Rebelles

Avec Manon Loizeau, Karim Madani et Sylvie Laurent. Rencontre animée par Christelle Capo-Chichi

9 juin 2015.
 

Avec Manon Loizeau, Karim Madani et Sylvie Laurent. Rencontre animée par Christelle Capo-Chichi

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Spike Lee : American Urban Story

- 2015

Trente ans avant les événements de Ferguson, Spike Lee créait la polémique avec Do the Right Thing, brûlot sur les tensions raciales et la frustration urbaine à Brooklyn. Jamais avant lui un réalisateur n’avait filmé le ghetto du point de vue d’un camé au crack se vantant d’avoir "fumé la télé Sony de sa mère" ou d’un sneaker addict accro aux baskets Jordan. En inventant la street culture, creuset d’une nouvelle mythologie urbaine, l’auteur de Jungle Fever, Clockers, He Got Game… est devenu le père fondateur du "film hip-hop", en intégrant le rap à son espace narratif.
Celui qui dit "emmerder John Wayne" et a menacé, à Cannes, le cinéaste Wim Wenders avec une batte de baseball aura influencé, dans le monde entier, la mode, le langage, les codes, l’esthétique, l’attitude, voire le folklore, de plusieurs générations.
Spike Lee : American Urban Story est une ballade gonzo et "rap’n’roll" au coeur du New York populaire, hype et foisonnant des cinquante dernières années. Plus encore, à travers la vie et l’oeuvre de Spike Lee (Malcolm X, Mo’Better Blues, La 25e Heure, etc.), c’est une certaine histoire de l’Amérique qui est ici contée, d’une Amérique noire pas tout à fait remise de l’épidémie de crack des 90’s, des drames nationaux provoqués par les attentats du 11 septembre 2001, des dévastations de l’ouragan Katrina en août 2005, sans oublier les bavures policières de 2014.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Documentaire

Tchétchénie, une guerre sans traces

- 2014

Manon Loizeau, alors correspondante à Moscou, a découvert la Tchétchénie en 1995, lors de la guerre déclenchée par Boris Eltsine contre ce petit pays du Caucase pour le punir d’avoir proclamé l’indépendance. En 1999, c’est Poutine qui, au prétexte de lutter contre le terrorisme, lançait ses blindés et ses bombes contre les Tchétchènes, ciblant combattants et civils avec une égale férocité. Vingt ans et quelque 150 000 morts plus tard, la réalisatrice retrouve un pays "pacifié" par la terreur qu’inspirent désormais les milices tchétchènes, et non plus l’armée russe. Inféodé à Moscou, le régime du président Ramzan Kadyrov s’emploie méthodiquement à éradiquer la mémoire de la guerre comme l’histoire du pays, et impose un culte de la personnalité digne de l’ère stalinienne.

Disparitions

Généreusement financé par la Russie, le jeune Ramzan Kadyrov (38 ans) a aussi spectaculairement reconstruit son pays ravagé par la guerre. Grozny, capitale rasée par les bombes il y a dix ans, a pris des allures de Dubaï, avec néons, centres commerciaux et mosquées rutilantes. Ses avenues neuves portent les noms des principaux bourreaux de la population, Poutine en tête. Mais chaque jour, des gens continuent de disparaître, victimes du pouvoir absolu d’un gouvernement qui s’arroge ouvertement le droit de torturer et de tuer. De rares voix dissidentes prennent pourtant le risque de dénoncer cette terreur d’État : une femme harcelée par le pouvoir, qui raconte comment, peu à peu, son clan est décimé dans le silence ; le Comité des mères de Tchétchénie, fondé lors de la première guerre, qui en vingt ans de combat n’a retrouvé que deux personnes vivantes sur les 18 000 portées disparues ; un couple de vieux paysans dont les deux filles, enlevées un soir à Grozny par des miliciens, n’ont jamais reparu ; le Comité contre la torture, enfin, un collectif de jeunes juristes russes qui enquête sans peur sur les disparitions et les conditions de détention, et dénonce "une petite Corée du Nord" au sein de la Fédération de Russie… Dans ce "tunnel sans lumière" décrit par Madina, présidente du Comité des mères, Manon Loizeau a pu aller à leur rencontre en se cachant et en rusant, et même suivre le procès d’un politicien respecté, Rouslan Koutaiev, accusé sans aucune vraisemblance de détention d’héroïne et jugé par un tribunal aux ordres. En réalité, sa "faute", sanctionnée par quatre années de prison, avait consisté à braver l’interdiction de commémorer le 70e anniversaire de la déportation des Tchétchènes par Staline. Un témoignage poignant, exceptionnel, sur la tragédie d’un peuple que le monde a oublié.

(Source : Arte)

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La couleur du marché : Racisme et néolibéralisme aux Etats-Unis

Seuil - 2016

L’enthousiasme suscité par l’élection de Barack Obama a masqué la perpétuation des inégalités raciales aux Etats-Unis. Cinquante ans après le vote des droits civiques, le mouvement "Black Lives Matter" et les violences policières ciblées qu’il dénonce apportent un démenti cinglant à l’illusion de l’équité. La majorité des Américains affirme aujourd’hui que Blancs et Noirs disposent des mêmes opportunités et accusent les minorités d’être à l’origine de leurs propres échecs. Selon la doxa néolibérale du mérite et de la responsabilité individuelle que les Républicains comme les Démocrates ont enracinée dans le pays, le marché serait neutre et impartial : color-blind. Mais cette notion désigne-t-elle vraiment l’indifférence à la couleur de peau ou plutôt l’aveuglement face aux traitements discriminatoires que continuent de subir les Africains-Américains en matière d’éducation, de logement, d’emploi, de revenu et de justice ? En retraçant la genèse de l’idéologie postraciale aujourd’hui en vogue aux Etats-unis, ce livre montre comment le triomphe de la doctrine néolibérale reproduit structurellement au sein de la société américaine un racisme qui ne s’avoue pas.


Revue de presse :

“Selon la chercheuse, le succès de Donald Trump est ainsi incompréhensible s’il n’est lu au regard de l’élection de Barack Obama.”
Catherine Calvet, Libération