LAROUI Fouad

Maroc

20 mars 2015.
 

Je m’inspire de ce que je vois autour de moi. Le monde est cocasse, absurde, émouvant, révoltant, beau et laid... Il suffit de regarder. Il y a des histoires partout, tout le temps...

© Hannah

Portraitiste de la société marocaine sur laquelle il pose un regard à la fois satirique et tendre, Fouad Laroui compte parmi les plus importants écrivains marocains contemporains d’expression française. Révélé en 1996 avec Les Dents du Topographe, succès critique et public pour lequel il reçoit le prix Découverte Albert-Camus, il met en lumière, usant d’un humour grinçant, les absurdités et les injustices qu’il observe dans son environnement : « J’écris pour dénoncer des situations qui me choquent. Pour dénicher la bêtise sous toutes ses formes. La méchanceté, la cruauté, le fanatisme, la sottise me révulsent ».

L’auteur, né en 1958 à Oujda, a suivi une formation d’ingénieur à Paris avant d’entamer sa carrière comme responsable dans une usine de phosphates, au Maroc. Mais à 30 ans, il réalise que « cette vie toute tracée n’était pas la [s]ienne » et décide de tout abandonner pour aller vivre en Europe et se consacrer à l’écriture. Il vit aujourd’hui aux Pays-Bas et enseigne la littérature à l’université d’Amsterdam. Marocain de naissance, Fouad LAROUI est ingénieur et économiste de formation. Il est aussi poète de langue néerlandaise, éditorialiste et critique littéraire.

Avec son premier roman, Fouad Laroui entamait une trilogie centrée sur trois valeurs qu’il considère « malmenées ou mal comprises dans nos pays du Maghreb, et peut-être aussi ailleurs en Afrique et dans les pays arabes » : Les dents du topographe évoque l’identité, tandis que De quel amour blessé (1998) s’intéresse à la tolérance ; Méfiez-vous des parachutistes (1999), enfin, parle du respect de l’individu. Autant de sujets sérieux, souvent pris sous l’angle de la dérision. Brouillant les pistes entre autobiographie et fiction, il confère à ses récits une force rare : « Je suis cet enfant qui pense que le monde de la fiction romanesque est plus réel que le monde réel. »
Il compose par ailleurs des poèmes en néerlandais et publie notamment le recueil Verbannen woorden en 2002 ; un ouvrage qu’il juge « trop intime » pour être traduit en français.

Sous le titre énigmatique de son recueil – L’Étrange affaire du pantalon de Dassoukine, prix Goncourt de nouvelles 2013 – se cachent neuf anecdotes imaginées par l’auteur ; neuf histoires de Marocains de tout âge, sexe et origine sociale, dans leur pays ou à l’étranger, dont le point commun est de traverser une crise identitaire. Dans le style décalé qui est le sien, Fouad Laroui met en scène des personnages dans des situations cocasses ou burlesques, et amène le lecteur à réfléchir sur le regard de l’autre et les stéréotypes culturels qui pèsent sur nos relations.

Il poursuit dans la même veine avec son dernier roman Les tribulations du dernier Sijilmassi. Un businessman quadragénaire vit une sorte d’épiphanie dans l’avion en revenant d’Asie et décide de quitter la frénésie du monde capitaliste. Il essaie de se replonger dans la culture de son pays, le Maroc. À peine arrivé, il est pris entre l’Etat et une secte islamiste cherchant à le manipuler à cause la nototriété de son nom de famille Sijilmassi. Cette intrigue lui permet d’ébaucher une analyse de l’Islam, l’islamisme, le fanatisme, et la religion afin de proposer quelques pistes de réflexions pour dégager un point de vue plus apaisé et humaniste.


Bibliographie :

Nouvelles

Romans

Essais

Jeunesse

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Les tribulations du dernier Sijilmassi

Julliard - 2014

Adam Sijilmassi revenait d’Asie ou il avait négocié brillamment la vente de produits chimiques marocains. Alors qu’il survolait la mer d’Andaman, il se posa soudain une question dérangeante : « Que fais-je ici ? » Pourquoi était-il transporté dans les airs, à des vitesses hallucinantes, alors que son père et son grand-père, qui avaient passé leur vie dans les plaines des Doukkala, n’avaient jamais dépassé la vitesse d’un cheval au galop ? Ce fut une illumination. Il décida de renoncer à cette vie qui ne lui ressemblait pas, se résolut à ne plus jamais mettre les pieds dans un avion et à changer totalement de mode de vie. Funeste décision !
Arrivé à l’aéroport de Casablanca, il entreprit de rejoindre la ville à pied, ce qui lui valut de rentrer chez lui encadré par deux gendarmes. Dès que sa femme comprit ce qu’il voulait faire, elle retourna vivre chez sa mère, en emportant le chat. À peine avait-il donné sa démission que son employeur le mettait à la porte de son appartement de fonction. Qu’importe, il ne céderait pas. Il se débarrasserait de cette défroque d’ingénieur, nourri au lait du lycée français de Casablanca. Il viderait sa tête de tout ce fatras de fragments de littérature française qui lui compliquait la vie. Il redeviendrait le Marocain authentique qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Il partit (à pied...) vers son village natal. Fatale décision ! Certes, il redécouvrit la bibliothèque de son grand-père et dévora la littérature et la philosophie qu’avaient produites quelques génies au temps béni de l’Andalousie arabe. Mais, dans son village, personne ne comprenait pourquoi un ingénieur de Casablanca venait s’enfermer dans la maison délabrée de sa famille. Était-il un fou ? Ou un perturbateur ? Un prophète ? Fallait-il l’abattre ou le vénérer ?
Dans son style inimitable, Fouad Laroui nous entraîne à la suite de son héros dans une aventure échevelée et picaresque ou se dessine en arrière-plan une des grandes interrogations de notre temps : qui saura détruire le mur que des forces obscures sont en train d’ériger entre l’Orient et l’Occident ?