WALTER Henriette

29 mars 2017.
 
©E. Robert-Espalieu

"Toute petite, j’aimais l’idée qu’un objet puisse avoir plusieurs noms, que les émotions puissent s’exprimer d’une manière différente."

Véritable polyglote, cette érudite parle couramment six langues et pratique d’autres comme le interlingua. Née en Tunisie d’une mère française et d’un père d’origine italienne, Henriette Walter apprend très vite à jongler avec les langues : elle parle le français à la maison, l’italien à l’école et entend l’arabe et le maltais dans la rue. Fascinée par ces sonorités diverses, elle se destine à la vulgarisation des langues : français, anglais, espéranto, langues régionales…

Sa rencontre avec le linguiste André Martinet est déterminante dans sa carrière et devient sa plus proche collaboratrice. Dès 1966, elle anime un séminaire à l’École pratique des hautes études.
Aujourd’hui professeur émerite de linguistique à l’Université de Haute-Bretagne à Rennes, présidente de la Société internationale de linguistique fonctionnelle et membre du Conseil supérieur de la langue française, elle est reconnue comme l’une des grandes spécialistes internationales de la phonologie.

La langue française a connu de nombreuses évolutions, représente de nombreux univers, mais recèle aussi de nombreux mystères que la célèbre linguiste se plaît à décortiquer pour le plus grand plaisir des lecteurs. Elle publie de nombreux ouvrages de vulgarisation sur notre langue, réputée si rigide, tels que Le Français dans tous les sens, lauréat du Prix de l’Académie française 1988, L’Aventure des langues en Occident qui a remporté le Prix des lectrices de Elle en 1995 et prix spécial du Comité de la Société des gens de lettres.
Curieuse et enjouée, elle s’intéresse à tous les domaines et rédige également, en collaboration avec Pierre Avenas, des ouvrages sur le monde animalier : L’Étonnante Histoire des noms de mammifères, La Mystérieuse Histoire du nom des oiseaux, ainsi qu’une plongée fascinante dans le monde de Nemo et des poissons d’eau douce avec La Fabuleuse histoire des noms des poissons, lauréat du Prix de la littérature de la mer, mêlant biologie, étymologie, géographie et histoire, d’une manière ludique et espiègle.

Dans son ouvrage paru en 2016 Minus, lapsus et mordicus : Nous parlons tous latin sans le savoir, Henriette Walte tente, toujours de manière ludique de diffuser les subtilités de la langue de Molière. Elle offre une passionnante odyssée étymologique, en passant allègrement du latin de l’église au latin des tribunaux, et du latin des naturalistes au latin d’Astérix. Elle propose un nouveau regard sur cette langue encore bien vivante dans les usages du XXIe siècle, et pleine de ressources, que l’on s’est trop vite empressé d’enterrer. Ponctué d’anecdotes et de devinettes, cet ouvrage conjugue humour et érudition.

Elle revient cette année avec son dernier ouvrage Le français : des mots de chacun, une langue pour tous : Des français parlés à la langue des poètes, un collectif au sein duquel elle questionne dans un article la langue française et tente de l’ériger au rang d’idéal commun.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Le français : des mots de chacun, une langue pour tous : Des français parlés à la langue des poètes

(collectif, Presses Universitaires de Rennes, 2016) - 2016

Vraie problématique linguistique, socio-économique et culturelle que traitent dans ce volume des chercheurs et des universitaires, des enseignants et des hommes d’affaires, des juristes et des écrivains. Comment faire pour que les mots spécialisés de nos professions, ancrés dans des savoir-faire, deviennent également les formes ouvertes d’une langue à partager ? Comment faire aussi pour que les mots de tous les jours, ceux des enfants des banlieues comme ceux des fils de la terre, soient les gages d’une compréhension et d’une reconnaissance mutuelles, d’un accès à la langue des pères, dans une société en perpétuel mouvement ? Comment faire encore pour mettre en résonance les accents des français régionaux et les échos lointains des français de la francophonie, afin que se déploie plus largement cet idéal linguistique commun ? Autant de questions qui trouvent leur champ de réflexion et leur voie de réponse dans les différentes parties de cet ouvrage : le lecteur chemine d’abord à travers les accents du français parlé, en France et dans la francophonie, pénètre au cœur des particularités de l’écrit, réfléchit aux conditions des échanges et du partage de la langue pour pénétrer enfin dans le monde des poètes et s’initier aux enchantements de la langue littéraire qui n’a cessé de dire la vie, la jouissance et la fortune des mots d’où qu’ils proviennent, ceux de La Pléiade, archaïques, techniques ou dialectaux, ceux des poètes modernes, riches de sensations, constellés d’associations, pleins de fulgurances, ceux de Léopold Sedar Senghor, vibrant aux accords de l’Afrique et de la France, fondues dans une mythologie neuve, faite de valeurs singulières mais partagées, métissées par deux cultures dans une même vision poétique. Finalement, c’est encore là une belle escale dans le temps et l’espace que cette troisième étape du voyage au long cours que constituent les Lyriades renouvelées de la langue française. Cet ouvrage est issu des 3e journées de la langue française, Les Lyriades, qui se sont tenues à Liré en Anjou, les 19-20-21 mai 2006. Il a été conçu sous la direction de Françoise Argod-Dutard, professeur des universités et responsable du comité scientifique avec la collaboration de Dominique Beaumon, coordonnateur des Lyriades.