JERUSALMY Raphaël

16 février 2018.

Ancien espion devenu libraire de livres anciens à Tel Aviv, le romancier Raphaël Jerusalmy prend un malin plaisir à essayer de faire basculer le cours de l’Histoire dans ses romans, derniers remparts contre toute forme d’assouvissement. Il signe aujourd’hui La rose de Saragosse, un roman palpitant dans lequel il revient sur la persécution des Juifs d’Espagne par l’Inquisition au XVe siècle. Un roman humaniste au rythme de polar, qui emprunte les chemins du passé pour « ouvrir des pistes de réflexions parfaitement actuelles » (L’Humanité) sur la puissance politique de l’art face à l’intolérance.

 

Ancien espion devenu libraire de livres anciens à Tel Aviv, le romancier Raphaël Jerusalmy prend un malin plaisir à essayer de faire basculer le cours de l’Histoire dans ses romans, derniers remparts contre toute forme d’assouvissement. L’auteur, tout aussi romanesque que ses personnages, a un cursus peu banal. Ancien élève de l’École normale supérieure (pour faire plaisir à ses parents), sorbonnard fréquentant le milieu punk de l’époque, il entre dans l’armée israélienne et devient très vite agent de Tsahal où il passera quinze ans de sa vie avant de prendre sa retraite et de s’engager dans l’humanitaire et l’éducatif.

Il publie un premier roman très remarqué en 2012 pour lequel il a reçu le prix Emmanuel Roblès 2013, qui récompense, sur la base du prix Goncourt, un auteur de premier roman. Sauver Mozart est un petit livre bref écrit sous la forme d’un journal. Dans ce concerto à une voix, Otto Steiner, le héros, est un tuberculeux mélomane juif qui, au fil des jours, voit le monde du dehors s’écrouler : l’invasion de la Pologne, la mort de Freud, les rafles, les déportations... Au lieu de se laisser mourir dans le sanatorium où il est soigné, il choisit de rentrer en résistance en attendant le prochain festival de Salzbourg, qu’un ancien ami lui demande d’aider à préparer, la programmation devant être revue pour ne pas déplaire aux critères nazis.

Dans son second roman, La Confrérie des chasseurs de livres, Raphaël Jerusalmy ressuscite une figure historique en imaginant la fin de la vie du frondeur François Villon, poète français du 15e siècle. Mandaté par le roi Louis XI, ce dernier s’embarque dans une aventure politique et littéraire palpitante : Villon se rend en Palestine pour se procurer des ouvrages interdits par Rome, et découvre une confrérie de chasseurs de livres qui veillent sur des ouvrages anciens. Il entre alors, flanqué de son fidèle acolyte Colin, dans un vaste jeu d’alliances et de complots pour faire triompher l’humanisme et la liberté. Un formidable thriller littéraire, où les épisodes se succèdent au rythme de révélations étonnantes et de rebondissements multiples.

En 2016, il sort Les obus jouaient à pigeon vole (Bruno Doucey), un récit biographique sur les derniers jours d’Appolinaire dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Un récit attachant entre poésie et engagement politique.

Évacuation sort chez Actes Sud en 2017. La scène se passe à Tel-Aviv, ville ravagée par le conflit armé, bombardée et désertée en catastrophe par ses habitants. Trois personnages y restent pourtant, faisant des ruines urbaines leur terrain de jeu et le lecteur fait l’expérience avec eux de la sur-vie en milieu hostile. Un roman intense et plein de poésie.

Il signe aujourd’hui La rose de Saragosse, un roman palpitant dans lequel il revient sur la persécution des Juifs d’Espagne par l’Inquisition au XVe siècle. Angel de la Cruz, un espion chasseur de prime brutal employé par l’inquisiteur Torquemada, et Léa de Montessa, noble juive convertie élevée dans l’amour du beau et des livres, se rencontrent autour de la gravure, art de l’indépendance qui défie l’intolérance religieuse. Un roman humaniste au rythme de polar, qui emprunte les chemins du passé pour « ouvrir des pistes de réflexions parfaitement actuelles » (L’Humanité) sur la puissance politique de l’art face à l’intolérance.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La Rose de Saragosse

Actes Sud - 2018

La rose de Saragosse s’ouvre sur un crime et se clôt sur une envolée. C’est un roman d’élans rapides et de gestes vifs, une histoire en mouvements qui raconte la rébellion au cœur de l’Inquisition espagnole - et au cœur de cette rébellion, une rivalité artistique qui ne dit pas son nom. L’élaboration d’un langage. Une danse de séduction codée. Le timide frôlement de deux solitudes sauvages. Et comme toujours avec Jérusalmy, la conquête de la liberté.
Saragosse, 1485. Tandis que Torquemada tente d’asseoir sa terreur, un homme aux manières frustes pénètre le milieu des conversos qui bruisse l’urgence de fuir. Plus encore que l’argent qui lui brûle les doigts, cette brute aux ongles sales et aux appétits de brigand aime les images et les visages.
Il s’appelle Angel de la Cruz, il marche vite et ses trajectoires sont faites d’embardées brutales. Où qu’il aille, un effrayant chien errant le suit. Il est un familier : un indic à la solde du plus offrant, une sorte d’espion, de balance professionnelle. Mais un artiste, aussi.
La toute jeune Léa est la fille du nobre Ménassé de Montessa, riche seigneur converti. Orpheline de mère, élevée dans l’amour du beau, des livres et de l’art, elle est le raffinement et l’espièglerie. L’esprit d’indépendance.
Dans la nuit que l’Inquisition fait tomber sur l’Espagne, Raphaël Jerusalmy déploie le ténébreux ballet qui s’improvise et se joue entre ces deux-là, dans un décor à double-fond, au cœur d’une humanité en émoi où chacun joue sa peau, où chacun porte un secret.

Alliant le souffle de La confrérie des chasseurs de livres et l’acuité de Sauver Mozart, le nouveau roman de Raphaël Jerusalmy exalte la puissance d’évocation et l’économie de moyens d’un langage unique, un art de l’esquisse : la gravure. La rose de Saragosse est un roman vif et dense, où le mystère, la séduction et l’aventure exaltent la conquête de la liberté.


Revue de presse