Écrivains voyageurs

24 juin 2014.
 

Avec Paolo Rumiz, Tim Robinson, William Fiennes
Animé par Tristan Savin

 

DERNIER OUVRAGE

 

Le phare : Voyage immobile

Hoëbeke - 2015

Paolo Rumiz pour son nouveau livre a fait un voyage auquel même lui sans doute ne s’attendait pas. Lui qui a longé les 6 000 kilomètres des frontières de l’Europe du nord au sud, traversé les Balkans, franchi les montages à la recherche d’Hannibal, ramé tout au long du fleuve le Pô, lui, le grand voyageur italien, décide de vivre et de nous faire vivre son premier voyage immobile dans un phare perdu au milieu de la Méditerranée, loin de tout et de tous, hormis les gardiens.
Soudain libéré de tout contact avec le monde extérieur – il n’a ni radio, ni télé, ni internet, ni même un téléphone – il se consacre, quand le temps le permet, à l’exploration de son environnement plutôt réduit puisque le phare est perché sur un récif où il n’y a aucune autre habitation. Il nous présente donc tour à tour la nature, la faune domestique (il y a quand même un âne et une poule) et la faune sauvage (dominée par les innombrables oiseaux), les poissons, le bâtiment où il loge, ceux qui l’habitent ou qui l’ont habité jadis, sans oublier d’autres occupants de phares qu’il a connus dans son enfance, il nous parle du temps qu’il fait, des vents, des bateaux qui passent, de ses pensées, de ce qu’il mange et de bien d’autres choses encore. Bref, il nous dit tout, sauf le nom de cet archipel mystérieux, qu’il tient à cacher, de peur d’y voir déferler des hordes béotiennes. Il livre certes quelques indices, mais ceux-ci amènent le lecteur à se demander si la vérité ne serait pas plus compliquée qu’il n’y paraît et à conclure que le phare du récit pourrait bien être, en réalité, un savant amalgame d’expériences diverses. En tout cas, le récit est prenant, et inoubliable. C’est avec une indéniable volupté que ceux qui rêvent d’une tour d’ivoire se laisseront entraîner jusqu’à ce lieu austère, à l’écart du monde, même s’il faut en repartir.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Les oies des neiges

Hoëbeke - 2014

William Fiennes, encore étudiant, tombe soudainement gravement malade. Il fait plusieurs séjours à l’hôpital, entrecoupés de longues périodes de convalescence dans la maison familiale. La maladie le laisse désemparé. Il éprouve aussi un besoin désespéré d’échapper à cette difficile période. C’est alors qu’il retrouve dans la bibliothèque, un livre qu’il avait lu enfant : l’Oie des neiges. Ce livre sera pour lui comme une renaissance. Il sait que les oies des neiges passent chaque été dans l’Arctique canadien où elles ont leurs aires de reproduction. Il sait que chaque automne, elles migrent par millions vers le sud des Etats Unis, la Californie et le golfe du Mexique, et qu’au printemps suivant, elles refont le voyage dans l’autre sens. Pourquoi les oies entreprennent-elles de tels périples, longs de près de 5 000 kilomètres, dangereux et épuisants, dont beaucoup ne reviennent pas ? Quel signe mystérieux leur indique qu’il est temps de partir et dans quelle direction ? Comment retrouvent-elles année après année et génération après génération les lieux qu’elles ont quittés ? Quelle force enfin les pousse deux fois par an à quitter un lieu pour un autre. Une maison pour une autre ? Voilà le but qu’il se fixe : pouvoir répondre à toutes ces questions (et bien d’autres), dès qu’il sera remis. Et pour répondre aussi à son besoin de bouger, de s’envoler à son tour, il décide qu’il suivra la prochaine migration. Au final, une œuvre remarquable sur la migration des oiseaux mais aussi sur la notion même de l’errance, sur la puissance d’attraction de ses propres racines, une vision poétique et philosophique portées par une prose parfaitement mesurée qui transporte le lecteur. Un écrivain talentueux dont la voix est réfléchie, douce-amère et finement observatrice. Son livre fourmille d’histoires et d’anecdotes, où les hommes sont aussi présents que les oiseaux. La joie d’être en vie, de bouger et – surtout – de rentrer chez soi est évoquée de façon poignante dans cet ouvrage intelligent et exubérant. Le livre a été salué outre Manche et outre Atlantique par une presse enthousiaste, comparé aux œuvres de Thoreau, et de Bruce Chatwin. De grands écrivains se sont enthousiasmés comme Peter Carey ou encore Rick Bass.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Connemara, porté par le vent

Hoëbeke - 2014

Un chef-d’œuvre, tout simplement. Tim Robinson avait déjà derrière lui une belle carrière d’artiste plasticien lorsqu’en 1972 il se met en quête d’un lieu tranquille, loin de l’agitation londonienne. L’Irlande, loin de tout, lui parait alors le meilleur choix. Surprise : ces lieux sont si fascinants qu’ils l’absorbent bientôt tout entier. Il entreprend de cartographier les îles Aran, puis le Connemara – et très vite il lui semble qu’aux « sinuosités » de la géographie répondent exactement les sinuosités des habitants du lieu, la musique de leur parler, de leur culture, de leur histoire. Après un premier ouvrage sur les îles d’Aran paru en 1986 et salué par la critique, sa trilogie sur le Connemara, dont ce livre est le premier volet, (publié en 2006) marque le sommet de sa carrière. Ce livre nous parle avec une grâce et une vivacité exceptionnelle, des tourbières, des mousses, des oiseaux, de la marche en montagne, des lacs, mais aussi des légendes locales. Il dresse les portraits de quelques-uns de ceux qui y ont laissé leur marque ou qui y vivent encore. Et mille autres histoires, comme portées par le vent… Rarement on aura su rendre l’esprit d’un lieu avec ce mélange de précision, de souci du détail et d’ouverture sur l’immensité, par la grâce d’une prose aérienne et d’un don de conteur hors du commun. Comparé dès sa parution aux Iles Aran de John Millington Synge. Sacré « livre de l’année » par le Guardian et l’Observer, salué comme l’œuvre majeure d’un immense styliste par Colm Toibin, Joseph O’Connor et d’autres, couronné la même année par l’Irish Book Award et par l’Argosy Irish book of the year. Déjà un classique, enfin traduit en français.