Après-midi

Chine, le défi du réel

28 mai 2014.

DIM. 14H-19H, VAUBAN 1

 

La Chine d’aujourd’hui déclare Murong Xuecun, l’auteur de Dans la poussière
rouge, est un « paradis pour les romanciers » – entendez, bien sûr
également, un enfer, où règne la corruption, la perte des âmes, la cruauté
sociale portée à son extrême, où des fauves cyniques s’entre-déchirent.
Qiu Xiaolong, interdit de séjour, traque sans relâche par le biais de son
inspecteur Chen, les soubresauts de la société chinoise, Chan Koonchung,
lui, imagine en une « contre-utopie » un « empire communiste chinois 2.0 »
régnant en maître sur toute l’Asie, une Chine nageant dans un bonheur
matérialiste parfait, et parfaitement béat – après avoir été privée de mémoire.
La mémoire effacée : c’est aussi le thème que creuse Xu Xing, figure
de l’underground pékinois, dans ses romans et nouvelles, comme dans
son superbe film Ma révolution culturelle. Un paradis pour romanciers,
démontre à sa manière le subtil Li Er : un sandwich où se superposent
sociétés prémodernes, modernes et postmodernes, et où chaque auteur se
retrouve confronté à un pouvoir que Murong Xuecun n’hésite pas à décrire
comme « une créature vaniteuse, tyrannique, arrogante […] monstre en phase
terminale […] froid, idiot, mais extrêmement sensible. »

Condamnée à être servante de la politique jusqu’au point d’être exterminée
par elle, la littérature chinoise aura connu une évolution fulgurante depuis
la mort de Mao Tse Toung – aussi fulgurante que l’évolution de la société.
Ouverture au monde, inventions formelles, souci du réel, romans noirs,
écritures féminines : un tourbillon. Avec le challenge de relever le défi du
réel, malgré la censure, de dire le monde, dans sa démesure, sa cruauté,
d’en inventer les mots, les rythmes, de donner un visage à cet inconnu qui
s’annonce : « Je suis un criminel des mots » déclare Murong Xuecun. Une
rencontre « Littérature chinoise nouvelles vagues : le défi du réel »

Avec Li Er, Xu Xing, Chan Koonchung, Xuecun Murong, Chen Zhi-Heng, précédée à
14h30 par la projection de People moutain, People sea, et suivie de la projection de A touch of sin.

 

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Romans

Et tout ce qui reste est pour toi

L’Olivier - 2003

" Je n’avais plus envie de bouger depuis que j’avais traversé la moitié de la Chine à vélo. Comme si j’avais compris qu’il nous reste peu de choses en ce bas monde, et que même ce reste-là n’est pas forcément pour nous. Pékin. Le narrateur est sommé par le comité de quartier de surveiller l’entrée de l’immeuble. Installé sur un petit banc il préfère regarder passer les filles : l’antenne de télévision est volée sous son nez. Il la retrouve quelques jours plus tard sous le bras d’une vague connaissance avec qui il sympathise et qu’il suit dans le milieu marginal des " artistes " pékinois. Jusqu’à ce que tous ces peintres, acteurs et " intellectuels " provoquent chez lui un peu de dégoût et beaucoup d’ennui. Il est temps de changer d’air.
Séjour au Tibet. Le narrateur regagne sa ville natale. Nous sommes en 1989, au lendemain du Quatre Juin, l’atmosphère est sinistre, ce qui le pousse à rejoindre son ami Xi Yong en Allemagne. Après deux mois d’usine et de brötchen - la nourriture préférée de Xi Yong, tombé amoureux de la boulangère -, il décide de réaliser son rêve : un voyage en Europe. À Berlin, après une soirée passée avec un groupe de punks, il entonne L’Internationale et se fait remarquer par la police qui lui conseille d’aller plutôt voir de l’autre côté... La voix du narrateur nous est proche, mais le croire sur parole serait la pire des erreurs. Ironique, oisif, et pourvu d’un sens aigu du grotesque, il est, avant tout, un écrivain.

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Romans

Le Jeu du plus fin

Philippe Picquier - 2014

Tour de force éditorial et véritable exploit littéraire, Le Jeu du plus fin est un des romans les plus brillants et intrigants de ces dernières années en Chine.
La descendante d’un héros révolutionnaire tente de retracer son histoire et d’éclaircir le mystère entourant sa mort, à travers les témoignages de trois de ses compagnons de route, étayés, complétés ou contredits par une collection d’articles, interviews, confessions, lettres et archives émanant de ceux qui l’ont côtoyé aux diverses époques de sa vie.
Ce roman construit de façon très originale, comme une archéologie du savoir qui tenterait de faire surgir la vérité d’un homme, se lit d’abord comme un passionnant roman d’aventures où se croisent, se trahissent et s’entretuent agents secrets et agents doubles, en un ballet picaresque et virevoltant qui est aussi une relecture sans illusions et sans scrupules des années révolutionnaires.
La vision de l’Histoire telle que la restitue le romancier Li Er est tragique mais en aucun cas héroïque. Il y a du théâtre dans cette recherche impossible de la vérité historique, et le rôle qu’y jouent les hommes est plein de truculence, d’ironie et de dérision.

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Romans

Danse dans la poussière rouge

Gallimard - 2013

Danse dans la poussière rouge relate la descente aux enfers d’un avocat prêt à tout pour faire fortune. Parue en 2008, cette fable sur la corruption des milieux judiciaires dépeint la vie de Wei Da, fils de paysan devenu juriste en soudoyant collègues et supérieurs. La poussière rouge, c’est notre monde ici-bas, un monde peu reluisant dans lequel le jeune héros, né pendant la Révolution culturelle, navigue avec habileté et sans état d’âme, mais avec une grande lucidité. Pour lui, les sentiments n’existent pas ; l’égoïsme et l’intérêt gouvernent le monde, et le mensonge est partout. Il s’honore d’être une parfaite crapule qui ne recule devant aucune magouille ni aucun coup fourré pour s’enrichir ou satisfaire ses vengeances. Trafic d’influence, détournement de fonds, blanchiment d’argent, prostitution font son quotidien. Il ira même jusqu’à tenter de faire tuer une petite amie devenue gênante ou de faire arrêter pour proxénétisme l’ancien amant de sa femme. Il porte sur toute chose un regard cynique : amitié, amour, tout n’est que commerce. Son épouse, sa maîtresse, sa secrétaire, pas une qui n’en veuille à son argent. Dans cette désespérance absolue, ni salut ni rédemption. Seule une lueur d’humanité semble éclairer la fin du roman. Incarcéré, condamné à mort, Wei Da découvre l’amour au moment d’être exécuté.


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Romans

Les Années fastes

Grasset - 2012

Pékin, 2013. La Chine vit son heure de gloire, alors que le monde n’a pas réussi à se relever de la crise économique. Fort et prospère, le pays semble flotter dans un équilibre harmonieux, les gens se sentent libres, capables de réaliser leurs rêves, si tant est qu’ils ne franchissent pas certains interdits.
L’écrivain Lao Chen, habitant satisfait dans la torpeur de Pékin, a grandi entre Taïwan et Hong-Kong. Un jour, il rencontre quelques amis de longue date, qui lui font entrevoir une tout autre réalité : Fang Caodi lui répète, inquiet, qu’un mois entier a disparu, Xiao Xi, anxieuse, change sans cesse d’adresse élec-tronique, convaincue d’être surveillée par les autorités. Et la population entière semble frappée d’amnésie collective…
Lao Chen va bientôt être emporté malgré lui par la vague des quelques contestataires, et peu à peu, il va découvrir, derrière le masque de perfection, le vrai visage de la Chine : une face cachée derrière des illusions aveuglantes…


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