Villes assassines

30 juin 2014.
 

Avec : João ALMINO, Mohamed AL-FAKHARANY, Dominique BATRAVILLE

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

L’ange de charbon

Zulma Editions - 2014

Tout commence à Port-au-Prince, par le tonnerre et l’engloutissement, le grand tremblement de gorge de « Monsieur Richter » avalant d’un coup des centaines de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants et d’animaux. Face à ce nouvel esprit vaudou de la mort, M’Badjo Baldini – « nègre errant d’origine italienne » surnommé l’Ange de charbon – parvient à tenir la dragée haute à l’apocalypse, danse macabre où défilent Baron Samedi et Grande Brigitte, tous les saints du calendrier et tous les zombies des cimetières. Mais l’Ange de charbon est aussi une espèce singulière de traité sur le désir, un cantique des cantiques adressé à toutes les amantes sans discrimination, vierges verrouillées, reines, filles de joie, à commencer par Salomé dite Sassa, « si belle qu’elle valait trois Parisiennes ». Cette autobiographie d’un rescapé en tenue de prêtre vaudou, la tête dans les étoiles et le regard insolent, est secouée d’un bout à l’autre d’un grand éclat de rire, ultime réplique du séisme ravageur, ajoutant une dimension à ce chant d’un Maldoror noir qui se demande, après avoir crié « halte-là ! vagabond séisme ! », s’il ne devrait pas mettre sa peau à l’envers.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La traversée du K.-O.

Seuil - 2014

Pour ce roman coup-de-poing paru au Caire en 2007, Mohamed al-Fakharany a été salué tant par ses aînés (Gamal Ghitany, Mohammed Berrada…) que par ses pairs de la jeune génération – Ahmed al-Aïdy, par exemple, le désignait comme le meilleur roman égyptien de la dernière décennie. Mais il a aussi choqué, notamment en raison du langage très cru avec lequel il rend compte du phénomène de l’extrême pauvreté. Ce récit d’une grande inventivité formelle plonge le lecteur dans les rêves et les désillusions des habitants d’un bidonville situé en périphérie du Caire, dans les rituels de la violence, dans les petites stratégies de survie et dans la rage des corps. Le réalisme brutal, traversé par nombre de fulgurations fantastiques et de questionnements d’ordre métaphysique, avec lequel Mohamed al-Fakharany décrit ce monde, donne toute sa force au texte.

Un roman à la fois prémonitoire des événements récents en Égypte et plus que jamais d’actualité.


Revue de presse :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Hôtel Brasília

Métailié - 2012

Une nouvelle capitale est en train de s’élever au centre du Brésil, toutes sortes de gens confluent vers ce nouvel espoir de travail et de vie. Le père du héros se donne pour mission de relater au jour le jour dans ses cahiers cette nouvelle vie en train d’éclore. Il vit à Cidade Livre, la Ville libre, appelée plus tard Nucleo Bandeirante, entre ville provisoire et bidonville, peuplée d’ouvriers, d’ingénieurs, de commerçants et de prostituées. Avec lui, il y a son jeune fils, le narrateur, et ses deux tantes adoptives, Matilde et Francisca, sources d’étonnements et d’émois.
Ce récit de la construction de Brasília entre 1956 et 1960 mêle les espoirs et les exploits, les constructeurs de la ville, les visiteurs célèbres ou non, les bâtisseurs de société et les rêveurs des sectes qui s’assemblent dans le désert du planalto brésilien.

Au moment où il croit lire un reportage sur une utopie réalisée le lecteur tombe dans les rets du romancier et dans ce tourbillon vertigineux qu’est la subjectivité. Il se perd sur les traces de Valdivino, le paysan du Nordest, et de son mystérieux grand amour, la prophétesse Iris Quelemém qui règne sur le jardin du Salut. Il suit les courses du jeune garçon fasciné par la cycliste aux tresses brunes, l’épopée de l’ouverture de la route Brasilia Belem, les amours clandestines du père, les spéculations financières et les dettes qui le jetteront dans la prison où va le voir son fils adulte pour comprendre ses secrets. João Almino capte les voix qui affluent vers cette ville mythique et les restitue dans un incomparable style transparent à l’image de la lumière de Brasília.


Revue de presse