"Salaam London"

Collection Etonnants Voyageurs

14 septembre 2010.
 
Salaam London

Tarquin Hall rentre en Angleterre après dix années de journalisme en Afrique, Amérique, Asie, Moyen Orient, dont trois en Inde comme reporter pour l’Associated Presss. Sans grandes ressources, il perd vite ses illusions d’une vie tranquille dans l’ouest de Londres, les quartiers chics de son enfance. “Mon pauvre ami !” s’écrie un agent immobilier : “mais avec votre budget vous n’y loueriez pas une boîte à chaussures !”
Et c’est ainsi, qu’il va se retrouver dans les pires bas-fonds de Londres, là même où Jack London écrivit le “Peuple de l’abîme” là aussi où son père lui avait interdit, enfant, de mettre les pieds : l’East End...
Lui qui était rentré en Angleterre parce qu’à force de courir le monde, et vivre dans d’autres cultures que la sienne, il avait ressenti le besoin de retrouver ses racines ! Le pauvre, en fait de “vraie” Angleterre, va être servi. Rien n’a changé à Brick Lane, depuis Jack London, et même, probablement depuis William Shakespeare qui y vécut : crime, drogue, prostitution, misère. Ici, depuis des siècles se sont pressés les malheureux qui débarquaient sur les docks crasseux, huguenots français, Irlandais chassés de leur île par la famine, anarchistes, déclassés de toute sorte, juifs fuyant par milliers les pogroms du XIXème siècle, et maintenant réfugiés du Bengladesh, Afghans, Irakiens, Kurdes, Indiens, Somalis, Kosovars - le monde entier, en somme...
Il fera face. Avec son expérience de globe-trotter, et une solide dose d’humour, mais aussi de tendresse. Ce qui nous vaut un récit savoureux, passsionnant, oscillant sans cesse entre tragique et comique, des scènes mémorables, et une épatante galerie de portraits. Mr Ali “ the ultimate cockney muslim” le genre de propriétaire qui revient avec un parapluie quand on lui fait remarquer que la salle de bains n’a plus de toit, Sadie Cohen, la vieille dame juive gardant le souvenir de tous les siens rescapés des pogroms, son voisin Kosovar avec lequel il partage à Noël une oie dérobée dans un parc voisin, les maris bengladis enfermant leurs femmes à double tour - en fait tous emprisonnés chacun à leur manière, par leur peur du monde extérieur. La misère mais aussi la gaité, la solidarité, les couleurs, les odeurs, les marchés grouillant de vie où l’on peut acheter des mangues pour moins chers qu’en Inde.
Et se produit peu à peu le miracle - de comprendre qu’il est bel et bien en Angleterre, dans ce tohu-bohu bigarré, que la plupart des habitants de Brick Lane partiront peu à peu vers les autres quartiers, devenus anglais à leur manière, comme des centaines de milliers d’autres avant eux le firent au fil des siècles...