Besoin de poème

7 juin 2014.
 

Elle va nue la liberté

Depuis que la révolution syrienne a éclaté, Maram
Al-Masri, exilée d’un pays blessure, guette
chaque jour les vidéos sur Facebook ou YouTube.
Ainsi naissent ses poèmes, qui n’apprivoisent pas
les images de l’horreur mais nous les donnent à
voir. Là, une mère porte en terre son enfant. Ici,
un enfant figé près du cadavre de ses parents. Et
ces caisses de bois nu qui dansent, dansent…
Avec Maram al Masri et Yvon Le Men.


Grand-père, mère et fils

Le premier a traversé les USA avec sa femme, lui à vélo, pour rejoindre leur fils entre
deux fuseaux horaires comme si Martin allait tomber du ciel, à chaque changement de
fuseau. Le second a traversé la France en mobylette pour retrouver sa mère, l’étoile aux
cheveux noirs, et son père auquel il s’accrochait quand celui-ci le transportait, enfant,
avec sa mobylette. Le troisième a traversé le siècle pour savoir d’où il venait en remontant
les pages de ses vies, mot à mot (tordus ou pas), pas à pas. Avec Bernard Chambaz,
Ahmed Kalouaz, Pef et Yvon Le Men


Shakespeare, 450 ans après

Entre les sonnets qui parlent du poète au plus près, de son mystère, en faisant résonner
les mots comme du cristal et les grandes tragédies qui frappent encore à nos portes (et
dans toutes les langues) entre bruit et fureur, il y a tout le temps et tout l’espace qui
nous séparent de nous-mêmes. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Du côté de tout est
bien qui finit bien ou à la merci des dieux qui nous tuent pour s’amuser ?
Avec Jacques
Darras, Hubert Haddad, Andreï Kourkov
et Yvon Le Men.


Prix Robert Ganzo de poésie

Découvrez le lauréat du plus prestigieux prix de poésie : dimanche
8 juin, à 10h45 à l’Hôtel L’Univers.
En compagnie de
Yvon Le Men, Jacques Darras, Julien Delmaire, Michel Vézina,
Margarita Perez-Ganzo
et Manuel Vich-Ganzo.


Au delà de la Grande Muraille, la Chine, les Chinois

Shu Cai vit en Chine. Il écrit, il traduit, partage,
se retire et prie. Il dit, dans ce pays qui ne dort
jamais, qu’il veut écrire la tranquillité de l’instant.
Nicolas Idier, en poste à l’ambassade de France
à Pékin, écoute la musique des pierres. Qiu Xiaolong
vit aux USA. Il infiltre, dans ses histoires policières
qui racontent la Chine d’aujourd’hui, des
poèmes où se poser un instant entre deux routes
qui percent la montagne et deux immeubles qui
provoquent les nuages. Comme si les deux Chines
ne pouvaient pas ne pas vivre ensemble. Entre
passé et présent. Entre le local et l’universel (le
global ?)
Avec Shu Cai, Qiu Xiaolong
et Yvon Le Men


Au-dessus, au-dessous de la mêlée, la Guerre de 14-18

Morts au Champ d’honneur, que reste-il de ces
soldats qui furent nos grands-parents morts pour
rien. Sinon une nouvelle Europe qui se déchirerait
à nouveau 20 ans plus tard. Un goût de sang et
de cendre encore dans la bouche. Qu’en reste-til,
sinon des romans, des poèmes longs ou brefs
qu’ils ont pris en pleine figure… Jacques Darras,
Jean Rouaud, Bruno Doucey
et Yvon Le Men.


Le mariage du ciel et de l’enfer, une évocation de William Blake

Anticlérical, antimonarchiste, pacifiste, révolté
par la misère et l’injustice sociale, le poète anglais
voulut changer l’homme et le monde. À l’argentroi,
il opposa l’esprit, c’est-à-dire la poésie et l’art.
Avec Christine Jordis et Yvon Le Men


Regards croisés sur Haïti

L’un est algérien, le second breton, et les deux autres haïtiens
dont l’un vit au pays ; l’autre, pas. Tous les quatre ont dans
les yeux et les oreilles les tremblements de l’île. Tous les deux
ont besoin des deux autres, peut-être, pour changer de point
de vue sur un pays qui vit, comme tous les autres pays, sur le
globe.
Avec Yahia Belaskri, Dominique Batraville, Louis-Philippe Dalembert et Yvon Le Men.


L’exil, comme la patrie « d’ailleurs »

Je suis venu d’îles sans ciel / Cernées
par les sables, écrit le premier. Comme
si du sable / Nous commencions ces
lignes, poursuit le second. Tous les
deux, pour des raisons différentes,
vivent en exil. Tous les deux ont inventé
un troisième pays : le poème. Le
leur ou celui des autres. De ceux d’hier
(l’épopée de Gilgamesh) à ceux d’aujourd’hui.
Avec Salah Al
Hamdani, Bruno Doucey, Taha Adnan
.


Hommage à Yannis Ritzos

Son combat contre la droite fasciste et la junte
militaire, l’expérience de la prison, l’exil, ne
l’empêcheront pas de mener à bien une oeuvre
qui fait de lui l’une des grandes voix de la poésie
universelle, décédée en 1990.
Avec Sylvia Lacarrière,
Bruno Doucey
et Muriel Szac.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Dragon bleu, tigre blanc

La nouvelle est tombée sans crier gare : sous couvert d’une promotion ronflante, l’inspecteur principal Chen est démis de ses fonctions ! À peine le temps de digérer la nouvelle qu’il échappe de peu à une machination visant à le surprendre en compagnie de prostituées.
Quelqu’un cherche décidément à neutraliser le plus incorruptible des flics de Shanghai. Comprenant que sa vie est en danger, Chen prétexte la rénovation du tombeau de son père à Suzhou pour s’éloigner et tenter d’agir à distance.
Avec l’aide de Yu, Peikin, Vieux Chasseur et d’une jeune maîtresse rencontrée à Suzhou, il cherche à savoir qui lui en veut. Les suspects ont tous pour point commun d’être préoccupés par la mort brutale d’un Américain survenue quelque temps plus tôt. Alors que les témoins disparaissent les uns après les autres, Lai, le pre- mier secrétaire du Parti à Shanghai, poursuit son ascension en réhabilitant les chants rouges de l’époque maoïste.

Dans cette enquête aux ramifications complexes, Qiu Xiaolong campe son personnage fétiche en héros inquiet et nostalgique et choisit une trame qui fait écho au récent scandale qui secoua la Chine : la chute du puissant Bo Xilai, condamné pour corruption, et de son épouse accusée d’avoir empoisonné un homme d’affaires britannique.

Revue de presse :

 

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Essais

L’avenir des simples

Grasset - 2020

On a bien compris que l’objectif des « multi-monstres » (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l’exercice d’une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d’avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l’art savant de l’aiguille et du tricot et la pratique d’un instrument de musique au lieu qu’on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l’emprise des « multi-monstres », utiliser toutes les armes d’une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : « votre appareil ne nous intéresse pas », graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l’agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d’agro- écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l’immense solitude des campagnes et l’encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l’arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d’habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c’est refroidir l’atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, « c’est un éternel Treblinka ».

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Revue de presse :

 

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Récit

Le nuage fou

L’Observatoire - 2023

Au XVe siècle, dans le Japon médiéval, Kotaro et Hikojiro, deux intouchables, grandissent avec un seul rêve : intégrer l’escadron des jardiniers du shogun et marcher dans les pas de leur modèle, le grand moine zen, Ikkyu Sojun. Les frasques et provocations de ce moine rebelle marquent l’époque autant que ses prodigieux talents. Tout enfant, il est arraché à sa mère, suit l’enseignement rigide des monastères et connaît enfin l’éveil, lors d’une promenade méditative, lorsqu’il entend le « chant du corbeau ». Suivent trente ans d’errance. Refusant les titres et les honneurs, cet électron libre poursuit son zen à lui, passe du temple au bordel, tombe sur le tard follement amoureux d’une chanteuse aveugle, écrit de sublimes poètes érotiques qu’il jette au vent… À si bonne école, comment les deux parias parviendront-ils à sortir de leur misère ?

 

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Romans

Les abeilles grises

Liana Levi - 2022

Dans un petit village abandonné de la « zone grise », coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte : Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’« apithérapie ». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert…

Traduit du russe (Ukraine) par Paul Lequesne.

 

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Témoignage

Je me souviens de la foulée de Marie-José Pérec (et autres madeleines sportives)

Seuil - 2024

À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, de grandes plumes de la littérature française chaussent les crampons pour raconter leurs souvenirs sportifs. De Pierre Assouline à Maylis de Kerangal, de Jean-Paul Dubois à Maria Larrea, JO ou les souvenirs d’enfance sous l’égide de Pérec.

LE LIVRE
À la manière de Georges Perec, les vingt-huit auteurs réunis dans ce collectif sportif pourraient débuter ainsi chacun de leurs textes : « Je me souviens du visage d’Hassiba Boulmerka lors de sa victoire à Barcelone en 1992 ; je me souviens de la reine du bronze Merlene Ottey, et comment parfois les vaincus sont victorieux ; je me souviens des reportages d’Antoine Blondin pendant les Jeux Olympiques ; je me souviens de l’exploit d’Alain Mimoun ; je me souviens de Christine Caron dit Kiki Caron, l’icône des bassins aux Jeux de Tokyo en 1964 ; je me souviens de Guy Drut et des haies enjambées ; je me souviens de Dick Fosbury, et de son saut révolutionnaire entre lévitation et vitesse ; je me souviens de la naissance au monde du géant Mohamed Ali et sa médaille d’or à Rome en 1960 ; je me souviens des Jeux de 1996 d’Atlanta, dans la ville de Coca-Cola ; je me souviens de la foulée merveilleuse de Marie-José Pérec sur 200 et 400 mètres ; je me souviens du drame de Munich ; je me souviens de la note 10 de Nadia Comaneci ; je me souviens de Hans-Gunnar Liljenwall, le pentathlonien tricheur ; je me souviens de Michael Jordan et la Dream Team de Basket-ball de 1992 ; je me souviens de Mark Spitz et de la nage papillon ; je me souviens, je me souviens, ou le sport refuge des souvenirs d’enfance... »

Un ouvrage coordonné par Benoît Heimermann (auteur et ancien grand reporter à l’Équipe) avec Kaouther Adimi, Nathacha Appanah, Pierre Assouline, Évelyne Bloch-Dano, Geneviève Brisac, Bernard Chambaz, Philippe Claudel, Bernard Comment, Philippe Delerm, François-Henri Désérable, Pierre Ducrozet, Jean-Paul Dubois, Éric Fottorino, Paul Fournel, Thierry Frémaux, Tristan Garcia, Jérôme Garçin, Jean Hatzfeld, Alexis Jenni, Maylis de Kerangal, Luc Lang, Marria Larrea, Lisette Lombé, François-Guillaume Lorrain, Blandine
Rinkel, Colombe Schneck, Larry Tremblay.


 

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Romans

Milwaukee Blues

Sabine Wespieser - 2021

Depuis qu’il a composé le nine one one, le gérant pakistanais de la supérette de Franklin Heights, un quartier au nord de Milwaukee, ne dort plus : ses cauchemars sont habités de visages noirs hurlant « Je ne peux plus respirer ». Jamais il n’aurait dû appeler le numéro d’urgence pour un billet de banque suspect. Mais il est trop tard, et les médias du monde entier ne cessent de lui rappeler la mort effroyable de son client de passage, étouffé par le genou d’un policier.

Le meurtre de George Floyd en mai 2020 a inspiré à Louis-Philippe Dalembert l’écriture de cet ample et bouleversant roman. Mais c’est la vie de son héros, une figure imaginaire prénommée Emmett – comme Emmett Till, un adolescent assassiné par des racistes du Sud en 1955 –, qu’il va mettre en scène, la vie d’un gamin des ghettos noirs que son talent pour le football américain promettait à un riche avenir.

La force de ce livre, c’est de brosser de façon poignante et tendre le portrait d’un homme ordinaire que sa mort terrifiante a sorti du lot. Avec la verve et l’humour qui lui sont coutumiers, l’écrivain nous le rend aimable et familier, tout en affirmant, par la voix de Ma Robinson, l’ex-gardienne de prison devenue pasteure, sa foi dans une humanité meilleure.

 

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Autres

Lettres à Shakespeare

Thierry Marchaisse - 2014

Qu’en est-il aujourd’hui de Shakespeare, de sa place dans l’imaginaire et la création ?

Nous avons demandé aux écrivains qui entretiennent avec son œuvre un fort engagement personnel de fêter ici le 450e anniversaire de sa naissance en s’adressant directement à lui, pour lui exprimer ce qu’ils lui doivent, lui reprochent, lui envient...

Cette correspondance collective, tour à tour jubilatoire, savante, intime, légère, violente, s’ouvre sur l’histoire mouvementée de cette passion française et se clôt par un retour inattendu, où il apparaît que le fantôme du père de Hamlet n’est pas près de cesser de hanter notre temps.

Evénement éditorial du programme Shakespeare 450, en partenariat avec la Société Française Shakespeare.
Auteurs des Lettres : Michèle Audin, Georges Banu, Pierre Bergounioux, Yves Bonnefoy, Hélène Cixous, Jacques Darras, David di Nota, Florence Dupont, Michael Edwards, Robert Ellrodt, Raphaël Enthoven, Jacques Jouet, Michèle Le Dœuff, Alberto Manguel, François Ost, Pierre Pachet.

 

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Poésie

Toujours un mot dans ma poche

Bruno Doucey - 2018

Si le fleuve coule c’est qu’il ne sait pas encore nager. Le cheval noir fume mais ce n’est pas la pipe. Sur le parvis, un homme est couché en chien de fusil le long de sa chienne de vie. Qui a bu aboiera… On l’aura compris, Pef aime jouer avec les mots, mettre à jour leurs incongruités, dévoiler leurs sens cachés, les détourner de l’usage journalier qui finit toujours par ternir leurs couleurs. Tout simplement, les mettre en bouche comme des gourmandises… Toujours un mot dans ma poche : avec ce livre tendre, subtil et jubilatoire, le poète ne se comporte pas seulement en prince des mots tordus, il tord le nez aux idées reçues, cherche à quoi rime le monde dans lequel nous vivons, s’arrime aux nuages qui filent dans le ciel et se demande « comment viennent les idées de poème ». Un bonheur que je suis tout simplement heureux de sortir… de ma poche !

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

L’ange de charbon

Zulma Editions - 2014

Tout commence à Port-au-Prince, par le tonnerre et l’engloutissement, le grand tremblement de gorge de « Monsieur Richter » avalant d’un coup des centaines de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants et d’animaux. Face à ce nouvel esprit vaudou de la mort, M’Badjo Baldini – « nègre errant d’origine italienne » surnommé l’Ange de charbon – parvient à tenir la dragée haute à l’apocalypse, danse macabre où défilent Baron Samedi et Grande Brigitte, tous les saints du calendrier et tous les zombies des cimetières. Mais l’Ange de charbon est aussi une espèce singulière de traité sur le désir, un cantique des cantiques adressé à toutes les amantes sans discrimination, vierges verrouillées, reines, filles de joie, à commencer par Salomé dite Sassa, « si belle qu’elle valait trois Parisiennes ». Cette autobiographie d’un rescapé en tenue de prêtre vaudou, la tête dans les étoiles et le regard insolent, est secouée d’un bout à l’autre d’un grand éclat de rire, ultime réplique du séisme ravageur, ajoutant une dimension à ce chant d’un Maldoror noir qui se demande, après avoir crié « halte-là ! vagabond séisme ! », s’il ne devrait pas mettre sa peau à l’envers.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Les continents sont des radeaux perdus : Tome 4, Un passeport pour la vie

Bruno Doucey - 2024

Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.

« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds

m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd

dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays

ils font de l’inconnu
un étranger. »

 

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Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

DERNIER OUVRAGE

 

Le géographe des brindilles (de J. Lacarrière)

Hozhoni - 2018

Dans ce nouveau et savoureux recueil, l’auteur de L’Eté grec et de Chemin faisant nous emporte par sa qualité d’écriture, son humour, son appétence pour les mots, sa poésie délicate et sa culture singulière. Il nous entraîne dans Une forêt de signes où l’on respire Le parfum des légendes et où l’on écoute avec ravissement La cantate des chemins. L’Ode à mes amis les arbres, L’offertoire des vents ou L’homme qui voulut rencontrer le printemps sont autant d’agréables moments à passer en compagnie de celui qui fut aussi un arpenteur émerveillé des chemins et un attentif écrivain-voyageur nous emmenant avec délectation au pays des arganiers, dans sa Bourgogne ou sa Grèce tant aimée. Féru de botanique et de biologie, l’amoureux des jardins et des "jardineurs" savait errer dans les bois, discourir savamment sur Le privilège de l’abeille, La mémoire des Libellules ou la Sagesse serpentine, esquisser le portrait d’une vache, passer (au microscope !) Un été chez les Infusoires, déceler La mélancolie du géranium, s’inquiéter de La nostalgie de l’anguille ou réclamer Justice pour les Crapauds. La relation de Lacarrière avec la nature est, nous dit Gil Jouanard dans sa belle préface, celle "des nomades du Paléolithique qui habitaient le monde en le nommant"...

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Parti pour Croatan

Somme toute - 2014

Croatan, c’est cette île légendaire où les pirates prétendaient aller, l’endroit où l’on disparaît. De nombreux capitaines de marines royales, croyant les débusquer, se seraient ainsi retrouvés dans des baraquements vides, devant un écriteau « Gone to Croatan ». Il ne fallait pas chercher l’endroit sur une carte, mais comprendre plutôt qu’on ne les retrouverait pas. Michel Vézina a fait de Croatan sa destination préférée et il en a souvent parlé à demi-mot comme d’un vieux secret. Ce livre nous fait enfin visiter les lieux.

L’auteur a été chroniqueur pendant quinze ans. Ses textes mêlaient commentaire politique, critique littéraire, récit de vie, coups de gueule. Aujourd’hui, Vézina se permet de ne plus jouer le jeu médiatique, il prend le temps, remplace les chroniques par le carnet, en format livre plutôt qu’en blogue. Et c’est tout son rapport à la culture, à la société, qui change. Car partir pour Croatan, ce n’est pas que fuir, c’est résister, espérer. Les textes qui composent ce livre sont ainsi plus libres, à la fois plus éclatés et plus exigeants. Ils recherchent beauté et humanité en dehors des normes ; ils racontent, avec ce mélange d’amour et de colère, la vie au fond des bois et la démarche d’écriture comme des voyages en diagonale.

Une lecture pour poètes-écolos wanna be pirates.

 

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Romans

Indomptables

Emmanuelle Collas - 2024

« La défaite n’est pas une option. »

Un boxeur, champion du monde poids lourds, né dans les immensités de l’ex URSS, se bat pour son pays, l’Ukraine. Une petite Népalaise des contreforts de l’Himalaya, devenue enfant soldat, accède au sommet des courses d’endurance et remporte le Marathon du Mont-Blanc. Une femme se terre, comme tant d’autres habitants, dans un abri antiaérien aux abords de Marioupol, pour échapper aux frappes russes...

Trois personnages en quête de liberté, trois indomptables dont les chemins se croisent, inéluctablement, dans une furieuse envie de vivre.

Comment échapper à la vie que les autres, l’Histoire, les guerres ou l’idéologie, ont tracé pour nous ? Sous la plume de Bruno Doucey, romancier, poète et éditeur de poètes, l’esprit de résistance ne cède pas un pouce de terrain à la raison du plus fort. Avec Indomptables, l’écrivain nous offre un sublime roman sur l’effort, le dépassement de soi et la puissance de nos imaginaires.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

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Romans

Delta Blues

Grasset - 2021

Printemps 1932, dans le delta du Mississippi. Une chaleur suffocante écrase la campagne et menace les récoltes. Un assassin sans visage frappe la nuit, et une injustice sans nom règne le jour. Des croix brûlent sous la lune, les cavaliers fantômes du Ku Klux Klan font régner la terreur et le Mississippi prend les couleurs de l’enfer. Au milieu du désastre, deux amants : Betty et Steve. Ils sont jeunes, Noirs et pauvres, mais persuadés que leur amour les sauvera...
Vaste fresque historique et musicale, aux accents faulknériens, Delta Blues déploie une galerie de personnages : Noirs, Blancs, Indiens et métis, planteurs et bluesmen errants, prêcheurs, sorcières, politiciens véreux, bagnards, trafiquants d’alcool et Legba, le dieu vaudou, « Maître des carrefours » qui, tel un détective d’outre-monde, veille sur le destin de chacun.

Au fil des pages, un monde renaît : le Delta, la terre où naquit le blues, où des femmes et des hommes opprimés trouvèrent les voix qui firent écho à leur humanité.

Inspiré par le réalisme magique, écrit dans une langue vibrante et poétique, Delta Blues est un chant universel, bouleversant.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Elle va nue, la liberté

Bruno Doucey - 2013

Maram al-Masri est l’exilée d’un pays-blessure qui saigne en elle. Petite mère d’orphelins. Funambule toujours sur le fil entre tristesse et espérance. Je l’ai vue se vêtir du drapeau de son pays, incarnant la Syrie martyrisée ; glisser son portable sous son oreiller, ne plus respirer, ensevelie sous ses morts. Depuis que la révolution syrienne a éclaté, Maram guette chaque jour les vidéos sur Facebook ou YouTube. Ainsi sont nés les poèmes de ce recueil. Ils ne cherchent pas à apprivoiser les images de l’horreur, ils nous les donnent à voir. Là, une mère porte en terre son enfant. Ici, un enfant figé près du cadavre de ses parents. Et ces caisses de bois nu qui dansent, dansent… La journaliste que je suis s’incline devant cette incomparable puissance d’évocation. Ce carnet intime d’une douleur n’a pas fini de nous hanter.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Théâtre

Bye Bye Gillo

Elyzad - 2013

Al Jilali, alias Gillo, est sur le point d’être expulsé de Belgique vers son Maroc natal. Jeté dans un avion, sous l’escorte de deux "anges gardiens" en képi, il a tout juste le temps de nous livrer le récit de sa vie. Sur un ton mêlant légèreté et gravité, il évoque les tractions sordides qui l’on conduit en Europe, l’exploitation par sa propre famille, sa vie de sans-papiers, toute la joyeuse énergie avec laquelle il fait contre mauvaise fortune bon coeur, même quand il rencontre l’amour, un amour contrecarré par sa condition. Au terme des épreuves qu’il a traversées, ce retour sur soi permet d’affronter l’instant fatal en homme lucide et libre.
Par ce monologue théâtral, Taha Adnan donne voix à tous ceux que l’on n’entend jamais, les immigrés clandestins, et livre un témoignage brûlant, qu’il est urgent de considérer.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Les solitudes se ressemblent

Rouergue - 2014

Réfugiée dans une chambre d’hôtel, une femme d’une cinquantaine d’années se remémore son enfance, passée dans le camp de harkis de Saint-Maurice l’Ardoise, dans le Gard. Les hôtels, elle connaît pour y travailler comme femme de ménage ainsi que pour des rencontres furtives avec son amant, un homme marié qui, cette fois-ci, ne viendra pas.
A sa naissance, sa famille vivait depuis trois ans déjà dans un baraquement sans confort, au bout d’une route étroite traversant les vignes. Ces soldats d’origine algérienne, leurs femmes et leurs enfants, avaient réussi à fuir l’Algérie lors de l’Indépendance, condamnés qu’ils étaient pour avoir rejoint le camp français.
Dans ce camp de Saint-Maurice l’Ardoise, la petite fille a mis longtemps à comprendre quel sort particulier leur était réservé. Les miradors et les barbelés, l’autorité quasi militaire d’un chef de camp qui gérait toute relation avec l’extérieur, le prénom français qu’on imposait à chaque enfant à l’école du camp, les mères recluses et les pères sans travail. Quelle faute, quelles exactions avaient donc commis leurs pères pour qu’ils soient tous soumis à une telle relégation ? Les incasables, on les appelait. Il fallut la révolte violente des jeunes générations au milieu des années 70 pour que les autorités ferment ces camps.
Poursuivant son travail de mémorialiste sur les populations maghrébines en France, Ahmed Kalouaz nous offre le portrait romancé d’une femme doublement stigmatisée, fille de traître et d’Arabe qui, comme tous ceux de sa génération, a eu tant de mal à trouver sa place dans la société française.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit

Adieu mon tortionnaire

Le Temps des Cerises - 2014

Adieu mon tortionnaire est une invitation au voyage au sein du territoire intime de l’exil. Salah Al Hamdani accompagne le lecteur entre le passé et le présent, dans les quartiers de sa jeunesse, à Bagdad comme à Paris, entre l’espoir et la douleur, à travers les frontières poreuses de l’imaginaire et de la réalité. Opposant à la dictature de Saddam Hussein, le poète interroge la possibilité du retour et le sens de cet exil qui se prolonge, dès lors qu’est tombé le tyran.
L’adieu au tortionnaire ne serait-il qu’un arrachement de plus ?

Salah Al Hamdani est né à Bagdad en 1951. Ouvrier dès l’enfance, il s’engage à dix-sept ans, pour gagner sa vie, dans l’armée irakienne. Très tôt révolté contre les persécutions du peuple Kurde par les militaires du parti Baas, il se retrouve en prison politique où il subit la torture. Ces mois de captivité marqueront le début de son écriture poétique et sa découverte de l’engagement politique. A sa sortie de prison, bouleversé par les écrits d’Albert Camus, il choisit la France comme terre d’exil.
Homme de théâtre, poète, romancier, il est aujourd’hui l’auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages (roman, poésies, nouvelles et récits) écrits et publiés pour la plupart en français. Après Le cimetière des oiseaux (2003) et Le retour à Bagdad (2006), Adieu mon tortionnaire est son troisième recueil de récits traduit en français.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Le ciel se penche sur nous

La Passe du vent - 2019

Dans son recueil Le ciel se penche sur nous, Shu Cai mêle les sources d’inspiration traditionnelle de la poésie chinoise aux accents et aux rythmes les plus contemporains. Une poésie vivante et sonore.

Extrait : En lisant le Beijing Times du 31 mars

À la une
l’armée américaine a déclaré la guerre à l’Iraq
un missile monte jusqu’au ciel en sifflant

je tourne la page
un raid aérien a préfacé l’offensive américaine
la carte de l’Iraq ressemble à un voyou à la tête rasé

je tourne
un hélicoptère américain s’est écrasé au sud du pays
aucune chance de revoir les seize soldats vivants

je tourne
Saddam appelle le peuple à lutter contre les Yankees
Je ne suis pas mort
Tirez vos épées
clame t-il à la cantonade

[…]

Dans cette collection, tous les recueils ont la particularité d’être suivis d’un entretien en fin d’ouvrage entre l’auteur(e) et Thierry Renard, responsable littéraire des Éditions La passe du vent.