Jean-Marie Gustave Le Clézio - Entre les mondes

François Caillat et Antoine de Gaudemar (The Factory productions, INA/2008/52’)

16 mai 2014.
 

Jean-Marie Gustave Le Clézio passe sa vie à sillonner le monde. Ses livres sont comme des traces qu’il laisse de lui-même, de la littérature et de la planète.

Composé de voyages, d’entretiens et d’évocations, ce film, tourné en Corée du Sud, au Mexique et en Bretagne, entremêle paysages, villes, nature et mots - ceux d’un grand écrivain qui, parcourant le monde depuis un demi-siècle, « voyage en littérature », dénonçant une planète blessée, des peuples déshumanisés et bientôt disparus. Cette oeuvre, marquée par la rupture et l’aventure poétique, a valu à Le Clézio le prix Nobel de littérature 2008.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Chanson bretonne

Gallimard - 2020

Ce livre évoque des souvenirs de séjours réguliers que Le Clézio a passés dans la ville de Sainte Marine, à l’embouchure du fleuve Odet, dans le Finistère, lors de son enfance entre 1948 et 1954. Bien que l’auteur se défende de respecter une chronologie, le texte poursuit néanmoins l’ordre de la mémoire, allant de l’enfance vers la maturité. Le lieu de Sainte Marine est placé sous le signe de la mère. La Bretagne, et particulièrement le pays bigouden, que Simone Le Clézio aimait par dessus tout, ce pays où elle a reçu la demande en mariage de son père, ou elle a accouché de son frère et où elle est revenue se réfugier trois mois après la naissance de l’auteur à Nice, à cause de la seconde guerre mondiale. Au fil des chapitres, qui sont présentés comme des « chansons », le narrateur fait revivre une époque où Sainte Marine n’avait pas encore été arraisonnée par les boutiques, les carrefours giratoires, ni les bistrots en tout genre… À travers ces « chansons », l’auteur propose un vrai récit sur son enfance en Bretagne, qui s’enrichit également d’une réflexion plus large sur les changements de la géographie bretonne. Malgré son dépit face à ces bouleversements, Le Clézio ne cultive pas le goût de la nostalgie, car pour l’auteur « la nostalgie n’est pas un sentiment honorable ». Son intention est plutôt de rendre compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d’une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale, qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes de nuit à Sainte Marine ou la beauté simple d’un verger en fleur – autant une ode à la campagne éternelle que la réminiscence de souvenirs intimes.