La mer est un roman

15 mai 2015.
 

Isabelle Autissier nous revient avec un roman âpre, violent, sur un couple échoué sur une île déserte au sud des Cinquantième hurlants (Soudain seuls). Sylvain Coher nous embarque dans un huis clos maritime saisissant (Nord-nord-ouest). Jean-Luc Coatalem propose une fantaisie bretonne réjouissante (Fortune de mer). Les navires, c’est bien connu, sont des mondes en réduction nous montre Hervé Hamon dans Pour l’amour du capitaine. Paolo Rumiz a vécu dans un phare perdu au milieu de l’Adriatique (Le phare, voyage immobile). Nicolas Cavaillès se demande Pourquoi le saut des baleines ? Josiane Guéguen nous propose un fraternel Voyage au cœur du Seamen’s club, à Brest. Blaise Hofmann a parcouru l’espace d’un hiver les îles de l’archipel des Marquises (Marquises). Olivier Poivre d’Arvor brosse, avec son frère Patrick, cent portraits de grands marins, découvreurs, pirates et grands navigateurs (L’Odyssée des marins). Pour Fred Buyle, la plongée en apnée relève quasiment de la mystique – une porte ouverte sur un monde, dont il ramène des images saisissantes (Rencontres sous marines).
Retrouvez-les tous les jours à l’École nationale supérieure maritime pour quantité de rencontres.

 

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Essais

Mes pas vont ailleurs

Stock - 2017

Mai 1919. Victor Segalen est retrouvé mort, couché dans un petit bois, au cœur du Finistère. Partant du mystère qui entoure la mort de Segalen, suicide ? accident ?, Jean-Luc Coatalem suit les empreintes de l’écrivain-voyageur, breton, comme lui, Brestois, aussi. Militaire, marin et poète, auteur d’une œuvre labyrinthique que, de son vivant, personne n’aura soupçonnée.
En 1903, Segalen pélerine sur les traces de Gauguin, aux îles Marquises. En 1905, à Djibouti, sur celles de Rimbaud. En 1909, il traverse la Chine, en jonque, en train et à cheval, et il recommencera. En 1910, il se risque dans le dédale de la Cité interdite de Pékin, derrière un séduisant jeune homme, espion et amant de l’impératrice. Puis il réside seul à Hanoi, rêve au Tibet, et achète son opium. Il meurt à quarante et un ans, dans la forêt légendaire du Huelgoat, un Shakespeare à la main, la jambe entaillée, au-dessus d’un Gouffre, loin de son épouse et de cette autre femme qu’il aime.
Revisitant l’œuvre de Segalen, les lettres à ses deux amours, ses nombreux voyages, Coatalem fait apparaître les résonances, nombreuses, la complicité littéraire et l’écrivain compagnon, composant par ces prismes mêlés, le roman de sa vie, au plus près d’un Segalen vivant et vibrant.

Mes pas vont ailleurs a été couronné du Prix Femina Essai 2017, et du Prix de la langue française de la ville de Brive.


Revue de presse

 

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Récit

Marquises

Zoé éditions - 2014

Aux antipodes de l’Europe, voici les Marquises, une terre mythique, célébrée par Melville, Brel et Gauguin.
L’espace d’un hiver, Blaise Hofmann a parcouru les six îles habitées de l’archipel des Marquises. Et une île déserte.
Tour à tour bousculé, méditatif, ironique, emballé, il rend hommage à l’hospitalité des Marquisiens, à leur renouveau culturel. Il ne ferme toutefois pas les yeux sur les pick-up Toyota et les poulets aux hormones made in USA.
Blaise Hofmann fait le lien entre le passé de l’archipel et le quotidien d’aujourd’hui, il entremêle légendes insulaires, récits de navigateurs, comptes rendus de missionnaires, romans aventureux, correspondances de colons, presse locale, statuts Facebook et Tweeter. La nature y est aussi un personnage à part entière, une présence sensuelle.
C’est un carnet de route plein d’autodérision. Un regard empathique, curieux, critique et généreux sur ces îles du « bout du monde ».


Vidéo

 

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Romans

Deux étés par an

Stock - 2024

Un homme et un oiseau étaient-ils faits pour se rencontrer ? Surtout si l’homme est un ancien ambassadeur des Pôles, qui fête ses 90 ans, et l’oiseau, disons plutôt, le couple d’oiseaux, deux sternes arctiques inséparables du nom de Jet et Lily.

En 2048, bien des espèces, des pans entiers de notre géographie, ont hélas disparu de la planète, les brasiers enflamment l’Europe et font fuir de nouveaux migrants qui nous ressemblent. Le traité qui protège le statut particulier de l’immense réservoir d’eau douce qu’est l’Antarctique, doit être renégocié. L’urgence est absolue !

C’est alors que notre Ambassadeur, gageons que ce récit documenté est aussi une fable, décide d’affronter ce qui sera sa dernière mission : relier les deux points les plus extrêmes du globe terrestre, depuis le Groenland jusqu’au pôle sud, sur une ligne aérienne que seules les deux sternes connaissent par cœur, un tracé de glace et de haute mer, à la recherche migratoire de la lumière, de crevettes, de krill, et surtout de deux étés par an. Son Excellence va voler en leur compagnie. Pourquoi pas !

Chemin faisant, l’auteur à la manière des fabulistes, nous montre l’état de notre pauvre planète, sans jamais céder à la tentation de l’apocalypse, mais sur les ailes de Jet et de Lily, par leurs yeux émerveillés et parfois paniqués, il nous montre aussi toute la beauté du monde. S’y joindront, en une arche de Noé multicolore, un vautour géant, des perroquets au front bleu, une baleine dernière de son espèce, Amal la fille adoptive de notre Excellence, et bien des peuples du monde, aussi divers et menacés que les espèces animales.


 

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Le phare : Voyage immobile

Hoëbeke - 2015

Paolo Rumiz pour son nouveau livre a fait un voyage auquel même lui sans doute ne s’attendait pas. Lui qui a longé les 6 000 kilomètres des frontières de l’Europe du nord au sud, traversé les Balkans, franchi les montages à la recherche d’Hannibal, ramé tout au long du fleuve le Pô, lui, le grand voyageur italien, décide de vivre et de nous faire vivre son premier voyage immobile dans un phare perdu au milieu de la Méditerranée, loin de tout et de tous, hormis les gardiens.
Soudain libéré de tout contact avec le monde extérieur – il n’a ni radio, ni télé, ni internet, ni même un téléphone – il se consacre, quand le temps le permet, à l’exploration de son environnement plutôt réduit puisque le phare est perché sur un récif où il n’y a aucune autre habitation. Il nous présente donc tour à tour la nature, la faune domestique (il y a quand même un âne et une poule) et la faune sauvage (dominée par les innombrables oiseaux), les poissons, le bâtiment où il loge, ceux qui l’habitent ou qui l’ont habité jadis, sans oublier d’autres occupants de phares qu’il a connus dans son enfance, il nous parle du temps qu’il fait, des vents, des bateaux qui passent, de ses pensées, de ce qu’il mange et de bien d’autres choses encore. Bref, il nous dit tout, sauf le nom de cet archipel mystérieux, qu’il tient à cacher, de peur d’y voir déferler des hordes béotiennes. Il livre certes quelques indices, mais ceux-ci amènent le lecteur à se demander si la vérité ne serait pas plus compliquée qu’il n’y paraît et à conclure que le phare du récit pourrait bien être, en réalité, un savant amalgame d’expériences diverses. En tout cas, le récit est prenant, et inoubliable. C’est avec une indéniable volupté que ceux qui rêvent d’une tour d’ivoire se laisseront entraîner jusqu’à ce lieu austère, à l’écart du monde, même s’il faut en repartir.

 

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Romans

Le naufrage de Venise

Stock - 2022

Venise la belle, Venise la superlative, ses accumulations de palais, de places, de canaux, d’églises et de raffinements divers, n’a pas résisté. Une vague, une seule, gigantesque et mortifère, a suffi à l’engloutir tout entière et à réduire sa magnificence à néant. Le système MOSE (Moïse), savante et impérieuse combinaison de soixante-dix-huit écluses installées à grands frais et supposées – comme le prophète – apprivoiser les eaux capricieuses de la lagune, a bel et bien failli. La ville est détruite, les victimes innombrables. Noyée la Sérénissime ! Submergée la Cité des masques !
Avant ce cataclysme tant redouté, la famille Malegatti se déchire depuis longtemps face à la menace. Guido, le père, entrepreneur sorti du rang et conseiller aux affaires économiques de la ville, ne jure que par le tourisme de masse et le MOSE tutélaire. Maria Alba, son épouse, descendante des Dandolo de Cantello, a contre elle, comme la Venise qu’elle vénère, de se satisfaire de ses habitudes de belle endormie. Léa, leur fille, a 17 ans seulement mais des dispositions de boutefeu et des inclinaisons de Lolita pas forcément innocentes mais résolument militantes.

Au gré d’un roman haletant, Isabelle Autissier a choisi ces trois guides si particuliers pour rapporter les charmes et les outrances d’une Babel en sursis. Et fait siennes leurs convictions et leurs contradictions pour anticiper un désastre environnemental on ne peut plus réaliste. Conteuse hors pair doublée d’une conscience écologique éclairée, l’ex-navigatrice conduit cette fable à sa guise jusqu’à la transformer en un cauchemar entêtant.


 

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Romans

Vaincre à Rome

Actes Sud - 2019 - 2019

Samedi 10 septembre 1960, avant-dernier jour des Jeux olympiques de Rome : le marathon va se courir non dans un stade mais au sein même de la Ville éternelle. Soixante-neuf concurrents pour un seul vainqueur. Et c’est dans la tête de celui qui montera sur la plus haute marche du podium que le lecteur est embarqué pour un voyage de 2 heures, 15 minutes, 16 centièmes. Non content de battre le record du monde en terre italienne plus de vingt ans après la prise d’Addis Abeba par Mussolini, le soldat éthiopien Abebe Bikila va courir les 42 kilomètres et 195 mètres pieds nus. “Vaincre à Rome, ce serait comme vaincre mille fois” a dit Hailé Sélassié. Vaincre pieds nus, ce sera comme vaincre en jouant dans la poussière de Debre Zeit. En pleine période de décolonisation et de démembrement des empires européens, un berger africain remporte l’or et couronne tout un continent.
Sylvain Coher, qui s’était déjà imposé par ses précédents romans comme l’écrivain du mouvement, des sensations, nous convie à une expérience extraordinaire : insu er à la langue et aux mots le rythme, la mécanique, les accélérations d’une course de fond, jusqu’au bien-être des endorphines, jusqu’à l’envol nal du sprint. Abebe Bikila est ce sportif omniscient qui sait le destin et qui court comme une pythie, sûr de sa victoire, prescient de la nuit célébrée qu’il va vivre dans quelques heures ; il n’y a pas de suspense et pourtant une tension s’installe, celle des muscles, de la crampe qui pourrait guetter malgré la certitude de ce qui va advenir.
Seul un tour de force littéraire à la musicalité inédite, aux digressions étincelantes, pouvait rendre compte d’un tel exploit sportif. Devenu Petite Voix dans la tête du champion, l’auteur se coule dans le rythme variable de sa foulée infatigable pour raconter comment grandissent les héros, comment se relèvent les peuples, comment se gagnent les revanches et comment naissent les légendes.


Revue de presse :

 

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Beaux livres

Rencontres sous-marines

Glénat - 2014

Une formidable plongée en texte et en images dans le monde sous-marin…
Depuis trente ans, Fred Buyle plonge en apnée dans toutes les mers du globe. Après dix années de compétition au plus haut niveau, il s’est détourné de la chasse aux records pour se consacrer à la photographie. Accompagné de son appareil photo, Fred Buyle côtoie au quotidien la faune sous-marine, avec une prédilection pour les requins. Seul photographe professionnel au monde à travailler exclusivement en apnée, il peut ainsi interagir avec les animaux en les dérangeant le moins possible. Les images qui en résultent sont exceptionnelles.
Ce livre est d’abord l’occasion d’une rencontre avec un passionné du monde sous-marin, dont on découvre le cheminement dans une première partie présentée sous la forme d’un entretien.
C’est aussi et surtout un très beau livre dans lequel Fred Buyle expose ses plus belles rencontres sous-marines au travers de superbes photos, en grande partie inédites.

 

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Essais

Pourquoi le saut des baleines

Editions du Sonneur - 2015


Ce court ouvrage, qui tient autant de l’essai cétologique que de la fantaisie littéraire, s’attaque à l’un des mystères les plus coriaces et les plus fascinants du règne animal : les bonds prodigieux qu’effectuent parfois les grands cétacés hors de l’eau. Beaucoup d’hypothèses ont été formulées à ce sujet par les biologistes du comportement, aucune n’a convaincu. L’auteur explore une piste personnelle et théorise sur ce que les baleines se tordant au-dessus de l’océan doivent à l’ennui et à l’absurde ; il invite à considé­rer leur saut comme une victoire sur l’insupportable et comme une manifestation exemplaire de la plus haute des libertés.
« Nous ignorons pourquoi les baleines et autres cétacés effectuent parfois ces sauts stupéfiants au-dessus des mers et des océans, mais les hypothèses ne manquent pas, elles se renforcent même du seul fait que la question n’a pas été tranchée. On dit qu’elles bondissent dans les airs pour déglutir, se débarrasser de leurs parasites, communiquer, séduire en vue d’un accouplement, pécher en gobant, chasser en catapultant, fuir des prédateurs sous-marins comme l’espadon ou le requin, s’étirer, s’amuser, en imposer, ou encore ponctuer un message, une attitude. Aucune de ces explications ne convainc : fâcheusement partielles ou intolérablement saugrenues, toutes ont été contestées. Comme c’est le cas face aux grandes interrogations métaphysiques, elles semblent toutes buter contre l’étroitesse du cerveau et de l’imagination qui les échafaudent. La question serait-elle insoluble ? […] Ivresse, libération, secousse non moins absurdes, en dernier lieu, futiles, qui n’apaisent qu’un moment, qu’il faut toujours recommencer, et dont la baleine doit savoir en son for intérieur, dans ce magma d’instincts, de mémoire et d’analyse, la grande vanité. Mais en un monde qui n’est que poussière d’étoile remuée dans un trou noir, la créature, même bardée de ses instincts, gènes et neurones, même flattée par l’héritage multi-millénaire de la sélection naturelle, peut goûter un acte aussi gratuit que la totalité dans laquelle elle baigne. Ainsi la baleine sauterait-elle quia absurdum, parce que c’est absurde ? »

 

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Voyage au coeur du Seamen’s Club

Association ENKI - 2015

Entre février et juin 2014, j’ai passé une soixantaine de soirées au Seamen’s Club de Brest, un endroit méconnu - même et surtout des Brestois - qui accueille six soirs sur sept les marins en escale au port de commerce de Brest, naviguant sur des porte-conteneurs, des cargos, des pétroliers, etc. 
L’occasion pour ces marins rarement fortunés de se connecter gratuitement sur Internet, de parler à leurs proches par skype, de voir de nouvelles têtes, de parler à d’autres personnes que leurs collègues de travail, d’acheter quelques souvenirs à ramener à la maison... Avant de repartir, très vite — les escales sont de plus en plus courtes — vers d’autres ports, d’autres destinations.
Avec la complicité de Damien Roudeau et d’Erwan Le Bot pour les dessins qui illustrent ce livre, je raconte dans "Voyage au coeur du Seamen’s Club", publié par l’association ENKI (association organisatrice du festival des Carnets de Voyage de Brest ici&ailleurs qui m’a offert cette résidence artistique), mes soixante soirées au club,mes visites à bord des navires, les marin(e)s rencontré(e)s, l’équipe qui anime le lieu avec modestie et persévérance depuis plus de 20 ans. Après tout ce temps passé avec eux, j’avais vraiment envie de leur tirer un coup de chapeau !


Revue de presse

https://www.lecourrier-leprogres.fr/2014/11/11/brest-au-coeur-du-seamen%E2%80%99s-club/

Des moments forts, des rencontres étonnantes, des personnages hauts en couleur qu’elle décrit dans un livre. Un ouvrage qui entraîne également le lecteur vers de lointains horizons et lui fait mieux comprendre la réalité parfois difficile de ces navigants pas toujours très bien payés, qui quittent leur pays pour de longs mois et qui ne savent pas toujours si, à l’issue de l’embarquement en cours, ils retrouveront du travail.
Le Télégramme - https://www.letelegramme.fr/finistere/brest/seamen-s-club-le-voyage-immobile-de-josiane-gueguen-21-10-2014-10394434.php