VAL Philippe

20 mars 2015.
 

Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo et de France Inter, n’épargne ni les uns, ni les autres. Ses prises de position, souvent étonnantes, ont fait de lui une personnalité controversée, à la fois admirée, contestée et centrale. Homme de gauche, ses publications questionnent souvent le thème de la liberté d’expression et du savoir-vivre ensemble.

Après l’arrêt de ses études à 17 ans, il se lance dans la chanson. Inspiré par des artistes comme Georges Brassens ou Léo Férré, il se produit alors dans des cafés théâtre. En 1970, il forme un duo de chansonniers avec Patrick Font : "Font et Val", avec lequel il connaît un certain succès sur scène jusqu’en 1996, année où il rompt son amitié avec son camarade, qui est accusé d’attouchements sexuels sur mineurs.

Il devient chroniqueur en 1992 sur France Inter dans les émissions "Synergie", "La partie continue" puis "Charivari". Engagé à gauche, il collabore avec le journal Libération et rencontre alors le dessinateur Cabu. Avec ce dernier il fonde Charlie Hebdo dont il devient rédacteur en chef puis directeur de la rédaction en 2004 ; en parallèle, il poursuit sa carrière dans la musique en sortant plusieurs albums tels que "Paris-Vincennes" en 1996 ou encore "Hôtel de l’univers" en 1999. Entre 2006 et 2007, il participe régulièrement à l’émission "Inoxydable" sur France Inter puis dans "Le Sept dix".

Après la publication, en février 2005, des fameuses caricatures danoises de Mahomet dans Charlie-Hebdo, il signe et publie Le manifeste des douze : Ensemble contre le nouveau totalitarisme" : un appel à la lutte contre l’islamisme intégriste, défini comme un totalitarisme religieux mettant en danger la démocratie.
À la suite de cette affaire, cet intellectuel incisif publie deux essais Traité de savoir survivre par temps obscurs en 2007, et Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous en 2008 dans le but de lutter pour la liberté d’expression, mais surtout pour dénoncer le danger de la radicalisation des groupes religieux extrémistes. Loin de stigmatiser les croyants, il dénonce l’émergence d’un système totalitaire qui, sous couvert de la foi, commet des actes qui vont à l’encontre de la liberté, de la démocratie et de la laïcité.

Cette année, il propose un nouvel essai Malaise dans l’inculture qui entame une discussion sur l’origine et l’imposture de l’idéologie du ressentiment, avatar du rousseauisme, qui a réussi, au fil des siècles à faire croire que le bonheur du peuple passait par le sacrifice du droit à la richesse intellectuelle des individus.


Bibliographie

Essais

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Malaise dans l’inculture

Grasset - 2015

« Quand on ne trouve pas d’intellectuel pour organiser un débat, on invite un sociologue, qui nous explique qu’il faut être contre l’injustice, contre la misère, contre le racisme, contre la guerre, contre les patrons, contre l’Amérique, contre Israël, contre le sida et contre tous les méchants qui sont pour ce qui est mal. La culture servait à multiplier nos expériences du monde. A quoi bon, puisque le monde tient désormais en deux catégories : like et unlike ?

C’est ainsi qu’on subit jusqu’à la nausée les dénonciations d’Edwy Plenel, les sentences d’Edgar Morin, les transgressions marketing de Bedos père et fils, et si les tables tournantes fonctionnaient, on entendrait encore Stéphane Hessel nous réciter, les yeux mi-clos, un poème de Verlaine à la gloire des combattant du Hamas, car dans l’au-delà, tout est possible.

Voir un écrivain à la télévision se faire massacrer par un chroniqueur inculte, sous les applaudissements du public, voilà un spectacle désormais habituel.
Le prêt-à-s’indigner médiatique, c’est la trop mince couche de glace sur laquelle titubent nos démocraties modernes. Il alerte sur la disparition des ours blancs, mais reste indifférent à celle des librairies, des journaux et des cinémas. L’existence des choses précieuses et subtiles qui rendent possible une bonne vie pour tous dépendent autant, sinon plus, d’un niveau culturel que d’un niveau économique. C’est la culture ou son absence qui décident de l’économie, et non l’inverse, contrairement à ce que martèle le sociologisme en vogue.

Ce livre est une discussion sur l’origine et l’imposture de cette idéologie du ressentiment, avatar du rousseauisme, qui a réussi, au fil des siècles à faire croire que le bonheur du peuple passait par le sacrifice du droit à la richesse intellectuelle des individus. »


Revue de presse

Dans ce pamphlet bien écrit, ce qui ne fait pas de mal, l’ancien patron de Charlie Hebdo découpe la gauche en quartiers et enfonce sa plume dans les plaies de ses divisions. Il s’en prend aux radicaux de l’écologie, aux prophètes de la décroissance, aux pourfendeurs de l’Amérique et de l’Europe libérale, aux fans de Poutine, aux analystes bienveillants du communautarisme, à ceux qui font passer les laïques résolus pour racistes.
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