand public et peinent à atteindre les imaginaires.
C’est pour ça que nous avons formé dix binômes auteur-chercheur qui se saisiront de dix thèmes parmi ceux étudiés par le GIEC, et dont le choix a fait l’objet d’un sondage auprès d’un large public (voir page sondage, voir page choix des thèmes). L’ambition est de présenter ces dix thèmes sous un double éclairage : celui de la fiction, pour explorer les possibles, et celui de la vulgarisation scientifique, pour expliquer l’état des connaissances. En rassemblant ces vingt textes, issus de la rencontre entre auteurs et chercheurs, l’objectif est de donner à voir la différence et la complémentarité entre ces deux approches qui vont être indispensables pour s’approprier les bouleversements qui s’annoncent.
Nos Futurs s’adresse à un large public, des lecteurs qui cherchent comment aborder les enjeux climatiques aux militants déjà engagés, en passant par les amateurs d’imaginaires sans préoccupation initiale pour le climat.
Les porteurs du projet :
L’idée de ce livre a germé dans le cerveau de Aline Aurias (journaliste scientifique), Roland Lehoucq (astrophysicien au CEA et président du festival de l’imaginaire Les Utopiales), Daniel Suchet (Maître de conférences à l’Ecole polytechnique) et Jérôme Vincent (directeur de la maison d’édition ActuSF), à Nantes, un soir de novembre 2018, durant le festival des Utopiales.
Les partenaires :
Ce livre a été rendu possible par le soutien de la Diagonale Paris-Saclay ainsi que de la chaire Arts et Science de l’Ecole polytechnique, de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs et de Paris Science et Lettres. Il est également soutenu par le Collectif Citoyens Pour le Climat, la fondation Elyx, le festival des Utopiales, l’association S[cube] et le réseau des médiathèques de Paris-Saclay.
« Nos Futurs » remercie sa marraine, Valérie Masson-Delmotte, chercheuse au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CEA) et vice-présidente du groupe 1 du GIEC d’avoir bien voulu se pencher sur son berceau.
DERNIER OUVRAGE
Revue
Apulée 8 - Les Grandes Espérances
Zulma - 2023
Avec Les Grandes Espérances – titre provocateur en ces temps de guerres, d’attentisme climatique, d’ultralibéralisme et de colonialisme numérique –, Apulée #8 ouvre portes et fenêtres aux souffles de toutes les résistances, aux voix toujours renouvelées de la révolte, venues d’Iran, d’Ukraine, du Maghreb, ..., où des femmes et des hommes avides de justice et de liberté luttent au péril de leur vie contre les pires archaïsmes. C’est dans l’adversité redoutable que les mots d’espérance et de liberté s’incarnent au plus vif : quiconque s’oppose sans faillir, dans les manifestations, les prisons, les camps, au-devant des pires oppressions, peut en témoigner.
Existe-t-il une « fonction utopique » qui se situerait à l’avant de la conscience et des savoirs, quelque part dans l’inaccompli du désir et du rêve – le fameux Principe Espérance (Ernst Bloch) –, ou plus précisément un devenir en acte, porté par l’imaginaire des individus et des peuples en butte aux détresses de l’Histoire ? La poésie, l’art et les débats de ce nouvel opus d’Apulée configurent une insurrection à feu couvert afin que l’espérance garde plus que jamais l’âpre saveur de la vie.
DERNIER OUVRAGE
Récit
Si seulement la nuit
P.O.L. - 2022
Confinés séparément, le père et la fille ont entretenu un échange épistolaire en 2020 pour s’encourager, raconter à l’autre son quotidien et se donner des nouvelles rassurantes. Mais très vite leur correspondance, émouvante et inquiète, s’assombrit, vire à l’écriture tourmentée de soi, et s’engage dans le récit d’une famille bouleversée par la politique, l’exil et l’art.
Le père, écrivain et cinéaste d’origine afghane, est incapable d’écrire un mot de fiction, de reprendre l’écriture de son roman. Il se croit alors enfermé dans un monde virtuel. Sa fille, née en France de parents exilés, étudiante en art dramatique, s’interroge sur son identité réelle. Ce sont ses mots et ses interrogations, à elle, qui ramène son père à la réalité du monde actuel, et à la réminiscence de son passé douloureux, volatile. Le passé ressurgit entre eux comme un fantôme encombrant, et que le père et la fille ont bien du mal à partager.
Alors que les nouvelles de l’Afghanistan sont chaque jour de plus en plus angoissantes, le père parvient à raconter ce qu’il n’avait jamais dit à sa fille : la fuite de Kaboul, l’invraisemblable périple jusqu’au Pakistan, la famille, les amis abandonnés ou disparus.
Ainsi deux générations, en s’écrivant, racontent le monde, la vie et les sentiments d’une famille exilée. Le père vit dans la nostalgie et l’inquiétude des événements, la fille s’interroge sur son identité et veut croire en l’avenir. Une transmission est-elle encore possible ? Et derrière les mots échangés, qui se révèle ? et qui se cache toujours ?
DERNIER OUVRAGE
Beaux livres
Colonisation et propagande. Le pouvoir de l’image
Cherche Midi - 2022
Pendant plus d’un siècle, de la IIIe République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980, les Nouvelles-Hébrides), la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions universelles et coloniales, manuels scolaires et protège-cahiers, couvertures de livres et de magazines, presse illustrée et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio… tous les supports ont participé à cette apologie de la « plus grande France ». Au cœur de l’État, une Agence des colonies a été le fer de lance de cette propagande, et beaucoup ont oublié son action. Génération après génération l’idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l’entre-deux-guerres et se prolonger jusqu’aux dernières heures de l’Algérie française et même au-delà. Au cœur de cette dynamique, l’image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste et raciste sur ceux que l’on appelait les « indigènes ».
Ce livre analyse, décode et replace dans son contexte cette incroyable production, permettant, en croisant les sources les plus diverses et des archives exceptionnelles, de comprendre les mécanismes de l’adhésion du plus grand nombre à l’Empire. Par un remarquable décryptage des images, accompagné de citations pour chaque époque, ce travail nous montre comment a été construit l’univers symbolique structurant l’imaginaire sur la colonisation. Celui-ci est indissociable de l’identité nationale et a des répercussions sur les grands enjeux politiques, économiques et idéologiques pendant près d’un siècle. Ce livre, écrit à cinq voix, permet de comprendre comment le discours sur la « mission civilisatrice » s’est imposé et comment se sont bâties les grandes mythologies de la « République coloniale », dont certaines représentations perdurent. Cette approche inédite sur notre culture visuelle, politique et historique participe au travail de déconstruction en cours sur l’héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent.
Avec Sandrine Lemaire, Nicolas Bancel, Alain Mabanckou et Dominic Thomas.
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Le désir : Aux couleurs du poème
Bruno Doucey - 2021
« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles… » Pour le 23e Printemps des Poètes, les Éditions Bruno Doucey ont suivi la voie ouverte par Rimbaud parce que le désir donne des couleurs à la vie. Dans cette anthologie qui rassemble des poètes français et étrangers, contemporains pour la plupart : un désir blanc de silence, d’absence et d’éternité ; un désir jaune de fraîcheur, d’éveil et de rayonnement ; le rouge désir des lèvres qui s’unissent et du sang qui pulse en nos veines ; un désir bleu de voyage, d’espace et de mer… Sans omettre ces orangers qui font aimer la pulpe de la vie, ou le désir obscur, né des profondeurs de la nuit, que tant d’êtres ont approché dans une brûlure. 88 poètes, dont la moitié sont des femmes… Et la main verte de Thierry Renard et Bruno Doucey lorsqu’il s’agit de satisfaire notre désir de poèmes.
DERNIER OUVRAGE
Récit
Le bar des Amériques
Mémoire d’Encrier - 2016
Le bar des Amériques est le roman de l’amour perdu. Perte dont le souvenir et la douleur indépassés installent Bahia dans l’enfermement du ressassement et de l’errance à soi. Un enfermement de trente ans qu’elle croit pouvoir briser lorsqu’un matin, très tôt, sur le bord évanoui de la mer, elle rencontre, comme dans un miroir, un autre visage de l’errance, en la personne de Leeward, un ancien passeur de clandestins à la dérive, dont la vie se limite à boire, le soir, en compagnie de son vieux complice d’autrefois, Hilaire.
Tout au long du récit, dont l’espace central est le huis-clos d’un bar échoué au rez-de-chaussée d’un hôtel à l’abandon, quatre motifs, comme une respiration sous-marine, balisent le vertige en solitude des personnages : les conteneurs, l’île, le naufrage, les migrants.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Une boîte de nuit à Calcutta
Robert Laffont - 2019
Après la parution de son premier livre, Les Immortelles, Makenzy Orcel confirme ici la magie d’une écriture violente et généreuse. Nicolas Idier, au rythme de ses écrits et de ses nombreux voyages, poursuit sa quête d’une autre vision de la littérature. La rencontre de ces deux auteurs reconnus bien au-delà des limites hexagonales témoigne d’une sagesse nouvelle, où la beauté et l’amour triomphent du doute et de la peur.
Makenzy Orcel et Nicolas Idier se sont rencontrés à Pékin en 2012, revus à Paris et, après plusieurs années, se retrouvent à Calcutta. Ils ont mille choses à se raconter : l’amour de leurs mères, la naissance de leurs enfants, leurs projets d’écriture, la révolte contre toutes les injustices, les grandes amitiés qui leur donnent le courage d’écrire. L’un vit entre Port-au-Prince et Paris, l’autre entre Pékin et Delhi, mais ce soir-là, ils sont assis au comptoir d’une boîte de nuit. La musique est si forte qu’elle emporte leurs paroles. C’est alors que l’un se penche vers l’autre et lui propose l’idée d’écrire un livre à deux. Voilà comment est né ce livre qui réunit deux voix de la littérature française et haïtienne. La sincérité absolue et incarnée de leur dialogue est une preuve de confiance et de fraternité comme on en trouve peu dans la littérature contemporaine.
Oscillant entre le roman, la poésie, l’essai, la confidence, sans aucun respect des catégories, Une boîte de nuit à Calcutta traverse toutes les frontières pour atteindre à l’universel.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Fabrication de la guerre civile
Seuil - 2016
Située dans une ville nouvelle, en région parisienne, la Cité des Pigeonniers
abrite 322 appartements, 1 200 habitants. C’est un petit monde, dense,
poissé par la crise et la paupérisation exponentielle, qui va entrer en fusion à
la lumière d’un projet de rénovation urbaine, lequel doit raser les bâtiments,
disperser la population, avant une reconstruction future.
Fabrication de la guerre civile propose une archéologie sociale sous la forme
d’une vaste fresque, sombre, poétique et romanesque, dans une cité fictive.
L’exploration patiente, courant sur une année, des strates fragilisées et
douloureuses d’une microsociété : amours et amitiés, travail et absences de
travail, accidents et malchances, pressions sociales et regard des autres,
décisions fatales et formes de vie…
Parce que les Cités sont un sujet traditionnellement peu considéré dans la
société française, l’enjeu est de produire une ambitieuse et généreuse
oeuvre-monde.
Revue de presse :
- "Puissance de ce roman qui ne perd jamais son rythme en changeant de gamme, instrument parfaitement accordé à jouer l’oratorio comico-tragique de la cité des Pigeonniers. » - Oriane Jeancourt Galignani Transfuge
- « trailer » du roman
DERNIER OUVRAGE
Récit
Reine du réel, Lettre à Grisélidis Réal
- 2022
La lettre de Nancy Huston a Grisélidis Réal, poétesse et prostituée.
Longtemps je t’ai détestée, Gri. On eût dit que tu acquiesçais à tout ce que les hommes te demandaient. Tu semblais n’avoir aucun problème pour incarner leur fantasme : la pute au grand coeur, celle qui aime ça, celle qui comprend les messieurs et ne les juge jamais, celle qui accepte avec le sourire leur tout et leur n’importe quoi.
Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes violents, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant au nom des travailleuses du sexe.
Poétesse magnifique, figure rebelle et courageuse, Grisélidis Réal fascine Nancy Huston qui, malgré quelques désaccords, se retrouve beaucoup en elle. À l’aune de son destin, elle questionne le sien, son rapport à la mère, aux hommes, au danger.
Véritable déclaration d’admiration, cette lettre révèle une grande artiste de la fin du XXe siècle dont la modernité de pensée annonce les débats contemporains. Un texte résolument féministe, qui interroge avec puissance le rôle du corps féminin dans l’écriture et le rapport au monde.
DERNIER OUVRAGE
Essais
L’Islam des théophanies : Une religion à l’épreuve de l’art
CNRS Editions - 2010
L’islam offre deux visages : celui d’un monothéisme abstrait, où domine la transcendance de Dieu, au risque d’engendrer le fanatisme. Mais aussi, et surtout, celui, plus discret, mais non moins insistant, d’un monothéisme concret, qui valorise la manifestation visible de l’essence de Dieu dans l’apparition sensible des actions divines. Dans cette étude pionnière qui surprendra par sa liberté de ton, Souâd Ayada renouvelle en profondeur notre connaissance des systèmes de pensée qui ont fondé l’islam des théophanies. Un modèle de sagesse aux antipodes de l’austérité coranique, selon lequel Dieu se donne à voir par l’entremise de l’" homme parfait " et par toutes les formes de beauté qui révèlent sa majesté. Réconciliant l’amour, l’intelligence et la connaissance, cette conception de la révélation, notamment portée par le soufisme, préserve l’islam de toute dérive juridique et politique, et accorde à l’art toute sa place. Elle constitue l’antidote que l’islam a lui-même produit pour guérir le mal du dogmatisme et l’intolérance.
Dévoilant les impasses et les contradictions du fondamentalisme, dialoguant avec les sources juives et chrétiennes, confrontant le message du soufisme à la philosophie de Hegel ou à la pensée d’Emmanuel Levinas, Souâd Ayada signe un livre essentiel, en forme de plaidoyer pour une approche audacieuse, exigeante et ouverte de l’islam.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Discours de réception de Pascal Ory à l’Académie française et réponse d’Erik Orsenna
Gallimard - 2023
« Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui on remercie beaucoup. On s’indigne et on s’enthousiasme, on s’inquiète et on se distingue. Très bien. Mais voilà : on remercie peu. La gratitude n’est pas le fort des esprits forts, encore moins des esprits faibles. […] Tout ce que je vais dire, après cet éloge du remerciement, ne sera donc qu’une série ininterrompue d’éloges. Éloge d’une collectivité, qui s’est donné le beau nom de « compagnie », éloge d’un individu, qui fut mon prédécesseur, et, pour commencer par le plus élémentaire, le plus matériel, le plus clinaménien, éloge d’un fauteuil. »
DERNIER OUVRAGE
Romans
Le Poids du cœur
Anne-Marie Métailié - 2016
Bruna Husky, la rep de combat des Larmes sous la pluie, n’a pas le moral. Les humains l’énervent, avec leur vie à rallonge, alors que chaque seconde la rapproche de l’heure de sa mort. Au cours d’un voyage dans le District Zéro, à la suite d’une altercation, elle recueille un peu malgré elle une fillette à moitié sauvage, obstinée et difficile, Gabi.
Très vite, sur la foi d’un mot mystérieux, elle se retrouve embarquée dans une sombre affaire de poubelles atomiques aux confins du monde connu, dans une zone où règne une guerre permanente. L’enquête la mène sur la planète de Labari, dominée par la religion et le mépris pour les femmes.
Elle est accompagnée dans son aventure par un “tripoteur” séduisant autant qu’inquiétant et d’une jeune réplicante née de la même matrice industrielle qu’elle, Clara Husky, son portrait craché. Cet alter ego plus jeune va la pousser à s’interroger sur son humanité et son destin. Entourée par ses vieux amis, Yiannis l’archiviste, qui change d’humeur toutes les cinq secondes à cause de sa pompe à endorphines, Bartolo le boubi collant et goulu ; jouant les intermittences du cœur avec l’inspecteur Lizard, toujours là pour lui sauver la vie mais jamais pour lui déclarer sa flamme, Bruna Husky est une survivante qui se débat entre l’indépendance totale et un besoin d’affection désespéré, un animal sauvage prisonnier de sa courte vie.
Rosa Montero construit des mondes extraordinaires, étranges et cohérents, avec une maestria de conteuse hors pair. Elle écrit tout à la fois un roman d’aventures politique et écologique, un thriller futuriste, une réflexion sur la création littéraire, une métaphore sur le poids de la vie et l’obscurité de la mort... Et rappelle l’urgence de vivre et d’aimer quel que soit le monde qui nous est dévolu.
Traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse.
Revue de presse
"Roman policier ? Science-fiction ? Au-delà de ça, l’auteure espagnole rappelle l’urgence de vivre pleinement et le poids essentiel de l’amour... Si convaincante que l’on a envie de lire toute son œuvre." Anne Demangeat, Télé7jours.
"Comme tous les excellents livres de science-fiction, ce roman met en scène un avenir qui résonne étrangement avec notre présent." Clara Dupont-Monod, Le Parisien magazine.
"Fable inspirée sur le sort d’une humanité au seuil de la catastrophe, la nouvelle folie de Rosa Montero est une parabole écolo aux accents fantastiques." Benoît Legemble, Transfuge.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Des chauves-souris, des singes et des hommes
Gallimard - 2016
Dans un village africain, une fillette heureuse cajole une chauve-souris. De jeunes garçons rapportent fièrement de la forêt le cadavre d’un beau singe au dos argenté. Ainsi débute une série d’événements qui frappent tour à tour les protagonistes de cette histoire : habitants des cases, coupeurs d’hévéas, marchands ambulants, piroguiers, soignants, et même primatologues en mission.
Un mal pernicieux se propage silencieusement au pied de la Montagne des nuages, et le long d’une rivière sur laquelle glisseront bientôt les pirogues funèbres. La plupart l’ignorent superbement, d’autres en cherchent vainement l’explication dans la magie, la science ou la nature.
C’est avec poésie et humour que Paule Constant nous fait vivre ce conte déchirant de notre temps, dans un style dont la paradoxale légèreté parvient à nous faire partager tant de douloureuses péripéties, en nous conduisant aussi pas à pas vers une fin qui n’est peut-être qu’un autre début.
Revue de presse :
- « Paule Constant possède une fibre africaine ramifiée de roman en roman. Et ce n’est jamais benoîtement tiers-mondiste. L’histoire s’offre comme une équation épurée de Le Clézio. D’un côté, Olympe, une fillette innocente, dans son village perdu du Congo, s’éprend d’une chauve-souris. De l’autre, Agrippine, de Médecins sans frontières, est une sorte de sainte laïque comme on disait au beau temps d’Albert Camus. La fable s’annonce exemplaire. »
Le Figaro
DERNIER OUVRAGE
Bande Dessinée
Cache-cache Bâton
Futuropolis - 2022
« Ton projet me donne des sueurs froides... Tu aurais pu attendre qu’on soit morts... À la sortie de ton livre, on prendra de longues vacances, loin de tout, de nos amis, de nos voisins ! », dit Jean-Paul à son fils, Emmanuel Lepage. « J’ai besoin de savoir d’où vous venez, vous et les autres. J’ai besoin de comprendre ce qui vous a poussé à créer une vie communautaire », réplique Emmanuel.
Tout est là. Comprendre. Comprendre pourquoi ses parents et cinq autres couples, tous « chrétiens de gauche », venus de milieux différents, se connaissant à peine, ont un jour décidé de faire « communauté ». Comprendre pourquoi, aujourd’hui comme hier, des gens inventent d’autres façons d’être ensemble, et comprendre pourquoi ça le touche si profondément. Pour comprendre, il faut interroger, écouter, plonger dans ses souvenirs.
En partant de son récit familial, Emmanuel Lepage, finalement, retrace une histoire sociale de la France des années 1960 et 1970, comme il interroge les tentatives d’aujourd’hui de « tout remettre à plat ». Un livre qui pourrait bien contenir les principaux questionnements qui traversent l’œuvre d’Emmanuel Lepage : l’enfance, le partage, l’engagement, la transmission. De l’intime à l’universel, Cache-cache bâton restera comme le grand chef-d’œuvre d’Emmanuel Lepage.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Le Testament D’Alceste
Zulma Éditions - 2019
Un groupe d’amis se réunit au Mas-d’en-Haut, le splendide domaine de Toti Costagrau, pour s’adonner au Jeu de la Fragmentation, un jeu de rôle grandiose où les histoires s’enchaînent dans une construction géométrique époustouflante. Mais le Jeu commence à peine qu’Aloysia est retrouvée morte.
Tous les participants décident alors de consacrer la partie à tenter l’impossible : ressusciter Aloysia. Conspirations financières de haut vol, affaires criminelles mystico-perverses, extravagances sexuelles parfois dignes des antichambres du château de Silling… Le récit s’élabore en temps réel, cinq jours entiers, pour que surgisse, dans un espace-temps accessible, le personnage d’Aloysia – vivante.
Le Testament d’Alceste, en référence à l’épouse sacrifiée revenue des Enfers, est une odyssée à huis clos, affranchie, délirante.
Revue de presse :
- « Tout concourt à faire de ce roman imaginatif une véritable somme à la beauté intensément baroque. » Le Matricule des ange
DERNIER OUVRAGE
Essais
Les Passeurs
Les liens qui libèrent - 2016
« Je suis, tu es, vous êtes, nous sommes Tisserands », c’est-à-dire de ceux qui œuvrent aujourd’hui à réparer tel ou tel pièce du grand tissu déchiré du monde humain : fractures sociales, conflits religieux, guerres économiques, divorce entre l’homme et la nature, etc… Après le succès de la « Lettre ouverte au monde musulman » – plus de 20.000 ex – Abdennour Bidar a décidé de mettre à l’honneur et de « relier tous ces relieurs » qui réparent et construisent le monde de demain.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Don Quichotte de la Manche (Nouvelle traduction)
Gallimard - 2015
Préface et traduction de Jean CANAVAGGIO
Don Quichotte lui-même, au seuil de la « Seconde partie » (1615), n’en croit pas ses oreilles : « Il est donc vrai qu’il y a une histoire sur moi ? » C’est vrai, lui répond le bachelier Samson Carrasco, et cette histoire – la « Première partie » du Quichotte, publiée dix ans plus tôt –, « les enfants la feuillettent, les jeunes gens la lisent, les adultes la comprennent et les vieillards la célèbrent ». Bref, en une décennie, le roman de Cervantès est devenu l’objet de son propre récit et commence à envahir le monde réel. Aperçoit-on un cheval trop maigre ? Rossinante !
Quatre cents ans plus tard, cela reste vrai. Rossinante et Dulcinée ont pris place dans la langue française, qui leur a ôté leur majuscule. L’ingénieux hidalgo qui fut le cavalier de l’une et le chevalier de l’autre est un membre éminent du club des personnages de fiction ayant échappé à leur créateur, à leur livre et à leur temps, pour jouir à jamais d’une notoriété propre et universelle. Mais non figée : chaque époque réinvente Don Quichotte.
Au XVIIe siècle, le roman est surtout perçu comme le parcours burlesque d’un héros comique. En 1720, une Lettre persane y découvre l’indice de la décadence espagnole. L’Espagne des Lumières se défend. Cervantès devient bientôt l’écrivain par excellence du pays, comme le sont chez eux Dante, Shakespeare et Goethe. Dans ce qui leur apparaît comme une odyssée symbolique, A.W. Schlegel voit la lutte de la prose (Sancho) et de la poésie (Quichotte), et Schelling celle du réel et de l’idéal. Flaubert – dont l’Emma Bovary sera qualifiée de Quichotte en jupons par Ortega y Gasset – déclare : c’est « le livre que je savais par cœur avant de savoir lire ». Ce livre, Dostoïevski le salue comme le plus grand et le plus triste de tous. Nietzsche trouve bien amères les avanies subies par le héros. Kafka, fasciné, écrit « la vérité sur Sancho Pança ». Au moment où Freud l’évoque dans Le Mot d’esprit, le roman est trois fois centenaire, et les érudits continuent de s’interroger sur ce qu’a voulu y « mettre » Cervantès. « Ce qui est vivant, c’est ce que j’y découvre, que Cervantès l’y ait mis ou non », leur répond Unamuno. Puis vient Borges, avec « Pierre Ménard, auteur du Quichotte » : l’identité de l’œuvre, à quoi tient-elle donc ? à la lecture que l’on en fait ?
Il est un peu tôt pour dire quelles lectures fera le XXIe siècle de Don Quichotte. Jamais trop tôt, en revanche, pour éprouver la puissance contagieuse de la littérature. Don Quichotte a fait cette expérience à ses dépens. N’ayant pas lu Foucault, il croyait que les livres disaient vrai, que les mots et les choses devaient se ressembler. Nous n’avons plus cette illusion. Mais nous en avons d’autres, et ce sont elles, peut-être – nos moulins à vent à nous –, qui continuent à faire des aventures de l’ingénieux hidalgo une expérience de lecture véritablement inoubliable.
Revue de presse
« Quatre siècles après sa parution (1605-1615), la réédition du chef-d’œuvre de Miguel de Cervantès, dans l’excellente traduction « rajeunie » de Jean Canavaggio, nous réjouit à la fois comme la redécouverte d’un trésor d’enfance au grenier de notre mémoire et la réappropriation d’un héritage universel. » Le Monde des livres.
DERNIER OUVRAGE
Autres
Dictionnaire amoureux de Shakespeare
Plon - 2016
François Laroque invite le lecteur à goûter sans modération les divers bonheurs que les textes du dramaturge le plus joué dans le monde peuvent apporter au théâtre, au cinéma ou à l’opéra.
Génie de la poésie et du théâtre, Shakespeare s’est bâti un monument pour l’éternité. Son succès, qui ne se dément pas depuis plus de quatre siècles et qui est aujourd’hui aux dimensions du monde, trouve sa source dans une passion de la scène qui nous entraîne au coeur des désordres et du fracas du monde. Avec lui, nous gravissons jusqu’au vertige le grand escalier de l’histoire en passant de l’héroïque au pathétique, du rire à l’horreur, du sublime au grotesque sans que ce théâtre, de nature essentiellement populaire, observe de règles particulières ou de conventions préétablies.
D’ « Abécédaire » à « Zigzag(s) », de « Verdi » à « Hamlet », en passant par « Freud », « Laurence Olivier », « Sorcières » ou « Will », ce libre vagabondage vise à faire partager mon amour d’un auteur dont l’oeuvre n’a pas pris une ride.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Le Cœur blanc
L’Olivier, 2018 - 2018
Pour Rosalinde, c’est l’été de tous les dangers. Dans ce village où l’a menée son errance, quelque part en Provence, elle est une saisonnière parmi d’autres. Travailler dans les champs jusqu’à l’épuisement ; résister au désir des hommes, et parfois y céder ; répondre à leur violence ; s’abrutir d’alcool ; tout cela n’est rien à côté de ce qui l’attend. L’amitié – l’amour ? – d’une autre femme lui donne un moment le sentiment qu’un apaisement est possible. Mais ce n’est qu’une illusion.
- « Les mots sont d’une rare beauté, prose rugueuse, frontale, charnelle, traversée d’éclairs et d’images à la force poétique éblouissante. Le roman trouve in fine sa dimension tragique, le souffle qui le porte depuis les premières lignes s’amplifie, âpre et puissant. Catherine Poulain signe une nouvelle fois un très grand livre, formidablement vivant. » Télérama
- « Entre fièvre et fatigue, ce roman aux accents de vérité est viscéralement féministe. » Le Monde
- « l’attrait de ce livre est dans ses dialogues essoufflés, privés de ponctuation, dans cette écriture au corps-à-corps, qui dénude les âmes de façon abrupte. » La Vie
DERNIER OUVRAGE
Nouvelles
Cuba, année zéro
Hoëbeke - 2016
Cuba, année Zéro est un mouvement littéraire de jeunes écrivains émergents, qui vivent et écrivent à Cuba. Un mouvement essentiellement urbain puisque presque tous vivent à La Havane, et les sujets de leurs textes parlent aussi de la ville. Une autre similitude les rassemble, celle de n’accepter aucune étiquette.
Leur nom de groupe n’est pas lié à leur âge, mais à la date où ils commencent à publier, essentiellement sur des blogs ou dans des revues alternatives : l’année 2000.
Cette anthologie réunit 11 écrivains qui partagent un même univers littéraire raréfié par les interdits et les compromis et s’insurgent contre toute instrumentalisation et dénoncent la fiction du nationalisme, qui pèse comme une chape de plomb sur la création.
À travers onze nouvelles qui parlent aussi bien de prostitution, de drogue, de combats ou encore de zombies. Orlando Luis Pardo Lazo a réussi à mettre sur pied une sélection étonnante pleine d’histoires tout à fait uniques, au style très vif fait d’argot cubain, jeux de mots, un langage proche du slam, qui, ensemble, créent une image forte d’un Cuba loin de la salsa, des cigares et du rhum... Le Cuba d’aujourd’hui tel que le vivent les vrais Cubains.
Traduit de l’espagnol par François Gaudry.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Samarcande Samarcande
Jacqueline Chambon / Acte Sud - 2015
Samarcande, ville mythique de l’actuel Ouzbékistan, « perle de la Route de la soie », est le décor du roman d’anticipation que Matthias Politycki situe en 2027. La Troisième Guerre mondiale a éclaté, Hambourg est divisé, des troupes arabes d’Afrique du Nord ont envahi l’Europe de l’Ouest, les Russes progressent à l’Est. L’Europe semble perdue. Mais il reste un espoir, incarné par l’espion allemand Alexander Kaufner, envoyé en Ouzbékistan pour retrouver le tombeau caché du grand Tamerlan, tyran sanguinaire qui bâtit au xive siècle un empire s’étendant de la Chine à la Turquie actuelle et qui est un objet de vénération pour tous les fanatiques rêvant d’une domination mondiale de l’islam. La légende dit que celui qui s’emparera de ce sanctuaire deviendra plus fort que tous ses ennemis. Pour Kaufner, la découverte de ce lieu sacré et sa profanation seraient tout au moins un coup porté au moral des islamistes. Cette opération, si elle réussit, pourrait avoir le même impact symbolique que l’attentat du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
Roman d’anticipation et d’aventures, quête spirituelle sur la vie et la mort, ce livre est aussi une réflexion sur le xxie siècle qui, avec la généralisation de la guerre, pourrait voir un retour à un Moyen Âge futuriste, où la technologie la plus avancée servirait la barbarie la plus primitive.
Traduit de l’allemand par Stéphanie Lux.
Revue de presse
- « Une belle trouvaille littéraire. Un livre très actuel. » Abdelhak Najib, Aujourd’hui le Maroc
- « Il faut se transporter en 2027. L’année où s’ouvre le puissant nouveau roman de Matthias Politycki. L’auteur de Roman de l’au-delà (Jacqueline Chambon, 2011) se montre un as de l’anticipation et de l’aventure. Ainsi que le peintre d’un avenir bien conflictuel et sombre. » Alexandre Fillon, Livres Hebdo
DERNIER OUVRAGE
Romans
La plus secrète mémoire des hommes
Philippe Rey / Jimsaan - 2021
En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?
Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s’observent, discutent, boivent, font beaucoup l’amour, et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Il va surtout s’attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda…
D’une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.
Revue de presse
- « Un livre-monde, qui nous entraîne à Paris, Dakar, Amsterdam et Buenos Aires, où l’on traverse les apocalypses du XXe siècle comme on croise Borges, Sábato et Gombrowicz. » Youness Bousenna, Télérama
- « Un grand livre, un joyau de savoir-faire qui vous enchante, vous transporte et vous poursuit. Mohamed Mbougar Sarr, retenez ce nom, est le jeune auteur de cet ouvrage au propos passionnant et à l’architecture aussi parfaite qu’emballante. » Marianne Payot, L’Express
- « Pour inaugurer cette rentrée littéraire, aucun roman ne convient mieux que La plus secrète mémoire des hommes, de Mohamed Mbougar Sarr. » Camille Laurens, Le Monde
- « La plus secrète mémoire des hommes relève de l’enquête, passionnant et déroutant cheminement à travers une mosaïque de témoignages, de récits et d’écrits, mais aussi du roman initiatique. » Frédérique Roussel, Libération
- « Son inventivité, son audace et l’intransigeance de sa langue font de ce livre, qui confronte les nécessités de vivre et d’écrire, une déclaration d’amour à la littérature. » Laëtitia Favro, Lire
- « Le souvenir de ce roman persiste longtemps, tant sa langue emporte par son enthousiasme, sa capacité méditative, sa force de condition. » Pierre Benetti, En attendant Nadeau
- « Un hymne magistral à la langue française, à la littérature et au pouvoir intemporel des romans, des fables et des contes. » Jean-Rémi Barland, La Provence
- « Dans une langue érudite et flamboyante qui nous fait traverser les époques et les continents, Mohamed Mbougar Sarr use d’un artifice prisé dans la littérature contemporaine, celui du livre mythique et de l’auteur fictif. » Laura Berny, Les Échos
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Récit
Une colère noire
Autrement - 2016
Un homme blanc ne se voit pas blanc. Un homme noir, lui, n’oublie jamais qu’il est noir : tout le lui rappelle. Dans une lettre poignante à son fils de quinze ans, Ta-Nehisi Coates lui parle de son expérience et lui transmet son credo : regarder la réalité en face. « En Amérique, détruire le corps d’un noir est une tradition. C’est un héritage. » Le constat est fracassant. Il faut dire que Ferguson, Baltimore, Charleston font suite à une histoire ininterrompue de violences et lui donnent malheureusement raison. Et même si l’histoire américaine a ses figures emblématiques noires allant de Frédérik Douglas à Billie Holliday, de Martin Luther King à Malcolm X, même si l’on commémore en 2015 l’abolition de l’esclavage, qu’on élit un président noir, pour Ta-Nehisi Coates, pourtant, rien n’a réellement changé. C’est à travers un texte violent, poignant, empreint du ton de la confession et de l’intimité que l’auteur raconte à son fils l’histoire de ses parents militants aux côtés des Black Panthers, d’Angela Davies, de ses grands-parents qui lui ont transmis le fameux « rêve » de Martin Luther King. Mais il le tient en alerte : « voilà tes racines de noir : ne t’endors pas, c’est une question de survie ». Véritable phénomène de société, Une colère noire est paru en juillet 2015. Toni Morrison le désigne comme un « classique », la presse en fait l’héritier de James Baldwin, et Barack Obama en a fait l’un de ses livres de chevet.
Dès sa parution, le livre s’est hissé en première place des listes best-sellers du New York Times.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thomas Chaumont
Revue de presse :
- « Le propos central du livre de Coates est qu’aux Etats-Unis, les corps des noirs sont constamment en danger : pillés, violés, lynchés, parqués dans des ghettos, incarcérés en masse. L’expression « corps noirs » revient très fréquemment dans le livre, car contrairement à de nombreux intellectuels afro-américains, Coates precise qu’il est athée, et que pour lui, la destruction du corps est quelque chose d’absolu. Une des phrases les plus citées du livre s’est déjà retrouvée sur des pancartes lors de manifestations contre la brutalité policière : "En Amérique, la destruction des corps noirs est une habitude –une tradition historique." »
Slate - « Ta-Nehisi Coates – tout à la fois penseur, autobiographe, historien et journaliste à l’ancienne – fait un tabac. ‘Between the World’ fut en tête des meilleures ventes américaines. Le président Obama, qui lit Ta-Nehisi Coates depuis de nombreuses années, l’a mis sur sa liste de lectures d’été. Toni Morrison, grande dame de la littérature afro-américaine, l’a proclamé héritier intellectuel de James Baldwin. Le débat houleux sur le racisme américain a gagné une nouvelle voix originale. »
Le Nouvel Économiste - « Le corps des Noirs, marqué par l’esclavage, continue d’être violenté au nom du rêve américain. Avec cet appel criant à l’adresse de son fils, un écrivain est né. »
Télérama
DERNIER OUVRAGE
Romans
La Femme qui avait perdu son âme
Gallmeister - 2016
Jackie Scott, alias Renee Gardner, aussi connue sous le nom de Dottie Chambers ou Dorothy Kovacevic, est retrouvée morte au bord d’une route en Haïti. Qui était-elle réellement et dans quelles circonstances vient-elle de disparaître ce jour de 1998 ? Nombreux sont les hommes qui aimeraient répondre à ces questions et comprendre cette femme qui les obsède. De l’avocat Tom Harrington au membre des forces spéciales américaines Eville Burnette, chacun tente de rassembler les pièces du puzzle. Mais comment percer le mystère de cette fille de diplomate, familière depuis toujours de ceux qui façonnent l’histoire du monde dans l’ombre des gouvernements.
Traduit par François Happe
Revue de presse :
- « Refusant de choisir entre roman sentimental, thriller à la John Le Carré et tragédie contemporaine. Renversant la chronologie, saturant son récit d’informations historiques et géopolitiques, semant le trouble sur l’identité des personnages, arrêtant parfois l’histoire le temps de réfléchir ou de méditer. Irriguant sa narration d’interrogations corrosives sur les relations entre religion et politique, foi et sentiment patriotique — mais aussi, de façon latente et omniprésente, sur l’hubris masculine, « cette violence fondamentale [...], cette démence que les hommes abritaient », qui est leur "vérité première et absolue" sur laquelle est venue se meurtrir l’âme de son étincelante héroïne. »
Télérama - « La Femme qui avait perdu son âme est un long roman (près de 800 grosses pages) d’espionnage, passionnant et trompeur comme le veulent les lois du genre, qui traverse divers pays (Haïti, la Croatie, la Turquie, les Etats-Unis) et diverses époques (de la fin de la Seconde Guerre mondiale à l’aube des années 2000, on voit apparaître Al-Qaeda) - mais ce qui est aussi espionné est le cœur et l’âme de l’être humain, la part d’humanité et d’inhumanité qu’il y a en chacun, et ce n’est pas le moins passionnant et trompeur. »
Libération - « Un livre monumental et passionnant dont le souffle, l’ambition et la densité souffrent difficilement le compagnonnage avec les autres romans de cette rentrée de janvier. Pour qui voudrait comprendre pourquoi l’Amérique se croit sans cesse obligée de se mêler de ce qui ne la regarde pas, pour qui sait que tout bon thriller est aussi un drame shakespearien (et une histoire d’amour), alors, Shacochis sera votre homme. »
Le Figaro - « Fresque aux accents shakespeariens, mêlant le thriller au métaphysique, l’humain au géopolitique, La femme qui avait perdu son âme est le grand roman de l’Amérique post-11 septembre. »
Les Inrocks
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Romans
Gravesend
Rivages - 2016
Un premier roman bouleversant qui laisse des bleus à l’âme
Situé au sud de Brooklyn (non loin de Brighton Beach), Gravesend est un quartier où vivent
aussi bien des Juifs que des Portoricains et des Italiens.
Conway d’Innocenzio y vit avec son père et cela fait seize ans qu’il pleure son frère aîné Duncan,
renversé par une voiture sur la rocade, en tentant d’échapper à la bande de Ray Boy Calabrese
qui l’a tabassé à cause de son homosexualité. Cela fait seize ans que Conway attend la sortie
de prison de Ray Boy afin de lui infliger la seule sentence valable à ses yeux
: la peine de mort.
Mais lorsque celui-ci est libéré, la vengeance ne prend pas le tour attendu. D’ailleurs, aux yeux
de tous ceux qui l’ont connu, Ray Boy n’est plus la même personne. Son neveu Eugene, qui se
voit déjà caïd, voudrait bien que l’oncle le prenne sous son aile
; Alessandra qui a vainement
tenté sa chance à Hollywood, voudrait bien l’aborder alors qu’elle n’a pas osé le faire adoles cente. Et Conway voudrait bien le tuer. Dans ce petit quartier étrangement étouffant et fermé
sur lui-même, la colère, la frustration et le regret vont faire leur œuvre au noir... William Boyle a grandi dans le quartier de Gravesend au sud de Brooklyn où il a situé son roman. Très jeune il s’est intéressé à l’écriture au contact du journaliste Philip Carlo,
auteur d’essais sur la pègre américaine. Il revendique les influences de Flannery O’Connor,
Larry Brown, Charles Willeford et Harry Crews.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Simon Baril
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Essais
La Sociologie à l’épreuve de l’art
Les Impressions Nouvelles - 2015
Sociologue de l’art, auteur d’une trentaine d’ouvrages et d’un grand nombre d’articles dans des revues de sciences sociales françaises et étrangères, traduite dans le monde entier, Nathalie Heinich revient dans cet entretien sur son parcours atypique : des études de philosophie en province au séminaire de Pierre Bourdieu à Paris, des années noires de l’« intello précaire » au CNRS et à l’École des hautes études en sciences sociales, de l’après-68 à l’entrée dans le XXIe siècle, elle raconte concrètement comment se fait une carrière de chercheur, comment émergent les thèmes de recherche, comment se fabriquent les enquêtes, comment s’écrivent et se publient les articles et les livres, à quelles lectures parfois inattendues ils donnent lieu. Elle propose surtout une remarquable introduction à la sociologie de l’art. Cet ouvrage constitue la version remaniée et actualisée de celui paru sous le même titre aux éditions « Aux lieux d’être », en 2006 (premier volume) et 2007 (second volume), et qui était depuis longtemps introuvable.
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Romans
Tout est halluciné
Fayard - 2016
Justine est née une deuxième fois à l’âge de cinq ans, au sortir d’un coma qui l’a laissée amnésique. Dans la poussière et le vacarme du Caire, pour l’aider à reconstituer ses souvenirs, elle ne peut pas compter sur son père, qui préfère lui réciter en français des versets des Evangiles, pleurer des siècles plus tard la chute de l’empire chrétien d’Orient, et qui refuse, que ce soit en français ou en arabe, de prononcer certains mots, parmi lesquels « mère » et « Liban » – leur pays d’origine. Justine devra combler elle-même les blancs du langage paternel, qui sont aussi ceux de son existence. Cette mère dont l’absence prend tant de place, ce pays ravagé autrefois berceau de tant d’espoirs. Ainsi mesurera-t-elle, comme en écho à ses propres aspirations à la liberté, combien d’illusions brisées jalonnent l’histoire du Moyen-Orient.
Des rêves d’émancipation aux violences les plus absurdes, de la Grande Syrie laïque d’Antoun Saadé aux ruines de Beyrouth, il lui faudra découvrir ce que les armes et les ceintures d’explosifs auront coûté à sa propre enfance pour espérer trouver un jour sa place dans le chaos du monde.
Revue de presse :
- « Tout est halluciné est un roman sur l’émancipation de l’être. Sur la difficulté de s’affranchir du passé pour construire un avenir à l’unisson de nos véritables aspirations. Un roman sur la fiction. Celle qui nous entrave et qu’on appelle ’mensonge’ mais aussi celle qui nous libère, et qu’on appelle littérature... - Marie-Madeleine Rigopoulos, chroniqueuse de « Cosmopolitaine ». »
France inter - « Tout au long de cette quête de soi et d’émancipation dans laquelle, entre espoirs et désillusion, se fait entendre l’écho des « printemps arabes », la romancière rouvre toute grande L’Armoire des ombres (titre de son premier roman, Sabine Wespieser, 2006) pour mettre en lumière, au-delà des guerres et des massacres, les mensonges et les mythes fondateurs d’identités factices, meurtries et meurtrières ; les tiraillements de sociétés incapables de se penser dans la multiplicité et d’individus refusant leur propre pluralité. »
Le Monde - L’écrivain évoque son roman dans l’émission #MOE
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Essais
La Sagesse de l’argent : essai
Grasset - 2016
« L’argent est une promesse qui cherche une sagesse. L’expression doit s’entendre au double sens : il est sage d’avoir de l’argent, il est sage de s’interroger sur lui. Il rend tout homme philosophe malgré lui : bien penser, c’est aussi apprendre à bien dépenser, pour soi et pour autrui. Avec l’argent, nul n’est à l’aise : ceux qui croient le détester l’idolâtrent en secret. Ceux qui l’idolâtrent le surestiment. Ceux qui feignent de le mépriser se mentent à eux-mêmes. Engouement problématique, réprobation impossible. Telle est la difficulté. Mais si la sagesse ne consiste pas à s’attaquer à cela même qui paraît à tous le symbole de la folie, à quoi bon la philosophie ? »
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Essais
Cours vite camarade ! : La génération 68 et le pouvoir
Denoël - 2006
En janvier 2001, le magazine Stern publia plusieurs photographies de Joschka Fischer, alors ministre allemand des Affaires étrangères, prises lors d’une échauffourée en 1973. Sur ces clichés, le jeune Fischer frappe violemment un policier à l’issue d’une manifestation.
Ces images déclenchèrent un scandale. Derrière la personnalité d’un homme politique qui comptait parmi les plus populaires de son pays, c’est toute une génération qui était sommée de se justifier sur son itinéraire, son esprit de rébellion, ses engagements et son influence. Le procès de la génération 68 venait de s’ouvrir. Daniel Cohn-Bendit fut l’un des premiers accusés à la faveur d’une lecture biaisée de ses écrits de jeunesse.
Les affaires Fischer et Cohn-Bendit ne sont pourtant rien d’autre que l’histoire d’individus qui ont connu dans leur vie une évolution incompréhensible si elle est détachée des traumatismes de notre temps.
Joschka Fischer, Bernard Kouchner, Daniel Cohn-Bendit et André Glucksmann sont les figures les plus éminentes de cette Nouvelle Gauche qui refuse toute compromission avec le totalitarisme, quel qu’il soit. Une internationale de la contestation dont la guerre d’Irak a révélé les failles mais aussi les relais dans le monde musulman.
Figure éminente de la gauche américaine, ancien soixante-huitard et, surtout, spécialiste de l’Europe et de la France, Paul Berman était le mieux placé pour raconter avec le détachement nécessaire cette aventure collective. Cours vite camarade ! raconte la fin de l’idéalisme et la découverte du pouvoir. Le roman d’une génération.
Paul Berman est l’auteur des Habits neufs de la terreur (Hachette littératures, 2004).
DERNIER OUVRAGE
Essais
Un silence religieux : La gauche face au djihadisme
Seuil - 2016
Alors que la violence exercée au nom de Dieu occupe sans cesse le devant de l’actualité, la gauche semble désarmée pour affronter ce phénomène. C’est qu’à ses yeux, le plus souvent, la religion ne représente qu’un simple symptôme social, une illusion qui appartient au passé, jamais une force politique à part entière.
Incapable de prendre la croyance au sérieux, comment la gauche comprendrait-elle l’expansion de l’islamisme ? Comment pourrait-elle admettre que le djihadisme constitue aujourd’hui la seule cause pour laquelle un si grand nombre de jeunes Européens sont prêts à aller mourir à des milliers de kilomètres de chez eux ? Et comment accepterait-elle que ces jeunes sont loin d’être tous des déshérités ?
Là où il y a de la religion, la gauche ne voit pas trace de politique. Dès qu’il est question de politique, elle évacue la religion. Voilà pourquoi, quand des tueurs invoquent Allah pour semer la terreur en plein Paris, le président socialiste de la France martèle que ces attentats n’ont « rien à voir » avec l’islam.
Éclairant quelques épisodes de cet aveuglement (de la guerre d’Algérie à l’offensive de Daech en passant par la révolution islamique d’Iran), ce livre analyse, de façon vivante et remarquablement documentée, le sens d’un silence qu’il est urgent de briser.
DERNIER OUVRAGE
Poésie
Somnambule du jour : Poèmes choisis
Gallimard - 2016
Anise Koltz est née au Grand-Duché du Luxembourg en 1928. À part de très nombreux voyages en Asie, États-Unis, Afrique et Europe, elle a depuis sa naissance toujours vécu dans son pays d’origine auquel elle est très attachée.
Du fait de l’occupation des Allemands pendant la dernière guerre, Anise Koltz sera obligée à s’orienter vers la culture allemande. Ses premiers livres seront donc édités à Luxembourg et en Allemagne. Mais dès les années quatre-vingts, elle n’écrira plus qu’en français, abandonnant complètement l’allemand, sa première langue littéraire. Son mari, le Dr René Koltz étant mort prématurément des suites des tortures que lui avaient infligées les nazis, elle se refuse depuis lors à user de la langue des bourreaux de son époux.
De 1963 à 1974, Anise et René Koltz ont animé les « Biennales de Mondorf » qui se voulaient « un laboratoire, si modeste soit-il, de la construction d’une société multiculturelle ».
Avec cette anthologie publiée en Poésie/Gallimard, Anise Koltz explore et expose tous les thèmes d’une œuvre vouée à l’incertitude, à l’inquiétude de ne pas formuler l’essentiel, c’est-à-dire une réalité qui échappe sans cesse, qu’il s’agisse de sa part visible ou du côté caché des choses. Ne souligne-t-elle pas comme s’il s’agissait d’une évidence : « Autrefois, l’homme avait peur de l’avenir, aujourd’hui l’avenir a peur des hommes ! »
DERNIER OUVRAGE
Essais
Nous habitons la Terre
« Nous devons reprendre l’ouvrage. Nous, la Gauche.
En renouant avec notre identité : refaire de la justice sociale la colonne vertébrale des politiques publiques ; ressaisir la question démocratique ; penser la culture ; retisser les liens de solidarité internationale avec les travailleurs, les déshérités, les femmes opprimées, les enfants exploités, les croyants et les incroyants persécutés, les victimes des traites, des guerres, des misères, des catastrophes. Et assumer tout cela tête haute. »
Ch. T.
Dans une langue éblouissante, Christiane Taubira s’indigne des inégalités et des violences qui règnent sur notre planète, s’attaque aux idées dangereuses des extrêmes, critique l’invocation permanente du concept de crise qui assoit la domination des puissants, identifie les règles de vie commune dans une société laïque, redonne leur sens aux mots si souvent dévoyés aujourd’hui, trace les axes d’un combat urgent.
Un livre lucide et engagé, un livre d’espoir porté par le souffle d’une citoyenne de la Terre qui ne peut vivre sans exaltation ni s’accommoder du monde tel qu’il lui est donné.