KALOUAZ Ahmed

France

26 mars 2014.
 

Écrivain algérien pour le moins prolifique - auteur d’une trentaine d’ouvrages depuis la fin des années 80 entre pièces de théâtre, romans, récits, nouvelles et livres de jeunesse - Ahmed Kalouaz a la plume généreuse, et toute son œuvre révèle un humaniste qui n’a de cesse d’aller vers l’autre. Quand il n’écrit pas, il intervient dans des ateliers de lecture et d’écriture, en école, en prison ou encore en maison de retraite.

Né à Arzew en 1952, il quitte l’Algérie avec sa famille quelques mois plus tard pour s’installer en France. L’immigration, la mémoire et le déracinement sont par la suite devenus des thèmes phares de ses œuvres ; il raconte notamment l’histoire de sa famille et les blessures que laissent un départ dans une "trilogie familiale" parue aux éditions du Rouergue. Dans Avec tes mains (2009), le premier volet, il raconte l’histoire de son père décédé quinze ans plus tôt, sous la forme d’un dialogue qui n’eut jamais lieu. Deux ans plus tard, c’est à sa mère qu’il consacre le deuxième volet, intitulé Une étoile aux cheveux noirs. Enfin, dans À l’ombre du jasmin (2012), il s’adresse à une sœur qu’il n’a jamais connu, Mimouna, morte trois mois avant sa naissance.

Depuis quelques années, Ahmed Kalouaz s’intéresse en particulier à la littérature de jeunesse et publie, en grande partie aux éditions du Rouergue, plusieurs ouvrages par an. Avec le souci de ne pas infantiliser son public : "(...) oui, j’écris des phrases longues pour des enfants ! Je n’écris pas au rabais, et je n’ai jamais enlevé des mots soutenus pour faire plaisir aux éditeurs. Si je ne le fais pas, qui va les utiliser ?"


Bibliographie :

Théâtre

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Les solitudes se ressemblent

Rouergue - 2014

Réfugiée dans une chambre d’hôtel, une femme d’une cinquantaine d’années se remémore son enfance, passée dans le camp de harkis de Saint-Maurice l’Ardoise, dans le Gard. Les hôtels, elle connaît pour y travailler comme femme de ménage ainsi que pour des rencontres furtives avec son amant, un homme marié qui, cette fois-ci, ne viendra pas.
A sa naissance, sa famille vivait depuis trois ans déjà dans un baraquement sans confort, au bout d’une route étroite traversant les vignes. Ces soldats d’origine algérienne, leurs femmes et leurs enfants, avaient réussi à fuir l’Algérie lors de l’Indépendance, condamnés qu’ils étaient pour avoir rejoint le camp français.
Dans ce camp de Saint-Maurice l’Ardoise, la petite fille a mis longtemps à comprendre quel sort particulier leur était réservé. Les miradors et les barbelés, l’autorité quasi militaire d’un chef de camp qui gérait toute relation avec l’extérieur, le prénom français qu’on imposait à chaque enfant à l’école du camp, les mères recluses et les pères sans travail. Quelle faute, quelles exactions avaient donc commis leurs pères pour qu’ils soient tous soumis à une telle relégation ? Les incasables, on les appelait. Il fallut la révolte violente des jeunes générations au milieu des années 70 pour que les autorités ferment ces camps.
Poursuivant son travail de mémorialiste sur les populations maghrébines en France, Ahmed Kalouaz nous offre le portrait romancé d’une femme doublement stigmatisée, fille de traître et d’Arabe qui, comme tous ceux de sa génération, a eu tant de mal à trouver sa place dans la société française.